Expertise France organise, du 17 au 19 novembre à Lomé, en collaboration avec la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières du Togo (CENTIF-Togo), une formation ciblée pour les superviseurs et les assujettis des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) togolais. Les travaux, qui se déroulent, sous l’égide de deux experts venus du Bénin et du Sénégal, constituent un cadre d’échanges en vue d’outiller les participants sur le dispositif de Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC/FT).
Cet atelier de formation des institutions des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) du Togo, qui regroupe une quarantaine de représentants des SFD togolais, est le deuxième du genre au Togo, après celui consacré aux acteurs des banques classiques du pays, en mai dernier. Le Togo est ainsi le quatrième pays à bénéficier de cette formation après le Bénin, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, qui s’inscrit dans le cadre du projet Organised crime : West African Response to Money Laundering and the Financing of Terrorism (OCWAR-M), traduit en français par « Crime organisé : réponse ouest-africaine à la Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC/FT) ». OCWAR-M est financé par l’Union européenne.
Les modules de formation concoctés pour les trois jours de travaux sont adaptés au contexte togolais, de sorte à fournir aux paricipants un guide de référence, sur lequel ils pourront s’appuyer pour élaborer leurs propres manuels de procédures et mettre en place dans leurs structures des dispositifs LBC/FT efficaces et pérennes. Les superviseurs des SFD recevront également un manuel de supervision et une formation spécifique, composée de modules pratiques qui leur permettront de contrôler efficacement les dispositifs des assujettis et de mettre en place un plan d’inspection.
Les SFD particulièrement exposées aux risques de blanchiment de capitaux
En effet, fait constater le président de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières du Togo (CENTIF-Togo), El Hadj Tchaa Bignossi Zakari Aquitème, représentant le ministre de l’Economie et des Finances, « les SFD sont particulièrement exposées aux risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, comme signalé par les évaluations nationales des risques et les évaluations mutuelles menées par le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) ». Ces évaluations ont relevé notamment, comment un grand nombre de SFD dans la région de la CEDEAO n’a qu’une connaissance très limitée de leurs obligations en matière de LCB/FT.
Dans ce sens, l’intervenant a fait savoir que le Togo a mené ces dernières années d’importantes actions, afin de conformer son dispositif national de LCB/FT aux normes internationales et pour renforcer l’efficacité de son dispositif. « L’une des actions prépondérantes a été la conduite de l’évaluation nationale des risques de blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, conduite de juin 2018 à décembre 2019 », a-t-il confié, soulignant que cette seconde édition de formation constitue une réponse appropriée pour la mitigation des vulnérabilités identifiées.
Un phénomène qui menace la stabilité de la sous-région
Outre les présentes assises, d’autres acteurs togolais ciblés prennent part aux activités de renforcement de la chaîne pénale des pays francophones et lusophones en matière de LBC/FT, mises en œuvre en partenariat avec l’Ecole Nationale de la Magistrature française. Aussi, deux formations de formateurs sur la détection de l’infraction (organisée en mai 2021) et sur l’investigation (en octobre 2021) ont eu lieu, alors que trois autres sont attendues d’ici mars 2022, qui porteront sur les thématiques de la saisie et la confiscation des avoirs criminels, l’entraide pénale et le jugement. Il est envisagé que ces formations soient ensuite déployées à l’échelle nationale pour renforcer l’ensemble des acteurs de la chaîne pénale togolaise.
A l’occasion, le chargé de programme à la Délégation de l’Union européenne au Togo, Dr Piero Valabrega, a réaffirmé l’engagement constant de son institution aux côtés des Etats de l’Afrique occidentale, dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Il a précisé que le phénomène représente une menace grandissante pour la stabilité de la sous-région et la sécurité de ses populations. « OCWAR-M est doté d’un budget d’environ 4 430 millions de francs CFA (6,75 millions d’euros), pour une durée de 47 mois, de mars 2019 jusqu’en janvier 2023 », a-t-il laissé entendre.
Martial Kokou KATAKA
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