Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Président du Sénat ;
Monsieur Ben COLEMAN, Envoyé commercial du Premier Ministre Britannique en Afrique Francophone ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Mesdames et Messieurs les Ministres, chefs de délégation ;
Monsieur Steven Gray OBE, Responsable de l’Afrique de l’Ouest et centrale pour UK Export Finance (UKEF) ;
Excellence Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique et Représentants des Organisations Internationales ;
Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires techniques et financiers ;
Mesdames et Messieurs les Représentants du secteur privé ;
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs.
C’est pour mon pays un grand honneur d’accueillir, ici à Lomé, la quatrième édition du Forum sur le Commerce et l’Investissement entre le Royaume-Uni et l’Afrique francophone de l’Ouest et du Centre.
C’est la première fois que ce forum se tient sur le sol africain, et ce n’est pas un simple déplacement géographique. C’est un déplacement symbolique : celui du centre de gravité d’un partenariat qui s’enracine désormais davantage dans la réalité africaine, dans son énergie, dans sa jeunesse et dans son ambition.
Il traduit la confiance et la reconnaissance d’une Afrique qui n’est plus seulement un marché, mais un partenaire à part entière. Il traduit aussi la relation nouvelle créée entre le Togo et le Commonwealth depuis 2022.
Je voudrais, à cette occasion, partager avec vous cinq convictions simples, qui traduisent la vision que le Togo porte pour ce partenariat renouvelé entre le Royaume-Uni et l’Afrique francophone.
Le premier point, c’est que nous ouvrons ici aujourd’hui un nouveau chapitre du partenariat entre le Royaume-Uni et l’Afrique francophone.
Le Royaume-Uni et l’Afrique francophone partagent une même ambition : Nous voulons passer d’une relation d’assistance fondée sur des dons à de véritables relations économiques fondées sur l’échange, l’investissement, la création de valeur et la complémentarité des savoir-faire.
Nous avons beaucoup à gagner ensemble. Notre continent offre la jeunesse, les ressources et le potentiel d’innovation ; le Royaume-Uni apporte l’expertise, la technologie et les capitaux. Lomé se situe au point de rencontre entre ces deux mondes. Et le Togo incarne cette Afrique qui s’ouvre et qui relie.
Avec notre port en eau profonde, nos réformes pro-investissement, notre stabilité politique et notre engagement régional, notre pays est devenu un des points de convergence entre l’Afrique et le monde Mais au-delà d’une ambition, c’est maintenant notre vision commune qu’il faut construire. C’est à cela que ce forum doit servir : à faire tomber les murs linguistiques et les barrières économiques pour ériger des ponts de prospérité entre le Royaume-Uni et l’Afrique francophone.
Le deuxième point que j’évoquerai, c’est que les infrastructures seront les leviers de souveraineté, de croissance et de compétitivité dans notre région. L’Afrique francophone n’a pas besoin de plus de projets, mais de projets mieux conçus, mieux financés et mieux intégrés. Il s’agit d’investir pour produire, pas seulement construire. Ici, les infrastructures ne sont pas juste des dépenses, ce sont des investissements stratégiques.
Construire un port, une route, une ligne électrique ou un réseau numérique n’a de sens que si cela permet à nos entreprises de produire, de transformer et d’exporter davantage. Les infrastructures utiles sont celles qui relient le champ au marché, le producteur à la transformation, l’idée à l’innovation. C’est l’esprit qui guide notre pays.
La modernisation du Port de Lomé, le développement de nos corridors logistiques, de nos réseaux énergétiques et numériques renforcent notre rôle de hub régional. Nos efforts visent à démontrer qu’un pays africain peut devenir un maillon essentiel des chaînes de valeur mondiales.
Nous invitons nos partenaires britanniques à investir avec nous dans ces infrastructures productives qui soutiennent la transformation industrielle africaine et créent de la valeur locale pour que l’investissement dans le béton devienne investissement dans le développement.
Le troisième point, c’est qu’il faut faire entrer les acteurs locaux dans les chaînes de valeur, en mettant l’accent sur l’innovation, l’entrepreneuriat et l’inclusion.
Le développement ne se décrète pas ; il se construit par la base, dans le tissu des petites et moyennes entreprises, dans la créativité des jeunes et dans l’audace des entrepreneurs. Il faut donner ici toute leur place aux entrepreneurs africains, aux jeunes et aux femmes.
Ce forum doit être une tribune pour cette Afrique qui entreprend, qui innove et qui transforme. Nos PMEs africaines sont prêtes à grandir. Dans l’agro-industrie, le numérique et les services, elles sont prêtes à franchir un nouveau seuil : celui de l’intégration régionale et globale.
Pour cela, elles n’ont pas vraiment besoin d’assistance, mais de partenariats intelligents : Elles manquent d’accès au capital, à la formation et aux partenariats technologiques. Le Royaume-Uni peut jouer un rôle clé dans cet écosystème : en soutenant l’investissement patient, en connectant les incubateurs et les fonds d’innovation.
Investir dans les PME africaines aujourd’hui, c’est le pari le plus rentable sur l’avenir du continent. Mon quatrième point, c’est que la croissance verte et la révolution numérique seront les grands accélérateurs de notre croissance.
Je crois fermement que la prospérité de demain reposera sur ces deux piliers : l’énergie propre et l’innovation numérique. Ce sont deux forces qui peuvent transformer durablement nos économies.
Pour de nombreux pays en Afrique, la double transition verte et numérique représente une opportunité de saut technologique. Elle nous permet de contourner des décennies de dépendance industrielle et d’inventer des modèles plus sobres, plus inclusifs et plus intelligents.
Nos partenaires britanniques peuvent nous accompagner à sauter des étapes et construire directement l’économie de demain. Mais il reste que cette transformation doit avant tout être humaine.
Chaque investissement dans une ferme solaire, dans une fintech, dans une ville intelligente doit aussi être un investissement :
• dans l’emploi pour la jeunesse,
• dans l’accès des femmes aux opportunités économiques et
• dans la cohésion sociale.
Dans un monde de plus en plus instable, la durabilité n’est plus un luxe : c’est notre nouvelle frontière économique et morale.
Enfin, le dernier point que je voudrais partager avec vous aujourd’hui, c’est que l’intégration régionale de l’Afrique francophone peut devenir le moteur d’un marché africain ouvert sur le monde.
Le succès de ce forum dépendra de notre capacité à penser au-delà de nos frontières nationales. Penser le développement pays par pays n’a plus vraiment beaucoup de sens. L’intégration régionale est notre meilleur outil pour réussir à l’échelle mondiale.
Les investissements britanniques en Afrique francophone ne seront durables que s’ils s’appuient sur des chaînes régionales interconnectées et sur des plateformes logistiques et industrielles qui relient plusieurs marchés francophones et anglophones.
Nous avons besoin de corridors régionaux pour nos biens, de réseaux transfrontaliers pour notre énergie, et d’écosystèmes numériques pour nos services.
Ces interconnexions sont les vraies infrastructures du futur. C’est tout le sens de notre engagement pour la Zone de libre-échange continentale africaine. Avec 1 milliard 400 millions de consommateurs, elle crée le plus grand marché émergent du monde.
Investir au Togo aujourd’hui, par exemple, c’est entrer dans le corridor de croissance qui relie Lomé, Lagos, Accra et Abidjan et accéder à la fois aux marchés francophones et anglophones.
Mais pour que cette intégration devienne réalité, il nous faut aussi travailler sur les cadres. Il s’agit d’harmoniser les régulations, de faciliter le commerce, de simplifier les procédures et de créer des conditions prévisibles pour les investisseurs.
La fluidité administrative et la transparence réglementaire sont aujourd’hui les infrastructures invisibles du commerce moderne dont nos économies ont besoin.
En accueillant ce forum, Lomé veut incarner cette Afrique ouverte, connectée et confiante. Une Afrique qui ne se contente plus de commercer avec le Royaume-Uni, mais qui choisit de croître avec lui.
Nous appelons nos partenaires britanniques à regarder avec nous vers l’avenir : à investir non seulement dans les infrastructures traditionnelles, mais aussi dans les frontières de la croissance africaine, dans l’économie verte, la transformation locale des matières premières critiques, la finance digitale et les industries créatives.
Ensemble, nous pouvons créer des chaînes de valeur qui relient Londres à Lomé, Yaoundé à Birmingham, Dakar à Manchester. Ensemble, nous allons transformer nos ressources en richesses, nos projets en prospérité, et notre coopération en avenir partagé.
Je vous remercie.
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