Le couvre-feu et les dispositifs de bouclage des villes initialement plus touchées par la pandémie du coronavirus (COVID-19) ont été levés, le 9 juin 2020, par décision du gouvernement. Cette mesure a été accueillie avec satisfaction par les Togolais, qui peuvent désormais circuler en toute quiétude sur tout le territoire national. Cependant, le port de masque de protection reste obligatoire pour tous, et la population est invitée à continuer d’observer toutes les autres mesures individuelles et collectives de prévention et de protection, afin d’éviter la propagation de la pandémie. Autrement dit, les compatriotes sont contraints de vivre désormais avec le mal dans le respect des mesures barrières. Si, les restrictions de mouvements sont levées au plan national, les frontières terrestres, aériennes et maritimes, restent toujours fermées. Afin de constater la nouvelle situation induite par cette mesure de déconfinement interne, un tour mercredi dernier, sur l’axe routier Lomé-Aného-Sanvee-Condji puis, à la gare routière d’Agbalépédogan, à Lomé, nous a permis de nous entretenir avec différents acteurs du secteur du transport routier.
Depuis le 21 mars 2020, certaines villes ont été bouclées, notamment Lomé, Tsévié, Kpalimé et Sokodé, pour éviter la propagation de la pandémie du Coronavirus (COVID-19). Cette mesure du gouvernement avait entraîné la mise en place de différents postes de contrôle aux entrées de ces villes, en l’occurrence, à hauteur de Tsévié sur la route nationale No 1, du péage d’Aného sur la nationale No 2, et d’Amoussou-Copé sur la nationale No 5.
Au regard de l’évolution de la situation ayant révélé une tendance à la stabilisation de l’épidémie, le gouvernement a procédé, à compter du mardi 9 juin dernier, à « la levée du bouclage de ces villes initialement concernées », « la levée totale du couvre-feu » puis, à l’instauration « du port de masque de protection obligatoire pour tous ». Cette mesure a eu pour conséquence directe, l’ouverture de tous les axes routiers et pour impact, la reprise de la libre circulation des personnes et des biens. Ceci, à la grande satisfaction des transporteurs routiers et des autres usagers qui voient en cette décision un soulagement de leurs peines car, pour chacun, cela va permettre de relancer définitivement les activités économiques initialement perturbées.
Les choses commencent à bouger normalement sur nos routes
Progressivement, depuis cette réouverture des axes routiers du pays, les principaux acteurs concernés sont à la manœuvre pour faire redémarrer normalement leurs activités ou business, à l’instar de quelques transporteurs ou voyageurs rencontrés, la semaine dernière, sur le tronçon Lomé-Sanvee-Condji (56 km) et à la gare routière d’Agbalépédogan, dans la commune du Golfe 5.
« Nous sommes très contents de la levée du bouclage des villes car, ça fait trois (03) mois que nous vivons le confinement et cela a beaucoup pesé sur nos activités », a déclaré M. Kokou Semkpo dit ‘’Togolais’’, secrétaire préfectoral de l’Union Syndicale des Conducteurs du Togo (USNDICTO), section Lacs. Il s’est également réjoui de la baisse importante des prix des produits pétroliers au cours de ces derniers mois et rassuré le gouvernement que les transporteurs routiers vont se conformer à l’appel leur demandant de maintenir les tarifs du transport jusqu’alors pratiqués au Togo. Le tarif Lomé-Sanvee-Condji, a-t-il indiqué, reste donc fixé à 1000 FCFA.
En outre, la levée totale du couvre-feu a aussi arrangé beaucoup de Togolais, à l’instar de M. Komi Nelson, président de l’Association des Conducteurs Routiers de Hollando (ACRH), section Fontana : « La levée couvre-feu nous allège aussi la tâche de pouvoir exercer notre métier sans difficulté car, nous pouvons travailler maintenant dans la nuit pour gagner un peu plus », a-t-il confié.
Tout comme ces deux responsables syndicaux, beaucoup de transporteurs routiers, des passagers ou citoyens lambda, ont également accueilli la levée de ces masures restrictives avec joie. « C’est une très bonne nouvelle, parce que beaucoup de gens sont restés bloqués hors barrières pendant ce temps de bouclage et rien ne marchait. Maintenant que le bouclage est levé, les choses reprennent normalement et nous espérons que nos activités vont décoller à nouveau », peut-on résumer ce que les uns et les autres ont dit.
Les mesures de protection toujours d’actualité
« La levée de ces dispositions ne signifie guerre la fin de l’épidémie du coronavirus dans notre pays »,
souligne le communiqué du gouvernement. Les conducteurs routiers disent en être bien conscients et renouvellent leur adhésion pour le respect strict des mesures de prévention et de protection. « On remercie vraiment le gouvernement, parce que nous, conducteurs, sommes les premiers à être exposés à cette pandémie. Nous transportons beaucoup de passagers avec qui nous restons des heures durant. C’est pourquoi, le chauffeur doit être protégé avant les autres », a expliqué M. Yaya Oukpédjo, secrétaire général de l’USYNDICTO et directeur général de la société de transport DC 10, à Lomé.
Dans ce sens, il a rappelé à ses camarades conducteurs les différentes dispositions du gouvernement qu’ils doivent continuer à respecter. Il s’agit du port obligatoire de masque de protection, de l’obligation faite aux taximen de se limiter à 3 passagers, aux chauffeurs de bus de 15 places de n’embarquer que 8 personnes, 30 personnes pour les cars de 60 places. « Soyez patients car nous espérons que dans peu de temps, les choses pourront rentrer dans l’ordre et ainsi, nous allons reprendre avec le plein nombre de passagers comme par le passé », a-t-il indiqué, avant de rappeler aux adeptes des surcharges que les forces de la Division de la Sécurité Routière (DSR) sont là pour la répression.
Par ailleurs, M. Oukpédjo a fustigé le comportement de certains passagers indélicats, qui se rendent souvent complices, dès lors qu’ils acceptent de monter à bord d’un véhicule déjà plein, se faire coincer dans ces conditions pour le même tarif. « Vous savez que la pandémie est toujours là et donc vous risquez, dans ces conditions, de vous faire contaminer si vous ne respectez pas la mesure de distanciation physique », a-t-il lancé. Aussi, a-t-il souligné que les organisations syndicales de conducteurs et les responsables et propriétaires des sociétés de cars sont chargés de faire les contrôles nécessaires, pour s’assurer du respect de ces dispositions sur l’ensemble du territoire national.
« Notre joie n’est pas toute entière…»
« Notre joie n’est pas toute entière car, ici à Aného, nous sommes une ville frontalière au Bénin, avec qui nous dépendons en particulier »,
a révélé un habitant. Pour lui, tout comme d’autres habitants de la localité, l’ouverture des frontières du pays offrira plus d’opportunités de faire prospérer davantage les activités, au quotidien.
Thamsor Klousseh est le secrétaire-adjoint du Syndicat Indépendant des Conducteurs du Togo (SICTO). Certains de ses camarades conducteurs et lui ont évoqué quelques préoccupations liées à des pesanteurs comme le manque à gagner provoqué par la réduction du nombre des passagers à bord des véhicules, ce qui est de nature à alourdir différentes autres charges tels que les frais du ticket, des péages, etc.
Dans le même registre, le sieur Kokou Koffi a souhaité que l’autorité accorde une place supplémentaire aux véhicules de cinq places. « Si, on a pu autoriser les taxi-motos à prendre une personne derrière, on pourrait de même nous accorder d’embarquer trois personnes derrière pour pouvoir trouver leurs comptes… », a-t-il plaidé. Toutefois, il est d’avis que « nous sommes obligés de respecter ce que dit le gouvernement, afin de nous prémunir du danger ».
Pour rappel, le commissaire de police Yawovi Komlan Ayamenou, commandant du bouclage Lomé Sud-est, a fait noter que dès l’apparition de la pandémie au Togo, la force anti-COVID-19 a installé un bouclage (barrage de contrôle) au niveau de Bounoukopé, situé avant le poste de péage d’Aného. Il a expliqué que cet endroit, identifié comme stratégique, était initialement érigé au niveau de Kpogan, et qu’il s’est révélé que les usagers n’avaient aucun mal à le contourner. « Depuis que le gouvernement a levé le dispositif de bouclage, la mission a encore changé. Maintenant, on met l’accent sur le port systématique de bavette et le nombre de passagers que les chauffeurs doivent respecter. C’est pour cela que nous avons déplacé un peu ce poste pour le mettre de part et d’autre du péage », a-t-il précisé.
Du reste, les responsables syndicaux ont insisté sur la nécessité pour les uns et les autres de continuer à respecter les mesures de prévention et de protection, à savoir se laver régulièrement les mains au savon, recourir au gel ou à la solution hydro-alcoolique, ne pas se serrer les mains en se saluant, éviter des accolades et des embrassades, etc. Ceci, afin d’éviter la propagation de la maladie.
Martial Kokou KATAKA
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