TRADITIONS

Agbogboza célébrée sous le signe de la cohésion sociale pour un Togo prospère

Le PM Victoire Tomégah-Dogbé, représentant du chef de l'Etat.
Agbogboza célébrée sous le signe de la cohésion sociale pour un Togo prospère

Le peuple Ewé du Togo, Bénin, Ghana et de la diaspora a célébré dans la joie et l’allégresse, samedi 10 Septembre 2023  dans sa cité historique de Notsè, sa fête traditionnelle « Agbogboza » autour du thème « Ensemble, mettons le potentiel de nos valeurs culturelles au service de la paix et de la cohésion sociale pour un Togo prospère ». L’éclat de ces festivités a été rehaussé par la présence du représentant du chef de l’Etat, le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé, qui avait à ses côtés des membres du gouvernement, des présidents des institutions de la République, des membres du corps diplomatique et d’autres personnalités politiques, administratives, municipales, religieuses, traditionnelles et militaires.  

Jadis, les Allaga sont les gardiens du roi.

La ville de Notsè, berceau du peuple Ewé, devenue aujourd’hui chef-lieu de la préfecture de Haho, a connu une liesse populaire. Les filles et fils de ce peuple, dispersés sur les territoires du Ghana, du Bénin et du Togo, s’y sont retrouvés pour commémorer, dans une parfaite harmonie, leur fête traditionnelle « Agbogboza », après plus de deux ans de suspension, en raison de la pandémie du Coronavirus. C’était en présence du Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé, représentant le chef de l’Etat.

La danse des chasseurs, une identité du peuple Ewé.

Agbogboza, au-delà de la réjouissance qu’elle suscite, a une connotation religieuse : on offre les premières récoltes aux dieux et aux mânes des ancêtres, tout en les implorant pour la bénédiction et la protection de la population. Cette fête qui marque également le début de l’année nouvelle pour le peuple Ewé, donne l’occasion à tous les fils de renouer avec les valeurs traditionnelles et de réfléchir au développement de l’espace éwé. Elle donne le ton à la consommation officielle de la nouvelle igname, jadis principale culture des Ewés, et dont les prémices sont servies aux convives sous la forme pilée (foufou). A l’instar des autres fêtes traditionnelles, Agbogboza est un moment privilégié pour renforcer l’esprit du vivre ensemble, dans une symbiose cultuelle, mais aussi pour la connaissance, l’amour et l’acceptation de l’autre. L’apothéose, samedi, a été marquée par diverses prestations des groupes folkloriques, dans une ambiance faite des chants et danses du terroir. Les prestations des grands prêtres, des chasseurs traditionnels (Abrafo) et gardiens du palais royal (les Allaga), très remarquables, ont permis à l’assistance d’apprécier les valeurs culturelles du peuple Ewé dans la cité mère de Notsè.

Les gardiens des us et coutumes, reconnus par leurs accoutrements.

Agbogboza, un véritable cours d’histoire qui reste à découvrir

Tout comme les précédentes années, Agbogboza 2023 s’est déroulée dans un environnement de paix, de sécurité et de stabilité, qui caractérise le Togo. Selon le ministre d’Etat, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Réforme foncière, Kodjo Adédzé, ce climat social d’inspiration divine est le fruit de l’engagement constant du chef de l’Etat, dont la vision est de faire du Togo un pays de paix, une nation moderne avec une croissance économique inclusive et durable. Dans cette quête de mieux-être pour tous, la culture occupe une place de choix. C’est pourquoi, au nom du gouvernement, le ministre a félicité le peuple Ewé pour le crédit renouvelé qu’il accorde à l’histoire. Selon lui, la célébration d’Agbogboza constitue un véritable cours d’histoire dans le livre de l’imaginaire du peuple Ewé à l’endroit des générations actuelle et future sur l’exode des Ewé et leur répartition géographique actuelle. Abordant le thème des festivités, qui est en parfaite harmonie avec la vision stratégique du gouvernement, le ministre d’Etat Adédzé a invité les filles et fils éwé à puiser, avec intelligence, dans les profondeurs de la culture ancestrale les ressources de leurs ambitions de développement harmonieux. « La sauvegarde et la préservation des valeurs culturelles nous incombent tous. Au-delà de cette conservation, il nous revient de porter le témoignage de cette époque riche en évènements, tout en évitant toute déformation. Je pense à la muraille Agbogbo encore vivante en partie, malgré le temps et les aléas divers », a indiqué le ministre d’Etat Adédzé. Il a exhorté donc les historiens, hommes du livre et intellectuels, surtout les natifs du terroir de l’Eweland, à continuer le travail de fouille archéologique et mémoriel, en collaboration avec les chefs traditionnels, car il reste beaucoup à découvrir.

 

Actualiser ces valeurs léguées par les aïeux

 

De l’avis du président du comité d’organisation, Togbui Adela-Aklassou IV, les valeurs matérielles et immatérielles léguées par les aïeux constituent des vecteurs de paix, de solidarité, de tolérance et de concorde sur lesquels le développement socio-économique des communautés et des nations doit prendre durablement appui.

A cet effet, l’ancien Premier ministre, Komi Selom Klassou, natif du milieu, a invité le peuple Ewé à préserver ces valeurs, en donnant une nouvelle sève vivifiante aux traditions qui portent et promeuvent les valeurs culturelles, source de production de richesses. Célébrer Agbogboza, dit-il, c’est établir une passerelle entre la tradition et les coutumes éwé et celles des autres communautés du Togo, créer les liens de fraternité entre les communautés du Togo et celles des pays voisins et au-delà. « L’importance de la culture dans le développement de la résilience des communautés humaines face à l’obscurantisme, à l’extrémisme violent et à l’intolérance, n’est plus à démontrer. La culture pour la paix, la culture par la paix et la paix par la culture doivent être les déterminants de nos actions de tous les jours », a souligné M. Klassou. Selon lui, les cadres qu’offrent les fêtes traditionnelles constituent un espace où se transmettent la tradition et le patrimoine oral, où s’apprennent les mœurs et l’éthique de la communauté, tout autant que l’art du dialogue, de l’écoute et du respect d’autrui.

Des représentants du corps diplomatique et d’autres personnalités.

Les origines de la célébration d’Agbogboza remontent au XVIIIe siècle, lorsque le peuple Ewé, au départ uni sous le règne du roi Agokoli Ier à Notsè, a dû fuir. Certains se retrouvent au Bénin et au Ghana voisins, mais la grande majorité s’est installée au Sud-Togo. La tradition orale renseigne qu’ils ont fui la cruauté du roi qui voulait protéger sa royauté, en la faisant entourer d’un mur (Agbogbo), dont la longueur (15 Km) et l’épaisseur (plusieurs mètres) imposaient d’importants travaux aux sujets.

 

Komla GOKATSE

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