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Au port de pêche de Lomé : Saison morte pour cause de repos des pêcheurs  

La majorité des pirogues sont accostées, les propriétaire étant au repos
Au port de pêche de Lomé : Saison morte pour cause de repos des pêcheurs  

Les activités habituelles tournent actuellement au ralenti au port de pêche de Lomé. Les rares clients rencontrés peinent à trouver les produits halieutiques. Pour cause, au sein de la communauté des pêcheurs, beaucoup sont actuellement au repos après les tracasseries des fêtes de Noël et du nouvel an. La grande majorité évoque les conséquences liées à la dégradation du milieu marin, à la pollution due à l’action anthropique entraînant la disparition de certaines ressources marines. Pour d’autres, surtout les pêcheurs, la saison ne s’y prête pas.

Au port de pêche de Gbotsogbé, en début de semaine, ce n’est pas l’affluence des grands jours. L’ambiance, qui a régné à l’occasion des fêtes de fin d’année, a fait place à une atmosphère morose. Les pêcheurs évoquent une période de soudure appelée « saison morte » où les ressources halieutiques deviennent rares.

Le directeur du port de pêche donnant des explications sur l’activité de la pêche (PHOTO EDJEOU)

Pour M. Bobozé Atsu, conseiller de Comité de Gestion Local, dans la conception générale, la pêche est un métier d’homme. Ce sont eux qu’on voit utiliser les outils dans les plans d’eau pour capturer les produits halieutiques. « Le reste du travail, qui n’est pas des moindres, est assuré par les femmes », insiste M. Boboze Atsu, en précisant que bien que les femmes n’occupent pas une place de premier plan dans les activités de capture, elles figurent à tous les niveaux essentiels de la chaîne des activités de pêche. Selon M. Boboze Atsu, les problèmes de prise de poissons sont divers et loin de résumer la réalité. « De nombreux défis se posent au secteur parmi lesquels la modification des schémas saisonniers de disponibilité du poisson et des activités de pêche due au dérèglement climatique. Ces défis affectent directement beaucoup de femmes qui voient leur pouvoir d’achat réduit », a-t-il indiqué. Parmi les solutions envisagées, il propose le renforcement des équipements des acteurs de la pêche. Pour M. Boboze, un bon équipement permettra à ceux-ci d’être plus résilients et de tirer meilleur profit de leur activité, en allant plus loin trouver les poissons qui se font de plus en plus rares sur les côtes.

La vente des assurée par les femmes et des hommes.

L’océan pourvoyeur des produits halieutiques semble ressentir la crise économique

Mme Hadja Makafui, revendeuse de poissons, assise devant son panier attendant le retour des pêcheurs, confie que la saison ne s’y prête pas pour la bonne prise de poissons. « L’océan pourvoyeur des produits halieutiques semble ressentir la crise économique. Les petits poissons se raréfient et coûtent de plus en plus cher ». Elle explique que la quantité habituellement vendue à 50.000 ou à 60.000 FCFA est passée aujourd’hui au double du prix. Elle ajoute qu’au lendemain des fêtes, les activités sont au ralenti, parce que beaucoup de ménages ont fait des dépenses pour les fêtes. « Si le marché ne s’anime pas convenablement, cela ne veut pas dire que les clients ne veulent pas du poisson. C’est justement parce que la population a beaucoup dépensé pour les fêtes de fin d’année et qu’il n’y a plus d’argent pour faire des emplettes », a-t-elle fait remarquer.

Même son de cloche du côté de Da Kikou, revendeuse en détail, qui pense que le poisson aujourd’hui se raréfie. « La pêche et les activités dérivées sont l’une des principales occupations pour nous les femmes. Mais aujourd’hui, en raison de certains facteurs, cette activité, auparavant florissante, ne nous permet plus d’en vivre convenablement. La conséquence se fait sentir dans nos familles par le fait de voir de nombreuses personnes abandonner la pêche pour d’autres activités et ceci est aussi à l’origine des départs massifs constaté dans nos milieux », a-t-elle expliqué, en précisant que la plupart des pêcheurs sont des étrangers venant surtout du Ghana. Elle exhorte les autorités à faire plus pour venir à bout de toutes ces difficultés. Pour Jeanne Adjoke, revendeuse de petits poissons séchés au port de pêche, l’année 2021 aura été « la plus difficile depuis la survenue du coronavirus » en matière de vente de petits poissons. En effet, c’est à partir de cette année que « le petit panier qui était vendu à 2.500F est revenu à 4.500F, voire 5.000F. Les clients se plaignent et nous leur expliquons que cela ne dépend pas de nous, parce que nous avons nous aussi des difficultés pour nous approvisionner », relève-t-elle.

Les difficultés des pêcheurs

Du côté des pêcheurs, l’on évoque la cherté des équipements et l’augmentation du prix de l’essence à la pompe, la vétusté des pirogues d’embarquement, ainsi que le prix des tickets d’entrée au port de pêche. Les pêcheurs évoquent aussi l’étroitesse à l’entrée du quai du port de pêche où l’on enregistre, de temps à autre, de petits incidents de parcours.

Dans le même temps, Djo Koko, pêcheur de son état, explique que chaque année après les fêtes, c’est le temps du petit chômage. Il rappelle que « la cherté des produits halieutiques impacte sérieusement nos activités de pêche. Nous n’arrivons pas à écouler rapidement nos produits, entrainant parfois des avaries. Ce qui fait que nous avons plus de difficultés à joindre les deux bouts avec des bouches à nourrir. Présentement, c’est une période sèche, de repos. Les poissons sont rares en cette période dite de “saison morte” et c’est très difficile pour nous », a-t-il lancé.

Et pourtant, selon le directeur du port de pêche, M. Samié Péré, « nous avons réalisé un tonnage de 4.075.000 kg en 2021 contre 3.456.407 kg pour l’année 2020, soit une augmentation de la capture d’environ 616.000 kg. Ceci s’explique par l’attractivité de notre port de pêche, favorisée par les nouvelles infrastructures et des facilités pour les acteurs de la pêche. Nous avons un bassin d’eau qui peut prendre jusqu’à 400 pirogues. Nous produisons de la glace qui est de 5 tonnes par jour. Ce qui permet aux pêcheurs de pouvoir disposer de  la glace avant de partir à la pêche, puisqu’ils ont besoin de cette glace pour conserver le poisson pêché », a-t-il fait savoir.

A signaler que pour conserver les produits de la pêche, des entrepôts sont construits à Lomé et dans certains centres urbains du pays. La vente au détail, qui revient majoritairement aux femmes, représente un volume commercial tout aussi important.

Firmin DEFALEONA

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