Nécrologie

Décédé le 26 mai, le président de la Cour constitutionnelle, Aboudou Assouma inhumé

Le portrait de l'illustre disparu, Assouma
Décédé le 26 mai, le président de la Cour constitutionnelle, Aboudou Assouma inhumé

La nation togolaise, dans sa grande diversité, a rendu, le 5 Juin 2023, les ultimes hommages à feu Aboudou Assouma, président de la Cour Constitutionnelle décédé, le 26 mai 2023. Cette cérémonie officielle d’hommages pleine d’émotion a été personnellement présidée par le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, qui avait à ses côtés le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tsègan, des membres du gouvernement et un aéropage de personnalités civiles, militaires et traditionnelles. Aucun témoignage n’a, en effet, été de trop, pour vanter les qualités de l’illustre disparu qui charriait douceur, loyauté, intégrité et humanisme. Que ce soit le gouvernement, la Cour Constitutionnelle, l’Association Africaine des hautes Juridictions francophones ou la famille, l’unanimité était bien partagée : Aboudou Assouma était un modèle, un grand magistrat pétri de compétences avérées.

L’observation de la minute de silence

Le vendredi 26 mai 2023, le peuple togolais apprenait avec consternation la triste nouvelle de la disparition du président de la Cour Constitutionnelle, El Hadj Aboudou Assouma à 78 ans. Cette icône du système judiciaire et politique qui a tant marqué les esprits par ses innombrables valeurs, a eu droit, le 5 Juin 2023, à une cérémonie d’hommage national digne de son rang. C’était en présence du président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé. Minute de silence, prière musulmane et éloges funèbres ont été les temps forts de cette cérémonie empreinte d’émotion et de douleur.

« Une grande figure, un monument du paysage institutionnel de notre pays s’est éteint, nous léguant un héritage immense. Sa sagesse, sa passion du droit, son dévouement à la Constitution et sa loyauté ont marqué et inspireront encore les générations présentes et futures ». C’est par ces mots que le gouvernement, par la voix du ministre en charge des Droits de l’Homme et des Relations avec les Institutions de la République, Christian Trimua, a introduit ses éloges sur la vie du président Aboudou Assouma qui incarnait loyauté, intégrité et rigueur. Grand magistrat qu’il fut, El Hadj Aboudou Assouma a su imprimer un caractère nouveau au système judiciaire. « Sous sa présidence, la juridiction constitutionnelle se consolida et monta en puissance dans l’exercice de ses différentes attributions, dans son organisation et son fonctionnement. Elle affina, puis diversifia ses techniques juridictionnelles, imposa l’autorité de sa jurisprudence en toute matière, améliora sa visibilité et son attractivité, amorça une pratique prudente, mais continue de ses modes de saisines, ainsi que son positionnement au sein des institutions de la République », a souligné le ministre Trimua. Aboudou Assouma, poursuit-il, s’est illustré également dans la protection des droits fondamentaux, individuels et collectifs. Le ministre a déroulé l’important rôle joué par la Cour Constitutionnelle dans l’enracinement de l’Etat de droit, la consolidation de la démocratie, ce qui traduit la vitalité et la confiance qu’elle inspire sous l’autorité du président défunt, dont la passion pour la justice a contribué à l’avancement du Togo. « Au moment de sa reconduction à la tête de la Cour constitutionnelle, Aboudou Assouma évoquait régulièrement le besoin de rajeunissement de l’institution, la nécessité d’accélérer le rythme de mise en œuvre de son plan stratégique », a témoigné le ministre Trimua.

Salutations d’usage du chef de l’Etat, Faure Gnassingbé à la famille éplorée.

Aboudou Assouma, un monument africain du droit

Grand serviteur de l’Etat, Aboudou Assouma a également fait preuve d’assiduité, d’humanisme à la CNDH, où il servit avec amour, dévouement et loyauté. Ce qui lui a valu de nombreuses distinctions. « Nous retenons de la longue carrière de l’illustre disparu la sagesse, la constance, la loyauté, la rigueur, le professionnalisme et une excellente disponibilité à l’écoute de ses interlocuteurs. Mais aussi, l’humilité, la charité, la générosité, la foi musulmane et la sensibilité à la condition humaine. C’était toujours un grand plaisir d’échanger avec lui, de rechercher les solutions les plus adéquates, d’anticiper et d’identifier les avancées et les reformes souhaitables, de consolider et de faire progresser le droit constitutionnel de notre pays », a conclu le ministre Christian Trimua, avant de réitérer les condoléances de toute la nation à tous ceux qui lui sont chers.

A la suite du gouvernement, le vice-président de la Cour Constitutionnelle, Amados Djoko et le président de l’Association Africaine des Hautes Juridictions Francophones, Dassi Victor Adossou ont, à leur tour, salué la fidélité, l’amitié, la sollicitude du président Assouma qui a connu un parcours judicaire exemplaire. « Il a donné la plénitude à l’institution, c’est-à-dire la vocation de respecter le droit, de mettre le droit au-dessus de tout ce qui, par sa jurisprudence, a su se mettre au-dessus des antagonismes politiques et sociaux », rendant beaucoup plus visible la Cour au niveau international. Homme de grande écoute, Aboudou Assouma a été un monument africain du droit, toujours à la quête de la justice, « laissant dans son sillage un parfum d’humanisme et de combat acharné, non seulement pour le Togo, mais aussi pour l’Afrique. Sa croyance et sa foi en ce que nous faisons, depuis 1998, au sein de notre Association se sont manifestées par la participation de la Cour Constitutionnelle du Togo à toutes les activités de notre réseau », a indiqué Me Victor Adossou.  

Membres du gouvernement, présidents d’institutions et autres personnalités.

     

Qui était Aboudou Assouma ?

Né en 1945 à Kara, Aboudou Assouma fit ses études primaires et secondaires à kara, sanctionnées par un Baccalauréat II. Il poursuivit ses études de droit à l’Université de Toulon, en France où il obtint une maitrise en droit privé. Ce qui lui ouvrit les portes de l’Ecole supérieure de magistrature de Paris d’où il sort nanti du diplôme de magistrat. De retour au pays, l’illustre disparu commence une brillante et fulgurante carrière, aussi bien dans la magistrature que dans d’autres institutions, dont la CNDH. Il fut nommé, en 1977, juge d’instruction au tribunal de première instance de Lomé, Premier substitut du Procureur de la République, puis procureur de la République. Juriste chevronné, Aboudou Assouma avait le souci permanent de la professionnalisation de la magistrature et de la lutte contre la corruption. D’où, son désir de mettre ensemble le corps des magistrats, en créant l’Association Professionnelle des Magistrats du Togo (APMT). Nommé juge à la Cour Constitutionnelle en 1997, il en devint président en 2007, responsabilité qu’il assumait jusqu’à sa disparition, le 26 mai 2023.

Après la conférence nationale, il fut ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Forces Armées Togolaises dans le gouvernement de transition.

Après ces hommages, une prière musulmane a eu lieu pour confier l’âme du disparu entre les mains du Miséricordieux.

Zeus POUH-PEKA

 

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