La résolution de la crise socio politique que le Togo traverse actuellement demande l’implication de tous les acteurs, y compris la société civile qui ne manque pas d’initiatives à cet effet. C’est dans cette dynamique que plus d’une quarantaine de ses membres s’est retrouvée, à Lomé, à un atelier de réflexion portant sur le thème : « Résolution de la crise socio politique togolaise : rôles et défis pour la société civile ». C’est un cadre pour acquérir des connaissances sur les bonnes pratiques en matière de plaidoyer visant une sortie pacifique de la crise.
Cet atelier de deux jours, sur le rôle de la société civile dans la résolution pacifique de la crise politique, est une initiative de la Branche nationale du Réseau Ouest Africain pour l’Edification de la Paix (WANEP-Togo). Il s’inscrit dans les activités de son « Projet d’accompagnement des acteurs socio politiques togolais pour une gestion efficace et pacifique de la crise 2017 », appuyé par le PNUD.
La raison d’être de la présente assise prend sa racine dans l’histoire socio politique du pays. En effet, la vie socio politique togolaise, depuis 1958 est, de tout temps, galonné de violences électorales et connexes. La plupart de ces violences, selon les travaux de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), sont à caractère politique, et liées aux questions d’appartenance ethnique, de rivalités pour la conquête du pouvoir, de l’instrumentalisation ethnique, etc. Dans tous les cas, c’est la paix qui se trouve menacée par ses violences, auxquelles s’ajoutent, aujourd’hui, les divergences liées à la mise en œuvre des reformes constitutionnelles et institutionnelles, sur fond d’un climat de tension et de méfiance. Cet environnement socio politique fragile est envenimé par l’escalade des violences verbales, notées sur les réseaux sociaux, avec la multiplication des appels à manifester et des prises de position susceptibles d’enfoncer le pays dans une profonde crise. C’est dire donc que le Togo n’est pas à l’abri d’une instabilité politique. D’où la nécessité pour chaque acteur d’apporter du sien pour un retour au calme et à la paix. Dans cette dynamique, le présent atelier vient se greffer aux initiatives visant à accompagner les acteurs de la société civile togolaise. L’idée est de leur permettre de jouer un rôle efficace, pour une sortie de crise pacifique. Il s’agit d’amener les participants à relever les caractéristiques d’une société civile efficace, de les sensibiliser sur les enjeux et défis auxquels ils doivent faire face en période de crise. Il s’agit aussi de susciter une meilleure intervention de cette société dans la crise actuelle. Pour y parvenir, les participants vont s’inspirer de l’intervention de la société civile du Benin et du Ghana, dans les crises que les deux pays ont connues.
L’objectivité et la crédibilité pour créer un climat de confiance
« Aujourd’hui, il est évident que nous sommes à un stade de la vie socio politique du Togo où nos efforts déconsolidation de la paix et de la bonne gouvernance doivent veiller à faire en sorte que les causes structurales de la violence soient éliminées et que des résolutions pacifiques des différends soient adoptées pour stabiliser la société aux niveaux politique et socio économique », a relevé M. Francis Acquah-Aikins, coordinateur régional du réseau WANEP. Pour ce faire, il a souligné la nécessité pour la société civile d’être objective, professionnelle, crédible et intégré. Cela est important pour assurer un climat d’entente, éviter les méfiances et créer un espace de confiance, permettant de conduire un dialogue réussi. Il a, par ailleurs, saisi l’occasion pour faire appel aux leaders politiques togolais à préserver l’intérêt national, l’ordre social, la paix et la cohésion nationale. Pour lui, il est évident que le désir de chaque parti politique au Togo est d’améliorer la vie socio économique des citoyens. Les voies pour y parvenir peuvent différer d’un parti à l’autre. Mais, « de telles différences ne doivent pas nous faire perdre de vue les points communs qui nous unissent pour améliorer la vie de notre peuple », a-t-il fait valoir.
A cet égard, Mme Mensah Marcelline, présidente du Conseil d’Administration de WANEP Togo, a rappelé que son organisation travaille pour prévenir les conflits et que cette initiative est une réponse conjoncturelle mais, qui répond à la vision du réseau. La représentante de la patronne du PNUD au Togo, Mme Beatrice Kayi Dogbe, a, dans ce sens, salué cette initiative de WANEP-Togo, qui va dans le sens de la préservation de la paix et de la mutualisation des efforts pour améliorer le vivre ensemble. Elle a invité la société civile à la neutralité et au professionnalisme, dans ses prises de position sur les questions politiques et autres.
Bernandin ADJOSSE
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