Le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, a effectué, jeudi 8 juin, une visite inopinée à la frontière Togo-Ghana, à Kodjoviakopé, pour constater de ses propres yeux l’application des textes dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO. Par cette visite, le président de la République donne un signal fort de ce que sera son mandat qu’il a entamé seulement il y a quelques jours, en sa qualité de président en exercice de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO. Le Premier ministre, Komi Selom Klassou, le président de la Commission de la CEDEAO, M. Marcel Alain de Souza, des membres du gouvernement et autres autorités ont accompagné le chef de l’Etat dans sa visite.
A peine élu président en exercice de la conférence des chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dimanche dernier, le président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, a pris son bâton de pèlerin pour entamer les grands chantiers de son mandat, notamment celui de faire de la CEDEAO, celle des peuples. Hier, les agents des services d’immigration et de l’Office Togolais des Recettes (Douanes) ont été surpris par une visite inopinée qu’il leur a rendue afin de s’enquérir des pratiques qui y ont cours dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace communautaire.
Arrivé sur les lieux aux environs de 17 heures, il a été fortement ovationné par les populations aussi surprises que réconfortées par cette visite inattendue.
Le chef de l’Etat s’est immédiatement rendu au service immigration où il a voulu savoir comment se passent les choses à ce niveau. Les explications lui ont été données par le chef de ce service, le commissaire de police Atiyodimondom Kakali, qui a dit comment se font les entrées et les sorties des personnes selon qu’elles soient ou non membres de la CEDEAO. Ensuite, le président Faure Gnassingbé est allé à la brigade des douanes où le chef de cette section, M. Améganvi Bédra, a donné le processus de passage des marchandises.
A l’issue de cette visite, le chef de l’Etat s’est confié à la presse. Il a souligné que l’objet de sa visite était d’attirer l’attention des services de police et de douanes que les textes communautaires doivent être appliqués et que lui, en tant que président en exercice de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO et les autres commissaires, seront désormais très attentifs à cela. «Je pense que c’est dans la poursuite des efforts, dans la persévérance que nous pourrons arriver à la satisfaction des citoyens et des citoyennes de l’espace CEDEAO. Nous savons ce que la réalité est et les plaintes des populations. C’est de nous assurer que les pratiques seront en totale conformité avec les textes. Ce qui va être fait, c’est plutôt nos populations qui vont nous dire ce qu’elles ressentent. C’est le plus important. Autant qu’elles ne seront pas satisfaites, nous allons continuer les efforts», a-t-il dit.
Pour sa part, le président de la Commission de la CEDEAO, M. Marcel Alain de Souza, a félicité le président Faure, d’abord pour sa brillante élection en qualité de président de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO et ensuite, pour cette première sortie à laquelle ils sont associés.
«Il nous a fait venir pour voir comment orienter son mandat. Parmi les toutes premières actions, il a décidé de faire un tour à la frontière pour voir la libre circulation des personnes et des marchandises. Il a voulu constater de ses propres yeux ce que nous avons eu à faire par caméra cachée dans un film qui s’appelle «Taxi CEDEAO». Nous avons projeté ce film en décembre à tous les chefs d’Etat et montrer que la corruption sur nos frontières, sur nos routes et nos corridors constitue le principal handicap pour la libre circulation des personnes et des marchandises dans notre zone», a-t-il déclaré. Marcel Alain de Souza, a déploré les raquettes systématiques dont sont victimes les citoyens de la CEDEAO surtout aux traversées des frontières, qu’ils aient ou non leurs pièces d’identité, en dépit des textes communautaires en la matière.
«Cette première visite, c’est d’abord pour lancer la persuasion. Après, ce sont les sanctions qui vont suivre. On sait qu’on ne peut pas complètement éradiquer la corruption mais, on peut la réduire, sinon, on n’aura pas la libre circulation. Les chefs d’Etat ont décidé, l’année dernière, de mettre au point un groupe de travail qui est passé partout sur les frontières et a relevé pleines d’irrégularités par rapport aux textes. Ils ont présenté la situation après avoir rencontré les secteurs privé et public, ainsi que les ministres qui ont pris l’engagement de remédier à cette situation. C’est comme cela que nous allons bâtir la CEDEAO des peuples», a estimé le président de la Commission.
Faustin LAGBAI
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