Demain lundi 30 juillet, s’ouvrira à Lomé, le sommet conjoint des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC). Ce sommet, qui sera suivi, demain, de la 53ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, va permettre aux dirigeants des deux régions, une vingtaine attendus pour cette rencontre inédite, d’examiner la situation sécuritaire et d’adopter une Déclaration définissant une approche commune sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme ainsi que l’extrémisme violent dans ces deux espaces sous-régionaux. Déjà, samedi, dans la salle des conférences de l’Hôtel 2 Février, à Lomé, les ministres des Affaires étrangères et ceux en charge de la Défense ou de la Sécurité des espaces communautaires CEDEAO /CEEAC avaient tenu une réunion préparatoire de ce sommet.
Outre l’examen des questions sécuritaires et l’adoption d’une Déclaration commune, la réunion conjointe des ministres en charge des Affaires étrangères, de la Défense ou de la Sécurité, a examiné le rapport de la réunion des experts des deux régions, qui avait planché sur ces problématiques, les 10 et 11 juillet, dans la capitale togolaise. Cette rencontre avait débouché, notamment sur une série de recommandations, dont la mise en œuvre devrait permettre de mieux lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et du Centre.
En effet, les activités illicites transfrontalières, notamment le terrorisme, le blanchiment d’argent, l’extrémisme violent ainsi que le trafic d’armes, d’êtres humains et de drogues, constituent des menaces sécuritaires communes à l’Afrique Centrale et à l’Afrique de l’Ouest. C’est ce qui justifie l’initiative de cette rencontre de Lomé, première du genre, pour permettre aux experts et aux dirigeants des deux espaces régionaux d’en discuter et de prendre des mesures politiques idoines communes contre ces fléaux qui gangrènent la vie des populations des Etats concernés.
Selon les termes du projet de déclaration, à soumettre ce matin aux Chefs d’Etat pour approbation, la CEDEAO et la CEEAC s’engagent à renforcer, entre elles, les échanges d’informations et de renseignements, la coopération militaire et le partage de bonnes pratiques. Les deux régions décident également de jouer, dans leurs zones respectives, un rôle de coordination des différentes stratégies régionales et internationales. Les experts préconisent le renforcement de la coopération entre les Etats membres, sur le plan judiciaire, et la mise en place d’un mécanisme d’assistance bilatérale et multilatérale, dans la lutte contre le terrorisme. Il est aussi recommandé l’institutionnalisation du financement des activités liées à la lutte contre le terrorisme aux niveaux national, régional, interrégional et international.
Prendre la mesure du danger et agir en synergie
Les travaux de cette réunion préparatoire ont été ouverts par le ministre d’Etat, en charge des Affaires étrangères de la République du Gabon, M. Régis ImmongaultTatangani, président du Conseil des ministres de la CEEAC. Il a rappelé que les chefs d’Etat de cet espace régional avaient donné mandat à son pays, au cours d’un sommet extraordinaire qui les avait réunis au Tchad, en 2013, de se rapprocher de leurs pairs d’Afrique de l’Ouest, afin d’organiser le présent sommet conjoint. Cette rencontre de Lomé, a-t-il fait noter, « confirmera notre détermination commune à chercher des moyens pour lutter efficacement contre le terrorisme et l’extrémisme violent, et à trouver des solutions pour un retour à la paix, la sécurité, la stabilité durables dans nos deux espaces ».
Au nom du chef de l’Etat, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, Pr. Robert Dussey, président du Conseil des ministres de la CEDEAO, a, pour sa part, rassuré des participants des dispositions prises par le Togo pour rendre leur séjour agréable. Leur présence à Lomé, selon lui, traduit l’engagement ferme de la CEEAC et de la CEDEAO pour le travail dans la coopération. « En se mettant ensemble pour faire face aux périls extrémiste et terroriste, nos deux communautés ont pris la mesure du danger et compris que l’agir synergique est gage d’efficacité », a-t-il fait valoir. Le ministre Dussey, s’inspirant de la pensée de l’écrivain André Malraux, a fait observer que la guerre contre le terrorisme et pour la sécurité et la stabilité régionale et interrégionale est une guerre juste. « Nos deux régions sont appelées à gagner la guerre contre l’ignorance, la radicalisation, les fondamentalismes et les extrémismes. Il s’agit de sevrer le terrorisme de ses terreaux favorables, par la prévention qui implique l’éducation à la lucidité », a-t-il convenu.
Disons que les réunions conjointes des experts et des ministres, tout comme le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des deux institutions régionales sont la consécration des efforts conjoints fournis, depuis 2015, par les deux régions. La CEEAC regroupe 11 pays : Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, République Démocratique du Congo, Guinée Equatoriale, Tchad, Sao-Tomé et Principe et Rwanda. La CEDEAO, quant à elle, compte 15 Etats membres : Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sierra Leone, Sénégal et Togo.
Du reste, la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, dont les travaux se tiennent demain, toujours dans la capitale togolaise, sera l’occasion de faire le point du mandat du chef de l’Etat togolais, d’aborder les différentes crises dans la sous région, la question de la monnaie unique et l’élection d’un nouveau président de l’institution.
Bernardin ADJOSSE
Martial Kokou KATAKA
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