Les parties prenantes au Conseil National de Pilotage des Politiques de Développement (CNPPD) se sont données rendez-vous, ce mardi 5 décembre, à Lomé, afin de procéder à l’examen critique de la mise en œuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE) en 2016. Une stratégie qui prend fin cette année pour laisser place au Plan National de Développement (PND), de 2018 à 2022. Au quatrième année de sa mise œuvre, la SCAPE est marquée par des efforts soutenus, en 2016, à travers des actions de développement dans tous les domaines, avec des résultats encourageants. Même si des défis à relever persistent dans la lutte contre la pauvreté et en matière de déficit social. Globalement, le cadre marcro-économique est resté stable comme en 2015, le taux d’investissement global s’est amélioré et l’inflation maîtrisée à un taux situé en dessous du seuil de l’UEMOA. C’est le Premier ministre Komi Selom Klassou qui a présidé les travaux, en présence de diverses autres personnalités.
Les travaux de la revue annuelle conjointe de mise en œuvre de la SCAPE en 2016 se sont déroulés, hier à Lomé, sous la conduite du président du Conseil National de Pilotage des Politiques de Développement (CNPPD), le Premier ministre, Komi Selom Klassou. Membres du gouvernement, partenaires techniques et financiers, acteurs du secteur privé et de la société civile sont conviés à ces travaux d’évaluation des performances et faiblesses enregistrées dans la mise en œuvre de la SCAPE. Dans l’ensemble, les résultats de la 4e année de mise en œuvre de cette Stratégie sont encourageants. Le cadre macroéconomique, tout comme en 2015, est resté globalement stable, malgré un fléchissement de 0,4 point de pourcentage du rythme de la croissance (5,1% en 2016, contre 5,5% en 2015). Le taux d’investissement global s’est amélioré, pour s’établir à 27% en 2016, contre 25,9% en 2015. L’inflation, dont le seuil communautaire est fixé à 3%, est maîtrisée à un taux de 0,9%.
Selon le Premier ministre, Komi Selom Klassou, la SCAPE est fondée sur cinq (5) principaux axes : « le développement des secteurs à fort potentiel de croissance », « le renforcement des infrastructures économiques », « le développement du capital humain, la protection sociale et l’emploi », « le renforcement de la gouvernance et la promotion du développement participatif équilibré et durable ». Dans l’ensemble, les acteurs du CNPPD ont noté, avec satisfaction, une concordance de vues sur les efforts soutenus dans les actions de développement.
Les efforts soutenus par axe de développement
Concernant les secteurs à fort à potentiel de croissance, le Premier ministre a relevé, avec les autres membres du Conseil, des avancées dans les niveaux de réalisation des indicateurs de performance. Ces avancées portent sur la production agricole, le développement de l’artisanat et des services. Ainsi les besoins nationaux en produits céréaliers sont couverts par la production locale à 110% en 2016, contre 106% en 2015. Ces besoins en produits d’élevage ont été couverts à 56%, contre 48% en 2015, a fait savoir M. Klassou. A son avis, « la dynamique de développement des agropoles, qui aura pour point d’orgue le transformation des produits, et donc l’essor de l’agrobusiness, viendra booster, dans le futur, les exploits du secteur agricole ». Toujours dans cet axe, le renforcement des capacités des artisans s’est traduit par la formation de près de 1600 maîtres artisans, contre 300 initialement prévus. Les allocations budgétaires destinées au développement du secteur ont été élevées à plus de 700 millions de FCFA contre 650 millions en 2015.
S’agissant des infrastructures économiques, des progrès sont enregistrés dans la plupart des sous-secteurs. Par exemple, le taux de revêtement des routes nationales est passé de 55% en 2015 à 60% en 2016. Le trafic aérien à l’aéroport international Gnassingbé a connu un accroissement de 9,2%, passant de 694.335 à 758.784 passagers en 2016. M. Klassou, a toutefois, noté « une baisse conjoncturelle » des activités portuaires en 2016, avec un volume de conteneurs manutentionnés au Port de Lomé, qui a régressé de 905.700 en 2015 à 821.639 en 2016. Relativement aux autres sous secteurs de cet axe, notamment les infrastructures énergétiques et les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), des avancés sont aussi notées. Le taux d’électrification a évolué de 33% en 2015 à 35,5% en 2016. Celui de pénétration de la téléphonie fixe et mobile est passé de 70,4% à 77,6%. Des progrès sont aussi notés dans la réalisation de l’axe concernant le développement du capital humain. Ces avancées touchent, notamment, les secteurs de l’éducation, de la santé, de la couverture de la population en assurance maladie, et de l’emploi.
En matière du renforcement de la gouvernance, l’on note que l’indicateur CPIA (Evaluation des Politiques et des Institutions nationales) de la Banque Mondiale, pour le Togo, n’a pas varié depuis 2013. Concernant la sécurité publique et la défense nationale, le chef du gouvernement a fait savoir que l’état de la situation sécuritaire du pays est passé de 89% en 2015 à 92% en 2016, avec un taux de criminalité baissé de 2,1% à 1,9%. Relativement à la gouvernance administrative et locale, l’on retient que le montant total du budget alloué aux collectivités territoriales a augmenté de 11,8%. « Il convient de rappeler qu’en matière de décentralisation et des élections locales, notre pays pose des pas assurés et irréversibles vers la gouvernance locale décentralisée », a-t-il souligné. Au niveau de la gouvernance économique, M. Klassou a indiqué que le taux de pression fiscale s’est établi à 22,1% en 2016, contre 20,1% en 2015, ce qui dénote de la bonne performance de mobilisation des ressources internes, pour le financement des projets de développement. M. Klassou a cité le rapport annuel 2016 de la zone franc, publié en 2017 par la Banque de France, qui dit : « Au 31 décembre 2016, le système bancaire du Togo comportait 15 établissements de crédit (banques et établissements financiers comme le fonds Gari), soit le même nombre qu’en 2015. Le développement du système bancaire est relativement important, avec des crédits nets à l’économie représentant 36,8% du PIB, la plus forte proportion en UEMOA, et contre une moyenne de 28% pour l’ensemble de la zone UEMOA ». Il a fait noter que le système bancaire togolais a renoué, en 2016, avec des résultats nets positifs de 63,4 milliards de FCFA, après une perte de 46,7 milliards en 2015. D’après ce rapport, « 17,6% de la population adulte togolaise disposent d’un compte dans une institution financière, soit le taux le plus élevé de l’UEMOA ». Au dernier axe de la SCAPE, relatif aux efforts pour promouvoir le développement participatif, le Premier ministre a relevé des résultats encourageants. Au total 25,67 milliards de FCFA de microcrédits ont été octroyés sur fonds de garantie à 525 jeunes et groupements à intérêt économique. Parallèlement, l’Etat a accompagné les communautés à la base par 3,2% de son budget.
Perspectives du gouvernement
Mais au-delà de ces résultats, l’Etat travaille à renforcer sa politique publique, pour améliorer significativement les conditions de vie des populations. Ainsi, comme perspectives, le gouvernement entend consolider davantage le cadre macroéconomique et réduire le déficit social, à travers le Plan National de Développement (PND) en finalisation.
« Par ailleurs, notre pays est activement engagé dans l’alignement de ses politiques de développement sur le nouvel agenda mondial à l’horizon 2030 basé sur les Objectifs de Développement Durable (ODD). A ce titre, nos défis majeurs portent sur (i) la réévaluation du produit intérieur brut ; (ii) l’intégration de l’économie bleue dans les politiques et programmes de développement ; (iii) la finalisation de l’élaboration puis l’adoption du Plan national de développement (PND 2018-2022) et de sa matrice des actions prioritaires, (iv) le renforcement du système statistique national, (vi) la poursuite vigoureuse des mesures de réformes relatives à l’amélioration de l’environnement des affaires et des investissements, avec la Cellule Climat des Affaires (CCA) créée le 29 septembre 2017, pour plus de performance », a-t-il souligné. Il a, au passage, salué l’engagement des partenaires à appuyer le gouvernement pour faire du Togo un hub logistique central, un centre d’affaires dans la sous région et un pôle de développement des agropoles, mieux, pour la mise en œuvre de programmes de développement. Du reste les différents acteurs du CNPPD ont saisi l’occasion pour faire part de leurs préoccupations, invitant à faire des efforts, afin d’améliorer le climat des affaires. Le secteur privé, par exemple, demande à être mieux écouté, pour ses observations et doléances, en matière de politique économique. Les partenaires techniques et financiers, tout en réitérant leur engagement à accompagner le pays, souhaitent que la situation politique actuelle ouvre la voie au dialogue pour opérer des reformes dans un cadre consensuel. La société civile, pour sa part, voudrait être associée davantage à la conception des programmes de développement.
Bernardin ADJOSSE
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