Panafricanisme

Rideau sur le neuvième Congrès panafricain à Lomé

Le PA Klassou (à gauche) reçoit les conclusions du congrès.
Rideau sur le neuvième Congrès panafricain à Lomé

 Le 9e Congrès panafricain a officiellement pris fin, vendredi 12 décembre 2025 à Lomé, marquant l’aboutissement de cinq jours d’échanges intenses, conclus sur des engagements forts et des résolutions porteuses d’avenir pour l’Afrique et sa diaspora. Les parties prenantes ont lancé un message, invitant « l’Afrique et sa diaspora à rester unies, résolument tournées vers l’action collective, en vue de bâtir un avenir commun, fort et souverain ». Le Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, a été représenté à la cérémonie de clôture par le Président de l’Assemblée nationale, Komi Selom Klassou. Il avait à ses côtés, les représentants des pays amis, les membres du gouvernement, ainsi que diverses autres personnalités.

Membres du gouvernement et diverses autres personnalités.

Lomé, désigné terre d’accueil, s’est imposé durant ces assises comme capitale africaine de la paix, du dialogue, de la solidarité et de la tolérance, donnant à ce 9e Congrès panafricain une dimension à la fois politique, culturelle et humaine.

 Placée sous le thème « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales », la rencontre a offert une plateforme stratégique pour repenser l’unité africaine, la souveraineté des peuples et le développement endogène. Ce rendez-vous, au-delà des mots, aura posé les jalons d’une dynamique renouvelée du panafricanisme, que les générations futures devront faire fructifier.

Tout au long des cinq jours de la rencontre, les participants ont activement contribué aux travaux et aux réflexions. Les commissions ont abordé des thématiques clés telles que la souveraineté culturelle, les réparations historiques, la restitution des biens africains, la reconfiguration des modèles économiques et le rôle central de la jeunesse et de la diaspora.

 Les travaux ont été marqués par des expositions artistiques, ainsi que des moments de commémoration et de réflexion historique. La réforme des institutions multilatérales, la justice sociale, la sécurité alimentaire, la santé, la place des diasporas et la mémoire des luttes panafricaines ont également fait l’objet des échanges. Ce grand rassemblement a été ponctué par des déclarations fortes, des propositions concrètes et des engagements collectifs, dans une ambiance de fraternité, de solidarité et d’espoir pour un renouveau africain fondé sur l’unité, la dignité et l’action concertée. 

Une vue des congressistes, à la clôture des travaux.

Des résolutions pour orienter les actions futures

Les conclusions du 9e Congrès panafricain traduisent une volonté ferme et partagée de refonder le projet panafricain sur des bases plus inclusives, souveraines et tournées vers l’avenir. Les participants ont unanimement souligné l’urgence pour l’Afrique de reprendre le contrôle de sa narration, de renforcer ses institutions et de bâtir des ponts solides avec sa diaspora.

 Les recommandations appellent à une réforme du multilatéralisme, à la restitution des biens culturels, à la reconnaissance des réparations historiques et à l’implication active de la jeunesse dans les dynamiques de la transformation.

Comme décisions, le congrès a confié à la République togolaise, en sa qualité de pays hôte et co-organisateur, la coordination du suivi de la mise en œuvre des engagements, en collaboration avec la Commission de l’Union Africaine (UA), les Etats africains, la diaspora et les institutions partenaires. Un comité de suivi des recommandations a été institué et l’initiative d’une Journée panafricaine en mémoire des déportés et victimes de l’esclavage et de la colonisation soutenue.

Il a été demandé au Togo de porter cette proposition devant l’Assemblée générale des Nations Unies, en vue de l’adoption d’une résolution sur les réparations et restitutions.

Par ailleurs, il a été décidé de la tenue quinquennale du Congrès et de la création d’un bureau permanent, dont l’hôte sera désigné après consultations. Ces conclusions, remises officiellement au Président de l’Assemblée nationale, serviront de socle pour orienter les actions à venir et incarner une Afrique qui s’affirme, inspire et influence.

Une Afrique qui écrit son propre récit maîtrise son avenir

Dans son discours de clôture, le Président de l’Assemblée nationale, Komi Selom Klassou, a salué « la réussite collective » de ce congrès. « Nous repartons de Lomé avec une vision claire des voies à prendre pour une Afrique réinventée, fière et respectée. La tenue réussie du neuvième congrès est le fruit de notre unité, de notre courage et de notre détermination. Oui, c’est ensemble que nous l’avons rêvé. C’est ensemble que nous l’avons fait, c’est ensemble que nous l’avons réussi », a-t-il déclaré, soulignant l’unité, la bravoure et la ferme volonté des participants.

Selon lui, l’Afrique ne peut plus se contenter d’être spectatrice, dénonçant la fabrication d’une image déformée du continent par des récits extérieurs. Il a appelé à une reconquête de la narration africaine, à une visibilité accrue des réussites africaines et à une solidarité renforcée entre le continent et sa diaspora. Pour l’honorable Klassou, la déclaration finale, saluée pour son réalisme et sa clarté, trace les contours d’une Afrique qui s’affirme et rayonne. Il a exprimé sa reconnaissance à la Commission de l’UA et à toutes les délégations, pour leur engagement sans faille. Pour finir, le PA Klassou a lancé un appel vibrant pour « une Afrique qui écrit son propre récit, maîtrise son avenir. C’est une Afrique qui inspire, qui attire, qui investit et qui influence ».

Au nom de la Commission de l’UA, l’ambassadeur Amr Aljowaily, a salué l’engagement du Togo pour l’organisation de ce congrès qu’il a qualifié d’événement stratégique pour le renouveau du panafricanisme. Il a insisté sur la nécessité d’une coopération renforcée, inclusive et durable entre les Etats membres, les communautés afrodescendantes et les institutions africaines, pour bâtir un continent fort et résilient sur la scène mondiale.

Au nom de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), M. Abdourahamane Oumarou, élu du Niger, a salué le leadership du PC, Faure Gnassingbé, tout en louant sa vision pour la stabilité de la sous-région. Pour l’honorable Oumarou, ce congrès panafricain de Lomé est un acte fondateur, un tournant historique, un engagement renouvelé pour une Afrique qui refuse, désormais, de marcher courbée. « Que notre unité devienne notre armure, que notre souveraineté devienne notre héritage, que notre solidarité devienne la colonne vertébrale de la grande Afrique », a-t-il confié.

Les porte-parole des autres délégations ont, tour à tour, souligné l’importance de bâtir un avenir commun fondé sur la mémoire, la justice et l’unité des peuples d’ascendance africaine. Ils ont réaffirmé l’engagement de leurs pays en faveur des réparations et d’une coopération culturelle renforcée. Enfin, ils ont exprimé leur satisfaction et volonté de voir les engagements pris se traduire en actions concrètes.

Bernadette A. GNAMSOU

Martial KATAKA

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