Economie / Développement

Lutte contre la corruption : Le  Premier ministre lance la campagne de sensibilisation  

Le PM renvoie le président du HAPULCIAH dans ses prérogatives
Lutte contre la corruption : Le  Premier ministre lance la campagne de sensibilisation  

L’ère de la « tolérance zéro » contre la corruption est imminente au Togo, avec le lancement, ce jeudi 13 septembre, à Lomé, de la campagne nationale de sensibilisation de toutes les couches socioéconomiques contre ce fléau qui sape les efforts de développement des pays. Portant sur le thème, « participation citoyenne à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées », cette campagne vise à conscientiser et à mobiliser les Togolais contre ce mal insidieux, aux effets multiples et délétères, qui constitue un véritable frein à la démocratie. Un mal pour lequel il faut mener une lutte « collégiale, conséquente, structurante et efficiente », selon les termes du premier ministre, Komi Selom Klassou, dans son discours de lancement, au nom du Chef de l’Etat. Cette campagne, initiée par la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA), va inaugurer « une ère de tolérance zéro » à l’égard des actes se rapportant à ce crime.

La Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) a procédé, hier à Lomé, au lancement d’une campagne nationale, visant la conscientisation et la mobilisation des citoyens contre le fléau de la corruption. La cérémonie de lancement a été présidée par le Chef du gouvernement, Komi Selom Klassou, en présence d’autres membres du gouvernement et d’institutions étatiques, des partenaires et de diverses autres personnalités relevant du monde socioéconomique et de la société civile. Cette campagne participe à l’une des missions assignée à la HAPLUCIA, celle de contribuer à prévenir la corruption à travers la sensibilisation. La campagne se déclinera en ateliers d’information et d’échanges sur diverses thématiques portant sur l’état de la corruption et des infractions assimilées au Togo, la répression du fléau, les différents textes de la CEDEAO et des Nations Unies, etc.

Au lancement, le Chef du gouvernement, Komi Selom Klassou, au nom du Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbe, et du Gouvernement, a « félicité tous les membres de la Haute Autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées qui, en prenant cette noble initiative, traduisent dans les faits la ferme détermination de toutes les composantes de notre pays de participer individuellement et collectivement à la lutte contre la corruption, ce fléau de notre temps ».

Des méfaits du fléau et des mesures prises contre

A son avis, la corruption est un phénomène de société lié au comportement humain. Elle a un effet néfaste sur le progrès et le développement du continent. Elle constitue un frein à la croissance économique, dès lors qu’elle dissuade les investissements locaux et étrangers, occasionne des distorsions au niveau de la mobilisation et de la répartition des ressources, augmente les coûts de production, réduit la qualité des infrastructures de services publiques ainsi que le volume de recettes fiscales. Ce faisant, elle ne favorise pas l’accès aux services sociaux de base aux couches les plus vulnérables et accentue la fracture sociale.

Le Premier ministre a cité le 11e Président de la Banque mondiale, Robert Bruce ZOELLICK, qui disait que : « la corruption achète l’impunité, élimine toute condition d’égalité, étouffe la concurrence, encourage les conflits, bloque les transformations économiques et paralyse la croissance ». A cet égard, il s’est réjoui de la décision les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine de définir des stratégies communes pour : « remporter la lutte contre la corruption, une voie durable vers la transformation de l’Afrique ».

De l’avis de M. Klassou, « l’éradication de la corruption, qui incombe nécessairement à tous les citoyens, permet à un pays de se développer socialement et économiquement. Aussi, la lutte contre la corruption doit-elle être tout aussi collégiale, conséquente, structurante et efficiente ». Il a rappelé que dans cette dynamique, le Togo a signé la Convention des Nations Unies contre ce fléau, celle de l’Union Africaine et le Protocole de la CEDEAO contre la corruption. Tout ceci marque sa pleine adhésion à l’effort de la communauté internationale en vue d’enrayer ce mal. Il a fait savoir que les plus hautes autorités du pays ont pris  conscience qu’un milieu d’affaires transparent et ouvert est la pierre angulaire d’une démocratie solide. C’est pourquoi, le Chef de l’Etat, dans son message à la nation en janvier 2016, a, de justesse, rappelé que « la lutte que nous avons entamée contre la corruption doit être intensifiée avec méthode et détermination ». Ainsi, alliant l’acte à la parole, et pour définir le cadre légal des mécanismes de cette lutte implacable, le chef de l’Etat a fait prendre une batterie de mesures pragmatiques d’ordre législatif et réglementaire qui sont toutes aussi efficaces que complémentaires. Le Premier ministre a fait cas « des réformes rigoureuses, volontaristes, systémiques et cohérentes », entreprises pour asseoir une gouvernance transparente et lutter efficacement contre la corruption et les infractions assimilées. Il a également fait cas de la création de l’Inspection Générale des Finances, de la mise en place de la Cour des comptes et d’un nouveau cadre de passation de marchés publics entièrement conforme aux normes internationales, du Centre National de Traitement des informations Financières (CENTIF) de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) et de l’adhésion du Togo au Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP).

A ses dires, toutes les performances attendues dans la lutte contre la corruption doivent permettre de renforcer les facteurs de réussite, notamment la gouvernante économique, l’amélioration substantielle du climat des affaires et susciter la hausse des investissements privés nationaux et étrangers. L’objectif visé est de transformer structurellement notre économie et générer une croissance forte, durable, résiliente et surtout inclusive en vue de lutter efficacement contre la pauvreté.

Mission de la Haute Autorité

Précédemment, le président de la HAPLUCIA, M. Essohana Wiyao, a rappelé les effets de la corruption en citant l’ancien secrétaire général de l’ONU, le Ghanéen, feu Kofi Annan, qui disait : « La corruption est un mal insidieux dont les effets sont aussi multiples que délétères. Elle sape la démocratie et l’Etat de droit, entraîne la violation des droits de l’homme, fausse le jeu des marchés, nuit à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité organisée, au terrorisme et à d’autres phénomènes qui menacent l’humanité. Le mal court dans de nombreux pays, grands et petits, riches et pauvres, mais c’est dans les pays en développement qu’il est le plus destructeur ». Il a, cet effet, mis en exergue les missions de son institution. Créée le 28 juillet 2015, la HAPLUCIA a reçu deux missions principales, à savoir : la prévention et la répression des actes de corruption et infractions assimilées.

Au titre de la prévention, la loi a prévu comme moyens d’action, la communication, la sensibilisation, la vulgarisation de textes, la proposition de mesures aux administrations publiques et privées, la conception de modules d’enseignement, etc., a fait savoir M. Wiyao.

En ce qui concerne la répression, la Haute Autorité est habilitée à recevoir, étayer, documenter et transmettre au procureur de la République territorialement compétent des plaintes et dénonciations, ensemble avec des propositions de poursuites. Ainsi, la présente campagne, à son avis  « est destinée à inaugurer une ère de tolérance zéro à l’égard des actes de corruption et d’infractions assimilées.  Quand nous disons tolérance zéro, nous voulons signifier que chacun répondra pour un seul denier public volé. Nous voudrions aussi rappeler à chacun son devoir citoyen de dénonciation des actes de corruption dont il a connaissance ». M Wiyao fait noter que les ateliers de cette campagne comptent toucher un total de 7 650 participants de touts rangs  sur toute l’étendue du territoire. Il a invité les uns et les autres à  la sensibilisation, par une anecdote : « Si c’est bien la femme qui va souvent au marigot, qui peut aussi par mégarde casser sa propre jarre, comprenez aisément que ceux sont les premiers responsables qui sont les plus exposés à la tentation de la corruption. Personne ne devrait s’estimer trop grand pour prendre part à nos ateliers ». Le président de la HAPLUCIA a souligné que la présente sensibilisation  est une « Campagne nationale de vaccination contre le virus de la corruption et infractions assimilées », avant de souhaiter  que personne ne la rate. Les représentants des partenaires présents, notamment le PNUD, l’Union  Européenne, la société civile et la Chambre du Commerce ont tour à tour peint le tableau du fléau et ont rappelé la nécessité d’une lutte collective. Ils ont tous réitéré leur soutien au Togo dans ce combat.

Bernardin ADJOSSE


 

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