Le Togo accueille le 9e Congrès panafricain, un rendez-vous international placé sous le signe de l’unité et de la renaissance africaine. Quatrième fois sur le continent, il se veut une plateforme stratégique pour repenser la place de l’Afrique dans l’ordre mondial, tout en visant à rompre avec un ordre international jugé désuet et inéquitable.
L’objectif est de proposer une vision renouvelée, fondée sur l’identité africaine, la souveraineté des peuples et un développement endogène. Le ton des travaux a été donné, 8 décembre 2025, au palais des Congrès de Lomé, par le Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, en présence de Mme Francia Elena Màrquez Mina, vice-présidente de la Colombie, pays invité d’honneur à cette rencontre historique.
Il y avait aussi des délégations venues de plusieurs pays et organisations ainsi que les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, des membres du gouvernement, représentants des institutions de la République, témoignant ainsi de l’importance accordée à cette initiative continentale.

Le PC Faure Gnassingbé : “La diaspora, les Afro descendants et les jeunes sont les trois forces motrices du renouveau africain.”
Le 9e Congrès panafricain, placé sous le thème, « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser des ressources et se réinventer pour agir », s’inscrit dans la continuité d’une longue tradition de rencontres historiques, initiées dès 1900 à Londres et qui ont vu se succéder des figures emblématiques. Plus d’un siècle plus tard, ce rendez-vous à Lomé marque une étape décisive, dans la quête d’un panafricanisme pragmatique, inclusive et tourné vers l’avenir. Un panafricanisme capable de transformer les défis en opportunités et de faire de l’Afrique un acteur central dans la refondation du multilatéralisme mondial.
A travers cette rencontre, dirigeants, intellectuels, acteurs de la société civile, jeunes leaders et partenaires internationaux sont appelés à réfléchir collectivement aux leviers d’actions pour une Afrique plus unie, souveraine, prospère et influente, en mobilisant ses ressources. Ce 9e Congrès ambitionne de déboucher sur des engagements concrets et des mécanismes de suivi pour traduire les idées en actions. Il s’agit de bâtir un nouveau récit africain, porté par une jeunesse engagée, des institutions fortes et une solidarité panafricaine renouvelée.

Le Président du Conseil (1er plan, 5e de la gauche) et autres personnalités.
Divers centres d’intérêt au menu des échanges
Durant cinq jours de travaux, les participants vont plancher sur les défis majeurs qui façonnent l’avenir du panafricanisme. Des thématiques aussi diverses que cruciales, telles que la réforme des Nations Unies et des institutions financières internationales, la souveraineté numérique de l’Afrique, la résilience face aux crises globales, la transition écologique, la gouvernance inclusive, la valorisation des langues et cultures africaines, la jeunesse et l’innovation ou encore la coopération Sud-Sud sont au menu des échanges. Des ateliers seront également consacrés à la question des réparations pour les crimes coloniaux et l’esclavage, à la restitution du patrimoine culturel africain et à la consolidation des liens entre l’Afrique et ses diasporas.
Dans un monde marqué par des fragilités systématiques et des crises interconnectées, qu’elles soient sanitaires, climatiques, économiques ou sécuritaires, l’Afrique entend faire entendre sa voix et proposer des solutions fondées sur ses réalités et aspirations. Outre des débats intellectuels, le congrès se veut un espace de convergence culturel. Des expositions, projection de films, concert et cérémonies d’hommages aux pionniers du panafricanisme vont ponctuer l’événement, dans une volonté de célébrer l’héritage commun et de renouveler une conscience collective panafricaine.
Ce 9e Congrès est une réaffirmation, une reconquête
A l’ouverture des travaux, le Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, a souligné que ce 9e Congrès arrive à un moment où l’Afrique n’est plus périphérique et silencieuse. Elle est plutôt jeune, forte, ouverte au monde et déterminée à ne plus être modelée par d’autres. Selon le Président du Conseil, ce 9e Congrès est une réaffirmation, une reconquête, c’est un tournant. « Car jamais, jamais depuis les indépendances, notre destin collectif n’a été autant entre nos mains. Jamais notre voix n’a été autant attendue. Jamais nos choix n’ont eu autant de résonnance dans le monde », a-t-il déclaré.

Présidents des institutions de la République, membres du gouvernement et autres invités de marque.
Le Président du Conseil a indiqué que le panafricanisme n’est plus seulement une simple idée, c’est un impératif, une stratégie de souveraineté. Il s’agit de décider sur la base d’une vision collective, réaliste et ambitieuse. « Le panafricanisme que nous appelons ici n’est pas celui des slogans. C’est un panafricanisme pragmatique et exigeant. Un panafricanisme qui unit nos peuples, nos cultures, nos marchés, nos savoirs. Un panafricanisme capable d’agir dans un monde qui lui, ne nous attendra pas ». Pour le PC, ce congrès doit réaffirmer une vérité simple : l’Afrique ne peut plus se contenter d’être spectatrice, divisée, au risque d’être vulnérable. Unie, elle sera, a-t-il dit. « Ce congrès doit donc transformer nos principes en plan d’action africain, crédible et unifié. Cette réforme du multilatéralisme n’est pas seulement une revendication africaine. C’est une condition de stabilité pour le monde entier… Ce congrès doit réaffirmer l’unité de cette grande famille africaine : une unité historique, une unité politique, une unité culturelle et enfin une unité de destin », retient-on de l’intervention du Président du Conseil.
Dans ce sens, le représentant de la Commission de l’Union Africaine (UA) Amr Aljowaily, a rappelé le défi pour l’Afrique d’atteindre l’objectif de la plus grande zone continentale à l’horizon 2031. Dans le contexte de la justice réparatrice, il souligne la nécessité de s’occuper des inégalités qui ont caractérisé les systèmes économiques internationaux. Ce qui, selon lui, nécessite une réforme de l’architecture mondiale, de même que le Conseil de sécurité des Nations Unies. Il a réaffirmé l’engagement de l’Union Africaine à œuvrer pour une coopération plus fructueuse avec la diaspora africaine et les Afro descendants.
Une occasion précieuse de renforcer les liens historiques, culturels et humains
Pour sa part, la Vice-présidente de la Colombie, Mme Francia Elena Màrquez Mina, a exprimé sa joie que son pays soit représenté à cette rencontre panafricaine. Elle a dit son attachement aux valeurs du panafricanisme et sa volonté de renforcer les liens historiques et culturels avec l’Afrique. « La Colombie est honorée de participer à ce 9e Congrès panafricain, en tant que pays invité d’honneur. Nos racines africaines sont profondes et ce rendez-vous est une occasion précieuse de renforcer les liens historiques, culturels et humains qui unissent nos peuples », a-t-elle dit. Mme Francia Elena Màrquez a fait noter qu’aujourd’hui, le continent a le pouvoir politique entre ses mains, afin de transformer des années d’injustice, d’inégalité raciale, d’oppression et d’exclusion.

La vice-présidente de la Colombie, Mme Francia Elena Màrquez Mina a relevé les défis en matière de la pauvreté et de la faim en Afrique.
Dans son mot de bienvenue, le ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Togolais de l’Extérieur, Pr Robert Dussey, a relevé que depuis le début de l’année 2023, le Togo porte avec fierté et responsabilité le chantier de l’organisation de ce rendez-vous international. De son point de vue, ce congrès est le fruit de la volonté conjuguée du président du Conseil, des chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique, des Caraïbes, ainsi que du soutien constant de la Commission de l’Union Africaine. Pour le ministre Dussey, le panafricanisme repose sur la conviction que les Africains partagent une histoire commune, des valeurs et aspirations similaires et qu’ils doivent s’unir pour défendre leurs droits, affirmer leur souveraineté et bâtir un développement basé sur leurs propres ressources et priorités.
Bernadette A. GNAMSOU
Martial Kokou KATAKA
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