Le Conseil de concertation entre L’Etat et le secteur privé a tenu mercredi 9 juin, à Lomé, sa deuxième réunion de l’année. Cette rencontre de haut niveau a permis d’échanger sur les perspectives de relance économique durable post- Covid-19 en Afrique, dans le monde et plus particulièrement au Togo. Il est aussi question d’identifier les leviers et actions à mettre en place pour renforcer la résilience de l’économie togolaise et donner au pays un nouveau souffle qui permettra d’atteindre les objectifs de croissance inclusive au bénéfice de chaque partie ainsi que de la population. Ce rendez-vous a été présidé par le Premier Ministre, Mme Victoire Tomégah- Dogbé en présence de certains membres du gouvernement, du prof. Carlos Lopes, économiste du développement et de la planification stratégique et des acteurs du secteur privé.
La crise sanitaire mondiale liée à la COVID-19 a fragilisé l’économie des pays et le Togo n’est pas du reste. Le gouvernement conscient du rôle important que joue le secteur privé dans la relance de l’économie post-Covid-19 a échangé mercredi à Lomé, avec cette cible sur les initiatives, les mesures et les actions à mettre en avant pour une reprise des activités économiques plus robuste. Placée sous le thème « relance post Covid-19 de l’économie togolaise : quel rôle du secteur privé » cette rencontre a permis d’édifier l’assistance sur les stratégies mondiales de la relance économique et les financements innovants pour le secteur privé. « L’Afrique est la région la moins infectée du point de vue sanitaire et la plus affectée économiquement. Nous avons un certain nombre de caractéristiques qui font d’elle la région extrêmement vulnérable avec des conséquences assez dramatiques pour nos économies », a précisé l’économiste de renom de la planification, Chief PND Officier-Togo, Prof. Carlos Lopes. Il est une éminente personne ressource, capable de faire une analyse exhaustive sur les dynamiques internationales de l’économie et porter un regard positif sur les stratégies à adopter par le Togo pour en tirer profit de la situation.
Le Togo sur la bonne voie de sa relance économique post-COVID
Prof. Carlos Lopes a précisé que la pandémie de la COVID-19 a engendré une augmentation de prix dans tous les domaines et exacerbé par la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, réduisant ainsi les demandes et surtout les possibilités de négociation. Aussi, selon lui, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) n’a pas créée un environnement favorable aux échanges et la plupart des monnaies africaines ont subi des attaques spéculatives considérables qui ont diminué leurs valeurs.
Au regard de tout ceci, a relevé M. Lopes, l’ensemble des caractéristiques macro-économiques s’est détérioré. Pour changer cela, l’économiste indique qu’il urge pour les pays africains de saisir des opportunités qui leurs sont offertes, notamment la remise en question des pays les plus puissants, ce qui donne l’occasion aux pays pauvres de faire des propositions nouvelles et innovantes. La grande pression de la relance économique post-COVID exige donc la participation du secteur privé.
Au nom du climat, a-t-il poursuivi, une concurrence additionnelle sera ouverte et constituera une barrière imposée pour la certification verte. C’est pourquoi il a exhorté le gouvernement à continuer de créer cette image favorable qui a permis au pays d’avoir une croissance de 1,8 % au cours de l’année 2020, malgré la crise. Pour lui, « les conditions sont réunis pour relancer l’économie avec l’inauguration de la Plateforme Industrielle d’Adeticopé (PIA) qui est une preuve palpable. Malgré la pandémie le gouvernement a une orientation déterminée pour booster l’économie ».
Pour conclure, Prof. Lopes a invité les institutions bancaires à soutenir les actions des autorités togolaises, en offrant des financements à moyen et long termes pour transformer structurellement l’économie du pays.
Plusieurs initiatives pour assurer la résilience du secteur privé
De son côté, le ministre du Commerce de l’Industrie et de la Consommation Locale, M. Kodjo Adedze a indiqué que « la grande vision du Chef de L’Etat est de faire du secteur privé le moteur de l’économie ». Pour ce faire, a-t-il relevé, le gouvernement a pris une panoplie de mesures en vue d’assurer la résilience de ce secteur privé face aux effets dévastateurs qu’a engendré la COVID-19, depuis son apparition en mars 2020 au Togo. Il s’agit, notamment des divers accompagnements en terme de payement des acomptes, impôts et taxes, la suppression des pénalités de retard, l’exonération des droits et taxes sur un certain nombre de matériels et de produits, entrant directement dans la riposte.
L’amélioration du code des investissements et du travail, la révision du code des impôts et foncier ainsi que l’adoption des lois sur la transaction économique et électronique, la création d’un centre de stockage de données, la mise en place de l’agropole à Kara etc. sont entre autres initiatives pour soutenir le secteur privé. S’agissant du plan de relance, le ministre Adedze a précisé que le gouvernement prévoit de renforcer les capacités productives du secteur privé, d’améliorer sa compétitivité dans le contexte du marché commun. Le pays compte aussi créer un mécanisme d’appui aux PME/PMI qui sera validé avec le secteur privé, des agropoles pour dynamiser la création d’emplois décents pour les jeunes, d’assainir les finances publiques, à travers le renforcement de contrôle de mise, la digitalisation de l’administration fiscal.
Le secteur privé prêt à jouer sa partition
Au nom des acteurs du secteur privé, le vice-président du Conseil National du Patronat (CNP), M. Thierry Awesso a d’abord fait l’état des lieux du rôle du secteur privé dans la relance de l’économie togolaise. Il a ensuite rappelé les mesures conjoncturelles et structurelles, les actions et les perspectives qui sous-tendent ce processus de relance économique. M. Awesso a fait savoir que malgré l’impact de la crise sanitaire sur les économies, le secteur privé togolais entend bien maintenir la dynamique déjà amorcée sur les cinq prochaines années à venir. « Conscient des enjeux et défis de compétitivité qui s’annoncent avec la mise en place de la ZLECAF, c’est avec détermination que le secteur privé s’engage résolument sur les pistes de collaboration innovantes avec le gouvernement pour la réalisation des objectifs du PND et de la feuille de route gouvernementale de 2021-2025 », a-t-il laissé entendre.
Renforcer le partenariat public-privé, une vision du chef de l’Etat
Au terme des travaux la cheffe du gouvernement, Mme Victoire Tomégah-Dogbé a relevé le caractère « très constructif » des échanges et les engagements pris par le secteur privé aux fins de travailler aux côtes du gouvernement pour la création de richesse. « Votre résilience et dynamisme face aux défis de la relance économique sont vivement appréciés. L’économie mondiale tend vers une reprise et les perspectives de croissance économique sont relativement encourageantes. Les pays qui en profiteront sont ceux qui vont mieux s’organiser et proposer un écosystème attractif et cohérent, des projets ambitieux, structurants et conçus dans un partenariat public-privé », a-t-elle déclaré. Ce genre de partenariat, selon Mme Dogbé, va contribuer à augmenter significativement de la valeur ajoutée pour nos matières premières et créer un maximum d’emplois pour la jeunesse.
Le Premier ministre a précisé, à cet effet que la construction de la centrale électrique « Kékéli », la centrale solaire de Blitta, l’IFAD Bâtiment, PIA et bien d’autres projets d’envergure sont le fruit d’un partenariat public-privé et constitue un signal très fort et une illustration de la vision du chef de L’Etat.
Pour ce faire, elle exhorte tous les acteurs à poursuivre cette collaboration avec l’Etat et faire preuve d’innovation, développer des projets compatibles, afin de saisir des opportunités. « Les échanges très riches que nous venons d’avoir nous ont permis de faire le point des progrès réalisés depuis le début de la pandémie mais également de présenter les grandes lignes des initiatives en cours et envisagées pour consolider le rôle moteur du secteur privé dans la reprise et la transformation structurée de l’économie togolaise », a conclu Mme le Premier ministre, tout en remerciant l’ensemble des parties prenantes.
Clémentine PANASSA.
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