La cinquième étape du programme d’indemnisation des victimes des violences à caractère sociopolitique de 1958 à 2005, a entamé ses opérations, depuis lundi 9 mai 2022, par le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN). Dans les chefs-lieux des régions de la Kara et Centrale, à savoir Kara et Sokodé, se déroulent des opérations d’indemnisation des victimes non vulnérables, qui sont, au même moment, sensibilisées aux valeurs de paix, de pardon et de réconciliation, socles de tout progrès social.
Apporter aux Togolais, victimes des violences sociopolitiques, un geste de réconfort et de consolation à travers la justice transitionnelle. C’est à cela que s’attèle le gouvernement depuis quelques années via le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), qui met en œuvre le programme de réparations des concitoyens ayant subi des préjudices. Ce programme, une volonté politique du président de la République, rentre déjà dans sa cinquième étape avec des sessions d’indemnisation d’un total de 2857 victimes, qui se déroulent simultanément, depuis lundi, à Sokodé, pour 1219 victimes programmées des préfectures de la Région centrale (Blitta, Sotouboua, Plaine de Mô, Tchamba et Tchaoudjo) et 1638 victimes pour celles de la Kara (Kéran, Doufelgou, Assoli, Bassar, Kozah et Binah).
Que ce soit à Sokodé ou à Kara, nombreuses sont les victimes ou leurs ayant-droits, à répondre présents avec les documents justificatifs pour recevoir leurs chèques dont les montants, préalablement définis par la CVJR, varient, en fonction des degrés de préjudice. Tout s’effectue à la lumière de la recommandation 34 de la CVJR, qui engage l’Etat à agir de sorte que ces pages sombres des événements du Togo, de 1958 à 2005, soient tournées, mais surtout, avec la garantie de la non-répétition de ces actes de violences, ainsi que des préjudices subis.
« Nous sommes en sessions à Kara et à Sokodé, où précisément, nos opérations d’indemnisation sont programmées pour satisfaire 1219 victimes. Il peut arriver qu’on indemnise plus ou moins. Nous sommes dans ce processus d’unité nationale et de réconciliation qui doit passer d’abord par l’apaisement des victimes des troubles sociopolitiques. Des gens ont pratiquement perdu tout et d’autres portent encore des blessures. L’Etat a pris la responsabilité d’indemniser des personnes qui sont blessées dans leurs âmes. Ce ne sont pas de grosses sommes, mais des gestes symboliques pour dire à chaque victime qu’elle a souffert pour sa patrie », a souligné le deuxième rapporteur du HCRRUN, Mme Akakpo Ahianyo-Kpondzo. Selon elle, c’est une démarche louable, car c’est après que les cœurs sont apaisés, que les oreilles vont pouvoir être ouvertes pour écouter les messages d’unité et de pardon. Elle a ajouté que vu les expériences sur le terrain, le processus se renforce progressivement pour atteindre les objectifs.
Dame Rabiatou est un ayant-droit qui a reçu son chèque à Sokodé. Elle a promis utiliser une partie de l’argent pour réhabiliter la mémoire de son défunt mari, en réaménageant leur maison. L’autre partie va permettre de renforcer ses activités commerciales pour pouvoir répondre aux besoins des enfants. « Je suis contente et je ne peux que rendre grâce à Allah le tout puissant. Je pense que nous n’avons pas d’autre choix que de pardonner et semer la paix autour de nous. Je remercie les autorités, notamment, le président de la République pour cette initiative. Rien ne peut remplacer des pertes en vie humaine, par exemple, mais ce qui compte, il faut tout mettre de côté et avancer dans le bon sens, réaliser l’avenir », a-t-elle confié.
Jules LEMOU
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