Panafricanisme

Le PC Faure Gnassingbé appelle à un panafricanisme qui unit les peuples, cultures, marchés et savoirs

Le PC Faure Gnassingbé appelle à un panafricanisme qui unit les peuples, cultures, marchés et savoirs

Pendant des siècles, nos peuples ont été́ dispersés, réduits au silence, orphelins de leur propre voix dans le concert des nations. Pourtant, nos peuples ont résisté. Ils ont créé́. Ils ont reconstruit le monde, en portant l’Afrique dans leur mémoire, dans leurs luttes, dans leurs arts.

Près d’un siècle après le premier Congrès panafricain, voici que l’Afrique et sa diaspora se retrouvent à nouveau, debout, réunies, conscientes de leur puissance et de leur unité́.

Ce 9e Congres arrive à̀ un moment où l’Afrique n’est plus périphérique. Elle n’est plus silencieuse. Elle est jeune. Elle est forte. Elle est ouverte au monde, et déterminée à ne plus être modelée par d’autres.

Ce 9e Congrès n’est donc pas une commémoration. C’est une réaffirmation. C’est une reconquête. C’est un tournant. Car jamais, jamais depuis les indépendances, notre destin collectif n’a été́ autant entre nos mains. Jamais notre voix n’a été́ autant attendue. Jamais nos choix n’ont eu autant de résonance dans le monde.

Je vous souhaite donc à̀ toutes et à̀ tous, la bienvenue à̀ Lomé, un lieu d’ancrage, de mémoire et de projection. Un lieu où l’Afrique parle pour elle-même, et décide d’elle-même, pleinement.

Pour ouvrir ce rendez-vous avec nous-mêmes et avec notre avenir, je voudrais partager avec vous cinq observations.

Ma première observation, c’est que le renouveau panafricain est une nécessité stratégique.

Car le monde change, l’ordre international se recompose. De nouveaux pôles émergent.

Dans ce moment de transformation, une réalité́ s’impose : aucune nation africaine ne peut affronter seule l’ampleur des défis contemporains.

Ni l’injustice climatique. Ni les crises sanitaires. Ni les fractures technologiques. Ni la compétition économique mondiale.

Le panafricanisme n’est donc plus seulement une idée. C’est un impératif. C’est une stratégie de souveraineté́. Il s’agit de décider pour nous-mêmes, sur la base d’une vision collective, réaliste et ambitieuse.

Le panafricanisme que nous appelons ici n’est pas celui des slogans. C’est un panafricanisme pragmatique et exigeant. Un panafricanisme qui unit nos peuples, nos cultures, nos marches, nos savoirs. Un panafricanisme capable d’agir dans un monde qui lui, ne nous attendra pas.

Ce congrès doit réaffirmer une vérité́ simple : l’Afrique ne peut plus se contenter d’être spectatrice. Divisée, elle sera vulnérable. Unie, elle sera.

Ma deuxième observation, c’est que la réforme du multilatéralisme est aujourd’hui une exigence.

C’est l’autre évidence qui surgit de l’incertitude actuelle des équilibres géopolitiques : le monde ne peut plus être gouverné sans l’Afrique. Aujourd’hui, le Sud global s’affirme. Le système international a été́ conçu sans nous a été́ pensé dans un monde qui n’existe plus. Nos nations étaient encore sous domination coloniale. Nos peuples n’avaient pas voix au chapitre.

Aujourd’hui, un continent de 1,4 milliard d’habitants, qui représente 28 % des Etats membres de l’ONU, et bientôt le quart de l’humanité́, n’a toujours pas de siège permanent au Conseil de sécurité́. Ce n’est pas une anomalie, c’est une aberration.

Notre continent ne peut rester absent des lieux où se décide la paix, le commerce ou la finance mondiale. Depuis le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, l’Afrique porte une position claire. Et le représentant de l’Union Africaine l’a rappelé́ : 2 sièges permanents au conseil de sécurité́ avec droit de veto. Cette position est juste. Elle est légitime. Et il faut qu’elle soit entendue.

Mais nous devons aller plus loin : il faut réformer les institutions, et réformer dans les institutions. Les deux sont indispensables. Réformer les institutions, c’est corriger les déséquilibres de gouvernance. Réformer dans les institutions. Réformer dans les institutions, C’est peser davantage au quotidien, dans les décisions, dans les normes, dans les financements.

Ce congrès doit donc transformer nos principes en plan d’action africain, crédible et unifié. Cette réforme du multilatéralisme n’est pas seulement une revendication africaine. C’est une condition de stabilité́ pour le monde entier.

Ma troisième observation, c’est que notre principal levier d’action est la mobilisation de nos propres ressources africaines.

Notre développement ne viendra pas de solutions venues d’ailleurs. Il viendra d’abord de nous-mêmes : de nos ressources naturelles, de nos jeunes talents, de nos entreprises, de nos diasporas, de nos savoirs, de nos cultures.

C’est cela, la souveraineté́ moderne : financer nous-mêmes nos priorités, transformer nous-mêmes nos matières premières, moderniser nos systèmes alimentaires et sanitaires, et surtout investir dans notre capital humain.

Mobiliser notre propre capital, c’est aussi reconnaître la valeur de nos savoirs endogènes : nos langues, nos systèmes éducatifs, nos connaissances médicinales, nos traditions intellectuelles.

Une Afrique forte est une Afrique qui croit en ce qu’elle sait, en ce qu’elle peut et en ce qu’elle est.

Nous avons la jeunesse la plus dynamique du monde. Nous avons des terres abondantes. Nous avons des diasporas puissantes. Nous avons la créativité́, l’Energie, l’innovation. Mobiliser notre capital, c’est transformer enfin ce potentiel en puissance.

Ma quatrième observation, c’est que l’Afrique est une et indivisible.

Le panafricanisme est global. Il est dans notre continent. Il est dans la diaspora. Il est dans notre jeunesse. La diaspora, les Afrodescendants et les jeunes sont les trois forces motrices du renouveau africain. Faire d’eux des acteurs centraux, c’est renforcer l’unité́, la créativité́ et la puissance africaine.

La Diaspora et les Afrodescendants sont une source immense de savoirs, de créativité́, et surtout d’influence. Ils prolongent l’Afrique dans le monde. Ils élargissent notre horizon collectif.

Notre jeunesse est notre plus grand atout stratégique. Elle porte l’innovation, le numérique, la culture, l’économie créative, les luttes sociales. Elle est prête, si nous savons lui faire confiance.

Ce congrès doit réaffirmer l’unité́ de cette grande famille africaine : une unité́ historique, une unité́ politique, une unité́ culturelle et enfin une unité́ de destin.

Ma cinquième observation, c’est que le fondement de notre souveraineté passe aussi par la reconquête de notre narratif et de notre identité.

Mesdames et Messieurs.

Aucune puissance ne s’est affirmée en laissant les autres raconter son histoire. Depuis des siècles, l’image de notre continent a été́ fabriquée hors d’Afrique. Elle a été́ déformée, stéréotypée, instrumentalisée.

Nous ne pouvons plus accepter que nos réussites soient invisibles, que nos talents soient ignorés, que nos cultures soient réduites à des clichés.

Reconquérir notre narratif, c’est rétablir la vérité́ de notre histoire. C’est valoriser nos victoires. C’est corriger les récits coloniaux. C’est faire de nos arts, de nos langues, de nos cultures, des instruments d’influence.

Reconquérir notre narratif, c’est aussi maitriser les nouveaux espaces de communication numériques, médiatiques, et académiques.

Une Afrique qui maitrise son récit maitrise son avenir : c’est une Afrique qui inspire, qui attire, qui investit et qui influence.

Puisse Lomé devenir, cette semaine, le lieu où l’Afrique s’unit pour agir. Le lieu où nos voix se rassemblent, où nos idées s’élèvent, où notre destin se clarifie.

Nous n’avons pas besoin d’être sauves en tant qu’africains. Nous avons besoin d’être écoutes. Et surtout, elle a besoin d’être unie. Parce qu’une Afrique unie compte. Une Afrique unie inspire. Une Afrique bâtit.

Notre horizon commun est celui d’une Afrique connectée, inclusive, et sûre d’elle.

Ensemble, nous pouvons écrire une nouvelle page de notre histoire. Une page de dignité́. Une page de souveraineté́. Une page de renaissance.

Sur ces mots, Je déclare ouverts les travaux du 9e congrès panafricain de Lomé.

Que Dieu bénisse l’Afrique.

Je vous remercie.

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