
A l’occasion de la Quinzaine de l’Environnement et du Développement Durable (QEDD), le Programme d’Appui à la Lutte contre le Changement Climatique, la protection de la biodiversité et l’agroécologie (PALCC+), financé par l’Union européenne, a organisé, les 16, 18 et 19 juin 2025 à Lomé, une série de conférences thématiques autour des politiques climatiques, forestières et de biodiversité au Togo.
Placées sous le thème général « Echanges stratégiques sur les enjeux du climat, de la gestion durable des forêts et des aires protégées au Togo », ces conférences ont rassemblé, en format hybride, près de 120 participants issus des institutions publiques, de la recherche, de la société civile, du secteur privé et des collectivités locales.

Les participants à la rencontre inaugurale.
Le format mixte, présentiel et visioconférence, a facilité une participation active, inclusive et interactive, saluée par tous les intervenants. La journée du 16 juin a été marquée par deux conférences complémentaires sur les politiques forestières, introduites par le secrétaire général du ministère de l’Environnement et des Ressources forestières, intervenu en ligne.
La première session a permis de rappeler les efforts du Togo pour encadrer et améliorer la gestion de ses ressources forestières. Les intervenants ont mis en lumière le cadre juridique et institutionnel (code forestier, arrêtés ministériels sur la foresterie communautaire, décret sur les mécanismes carbone), les instruments stratégiques comme le CSIGERN ou la stratégie REDD+, ainsi que les ambitions de reboisement (1 milliard d’arbres à l’horizon 2030). Le rôle des organes clés (ODEF, ANGE, CNDD) et la décentralisation de la gouvernance forestière ont été abordés en détail.
La seconde conférence du jour a permis d’ouvrir le regard sur les outils et mécanismes globaux soutenant la gestion durable des forêts : FLEGT, REDD+, Fonds Vert Climat, marché du carbone, etc. Les échanges ont mis en perspective les liens entre les engagements internationaux du Togo (Accord de Paris, ODD, AFR100) et les opportunités techniques et financières à mobiliser. Le rôle de la coopération internationale (en particulier de l’Union européenne et du Fonds Mondial pour l’Environnement) a été souligné comme levier de mise en œuvre des politiques forestières intégrées.
Marché carbone et gouvernance des aires protégées au cœur des débats
Le deuxième jour des conférences PALCC+ a été consacré à deux sujets hautement stratégiques : la finance carbone et la protection de la biodiversité. L’objectif de cette conférence était clair : positionner le Togo comme un acteur structuré et crédible sur le marché carbone international. Les présentations ont couvert tout le cycle de vie d’un projet carbone : définition, additionnalité, étude de faisabilité, méthodologies (VCS, Gold Standard), système MRV, certification, vente des crédits, etc. Une attention particulière a été portée à l’article 6 de l’Accord de Paris, que le Togo entend mobiliser de manière stratégique à travers son registre national carbone et les arrêtés d’homologation. Les participants ont été sensibilisés à l’importance des co-bénéfices : santé, emploi local, résilience agricole, biodiversité. Les discussions ont également alerté sur les risques de greenwashing et de spoliation des ressources nationales, appelant à une vigilance accrue sur la gouvernance des projets.
Dans l’après-midi, la deuxième session du jour a exploré les modèles de gouvernance des aires protégées (AP), à travers une analyse comparative des systèmes de gestion : régie directe, cogestion, délégation, gouvernance communautaire. L’expert Andrea Ghiurghi a insisté sur les facteurs clés de succès : participation locale, sécurisation foncière, financement durable, connectivité écologique et efficacité administrative.
Des expériences concrètes d’autres pays africains (Zakouma au Tchad, Ouadi Rime) ont permis d’enrichir les échanges. L’opérationnalisation de l’ONAP au Togo, créée en 2023, a été saluée comme une avancée majeure pour sécuriser et valoriser les 578 000 hectares d’aires protégées du pays.
Secteur privé et éducation environnementale à l’honneur
Le 19 juin 2025, les projecteurs ont été braqués sur le secteur privé, acteur essentiel mais souvent sous-mobilisé de la lutte contre les changements climatiques. Cette conférence a montré comment les entreprises peuvent devenir des leviers puissants de transition écologique, en investissant dans la décarbonation (efficacité énergétique, énergies renouvelables), la compensation carbone certifiée, et l’innovation durable (agriculture résiliente, économie circulaire).
Les intervenants ont également clarifié l’impact de l’article 6 de l’Accord de Paris sur les règles de comptabilisation des crédits carbone, et la nécessité de respecter des principes rigoureux pour éviter les pratiques de compensation fictive. L’enjeu : transformer les obligations climatiques en opportunités de productivité, de résilience et de compétitivité pour les entreprises togolaises.
La série de conférences s’est achevée dans une ambiance conviviale avec le Green Quiz spécial QEDD, qui a mobilisé plus de 50 candidats autour d’un quiz ludique et pédagogique. Questions sur le climat, la biodiversité, la foresterie et les politiques publiques ont permis de mesurer l’appropriation des savoirs par les participants. M. Panla Koffi s’est brillamment distingué en remportant le premier prix et le trophée officiel. Il bénéficiera d’un accompagnement personnalisé du PALCC+ et de l’Union européenne.
Un engagement multi acteurs pour une transition verte inclusive, avec l’appui de l’Union européenne
A travers cette série de conférences, le PALCC+, avec le soutien financier de l’Union européenne, a réussi à mobiliser les institutions nationales, les acteurs non étatiques, les collectivités territoriales et le secteur privé autour d’un dialogue stratégique structuré. En croisant les expertises, en diffusant les outils techniques et en favorisant l’appropriation des mécanismes internationaux, le programme a démontré sa capacité à renforcer la gouvernance environnementale du Togo.
Au-delà des présentations, c’est un véritable espace d’alignement, de co-construction et de projection vers l’avenir qui a été offert aux participants. Ces échanges viennent consolider les efforts du pays pour atteindre ses objectifs en matière de climat, de foresterie durable et de protection de la biodiversité, tout en posant les jalons d’une transition écologique juste, inclusive et économiquement porteuse.
Mélissa BATABA
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