
Un atelier visant à diffuser les résultats de l’évaluation des risques de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme liés aux Actifs Virtuels et aux Prestataires de Services de ces actifs (AV/PSAV) s’est tenu, le 24 septembre 2025, à Lomé. Il est organisé par la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) et le Comité National de Coordination des Activités de Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (CONAC), de concert avec le ministère de l’Economie et des Finances. Ceci, dans la dynamique du Togo de protéger son système financier et économique contre les menaces liées à l’innovation technologique, lorsqu’elle est utilisée à des fins criminelles.
Le Togo a franchi une nouvelle étape dans sa démarche stratégique en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Ceci, à travers la diffusion des résultats de l’évaluation des risques de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme liés aux Actifs Virtuels et aux Prestataires de Services d’Actifs Virtuels (AV/PSAV). C’était au cours d’un atelier ayant réuni, hier au CASEF à Lomé, les acteurs de lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (BC/FT).
De l’avis des organisateurs, cette évaluation marque la volonté du Togo de mieux comprendre les risques liés aux actifs virtuels, afin d’adapter son dispositif de lutte contre la criminalité financière aux réalités actuelles. Elle vient corriger les manquements liés à l’évaluation nationale de risques, conduite, en 2018, qui n’avait pas pris en compte les crypto actifs. Ce qui a valu au Togo d’être noté ″Non Conforme″ à la Recommandation 15 du Groupe d’Action Financière (GAFI). Cette lacune a participé aussi aux notations ″Partiellement Conforme″ enregistrée pour la Recommandation 1 et ″Faible″ pour le Résultat Immédiat 1, a expliqué le président de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), M. Tchaa Bignossi Aquitème.
Ainsi, pour corriger cette lacune, l’exercice d’évaluation spécifique de risques de BC/FT liés aux AV/PSAV a été conduit selon une approche fondée sur les risques et en conformité avec les standards internationaux du GAFI. Il a permis d’identifier les principales menaces et vulnérabilités spécifiques au contexte togolais, d’évaluer les niveaux de risques associés aux AV et aux PSAV et de proposer des recommandations concrètes, pour un encadrement efficace de ce secteur en pleine expansion. En cela, M. Aquitème a émis le vœu que les résultats de cette évaluation ne restent pas lettre morte. « Ils doivent être compris comme un outil qui doit servir à renforcer notre cadre juridique, à améliorer la supervision et à sensibiliser les acteurs publics comme privés », a-t-il souligné.
Répondre aux exigences de prévention et de gestion des risques émergents
A l’ouverture, au nom de son ministre, le directeur de cabinet au ministère de l’Economie et des Finances, Mme Akou Mawussé Adetou Afidenyigba, a fait comprendre que les innovations technologiques, en particulier l’essor des actifs virtuels, constituent une avancée majeure dans l’évolution des systèmes financiers. Elles offrent des opportunités considérables, en matière d’inclusion financière, de facilitation des paiements et de développement de nouveaux services numériques.
Mais, a-t-elle souligné, « ces évolutions comportent également des risques significatifs de crimes financiers. En effet, l’anonymat relatif, la rapidité et la portée transfrontalière des transactions en actifs virtuels peuvent être exploités à des fins de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ». A cet égard, Mme Adetou Afidenyigba, a rappelé les nombreuses victimes togolaises des systèmes de Ponzi et d’autres escroqueries financières, où des individus ont collecté l’épargne de ménages pour l’investir de façon irrégulière dans des crypto actifs. « Cette expérience douloureuse doit nous rappeler la nécessité d’une vigilance accrue et d’une régulation ferme. C’est pourquoi, le Togo, conformément à ses engagements internationaux et régionaux, a entrepris une évaluation spécifique de ces risques, afin de mieux les comprendre, de les anticiper et de mettre en place les mesures nécessaires pour les mitiger efficacement », a-t-elle dit.
Selon Mme Adetou Afidenyigba, la présente évaluation vise à « identifier les menaces et vulnérabilités liées aux Actifs Virtuels (AV) et aux Prestataires de Services d’Actifs Virtuels (PSAV) au Togo », tout en répondant aux exigences de prévention et de gestion des risques émergents. Elle a réaffirmé la ferme volonté du gouvernement, sous la conduite du Président du Conseil, « à faire du Togo un pays doté d’un système financier robuste, transparent et résilient face aux menaces du crime organisé et du terrorisme ». Dans ce sens, le gouvernement va poursuivre ses efforts, pour renforcer le cadre légal et réglementaire encadrant les actifs virtuels et leurs prestataires, pour consolider les capacités des autorités compétentes, en matière de surveillance et de supervision.
L’Etat entend aussi promouvoir la coopération avec les partenaires régionaux et internationaux et contribuer à la sensibilisation et l’accompagnement des acteurs du secteur privé, dans la mise en œuvre de mesures efficaces de conformité. Pour Mme Adetou Afidenyigba, l’évaluation des risques n’est pas une fin en soi. Elle doit être un instrument d’aide à la décision et à l’action. De ce fait, les résultats diffusés « doivent servir de base à une mobilisation collective de toutes les parties prenantes : pouvoirs publics, secteur privé, régulateurs, forces de sécurité, société civile, partenaires techniques et financiers. Car c’est ensemble, dans une logique de responsabilité partagée, que nous pourrons atténuer les risques identifiés, protéger notre économie et garantir la crédibilité de notre pays sur la scène internationale », a-t-elle lancé.
Bernardin ADJOSSE
RSS