La recherche des moyens pour mettre fin aux multiples formes de violences faites aux femmes mobilise divers acteurs. Ce jeudi 28 décembre, à la mairie d’Aného, dans la préfecture des Lacs, L’ONG Femme Santé et Développement (ALAFIA) a lancé officiellement une cérémonie d’éradication officielle et l’entrée en vigueur des nouvelles coutumes dans le cadre de son projet « Eradication des pratiques coutumières néfastes au veuvage ». Ce projet vise l’amélioration des institutions traditionnelles, afin de les rendre plus garantes et défenseurs des droits de la femme au sein de leurs communautés.
Cette cérémonie a réuni tous les partenaires en développement de la préfecture des Lacs qui ont à l’unanimité, fait une déclaration, s’engageant à collaborer avec les autorités judiciaires et administratives pour assurer une meilleure protection des femmes durant les cérémonies de veuvage. « Nous nous sommes engagés à intervenir activement, afin que les traitements inhumains et dégradants entachant certaines cérémonies de veuvage soient interdits. Ceci, afin de sauvegarder la tradition dans le respect du droit. Nous recommandons aux officiants de veuvage d’adopter des attitudes respectueuses de la dignité humaine et nous veillerons aux droits de la veuve et de l’orphelin », a laissé entendre sa majesté Nana Anè Ohiniko Quam Dessou XV, chef traditionnel de la ville d’Aného, roi des Mina.
En effet, certains rites de veuvage institués par les traditions font partie intégrante des violences faites aux femmes et constituent une violation des droits fondamentaux des femmes. Car, outre les épreuves physiques et les périodes de réclusions infligées à la veuve, elle se sent quelquefois obligée de se marier au frère de son défunt mari. Ceci est devenu plus alarmant face au droit moderne et aux conventions de lutte contre les formes de violences faites aux femmes signées par l’Etat togolais et qui visent à accorder plus de libertés aux veuves et les amener à rentrer dans leur droit pour contribuer au développement de la nation. Ce projet d’éradication constitue un pont entre la tradition et la modernité tout en permettant aux veuves de jouir de leur droit. « La stratégie du projet a consisté à amener les leaders traditionnels et toute la communauté à pouvoir reconnaître les limites de certaines pratiques coutumières et de mettre en place de nouvelles dispositions permettant à la veuve de passer la période de deuil en toute dignité et sans crainte de punition divine. Ce processus vise, non seulement, à diaboliser ou à effacer nos croyances et pratiques coutumières, mais également, à les amener à répondre aux besoins du moment. Il vise aussi à mettre les lois traditionnelles en accord avec les lois modernes et traités internationaux », a expliqué Mme Tatey Adzoavi Nyuito, directrice exécutive de l’ONG ALAFIA.
Yankolina M. TINGAENA
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