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La CEDEAO impose un arsenal de décisions aux juntes guinéenne et malienne

Le président de la République a participé activement aux travaux
La CEDEAO impose un arsenal de décisions aux juntes guinéenne et malienne

Les chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont réunis, jeudi le 16 septembre 2021, à Accra, pour délibérer sur la situation politique en Guinée Conakry, suite au putsch qui a renversé le président Alpha Condé, le 5 septembre dernier. Le président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé a pris part aux travaux de ce sommet extraordinaire qui a pris en ensemble de décisions contre les auteurs du coup d’État. Les chefs d’Etat ont suspendu la Guinée de leurs instances et appelé à des élections au plus tard dans six mois. Ils ont aussi planché sur la lenteur de la transition au Mali.

Les dirigeants des quinze pays de la CEDEAO, réunis en sommet extraordinaire, jeudi  à Accra au Ghana,  ont pris un certain nombre de mesures économiques sanctionnant individuellement les auteurs du putsch qui a renversé le président Alpha Condé, le 5 septembre. Après avoir suspendu la Guinée de leurs instances, ils ont décidé de geler les avoirs financiers des membres du Conseil National pour le Retour à la Démocratie (CNRD), qui ont pris le pouvoir et de leurs familles, tout en leur imposant des interdictions de voyager.

Placés sous les offices du Président en exercice de la Conférence, le chef de l’Etat ghanéen, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, les travaux ont été sanctionnés par un  communiqué exigeant une transition d’une durée de 6 mois, au bout de laquelle les élections doivent être organisées pour la restauration de l’ordre constitutionnel. La CEDEAO qui dit être ferme sur cette exigence, demande que la transition soit conduite par le Colonel Mamady Doumbouya, secondé par un Premier ministre civil.

Selon ce communiqué, les Chefs d’Etat ont pris note  du  Rapport  de  la Mission  de  haut  niveau  dépêchée  en  République  de  Guinée, le  10  septembre  2021,  à  la  suite  de  la  Session  extraordinaire  de  la  Conférence  tenue, le  8 septembre 2021 par visioconférence. La Conférence, qui a entériné les principales recommandations contenues dans le rapport de la Mission, a délibéré sur la situation politique en Guinée.

Ainsi, elle « réitère sa ferme condamnation du coup du 5 septembre  2021 et réaffirme son exigence pour la libération immédiate et sans condition du Président Alpha Condé. Elle rappelle encore qu’elle tient les membres du Comité National de Rassemblement et de Développement (CNRD) pour responsables individuellement et collectivement de l’intégrité physique du Président Alpha Condé », souligne le communiqué.

Le texte précise aussi que la Conférence a été informée de la situation socio-politique dans ce pays et de « l’apparent engagement du CNRD à œuvrer pour un retour rapide de l’ordre constitutionnel ». Elle a également noté la décision du CNRD d’engager des consultations avec l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux sur la situation  socio-politique en Guinée.

La CEDEAO fortement préoccupée de la résurgence des coups d’Etat

Les chefs d’Etat de la région se disent fortement préoccupés de la résurgence des coups d’Etat après ceux du Mali, en 2020 et 2021. De ce fait, ils décident du maintien de la suspension de la Guinée de toutes les  instances  de  la CEDEAO jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel, ainsi que de la mise en œuvre des sanctions ciblées, conformément aux protocoles de la  CEDEAO,  impliquant l’interdiction  de  voyage  et le gel des avoirs financiers des  membres  du  CNRD, ainsi que des membres de leur famille. Pour y parvenir, ils sollicitent l’appui de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des Nations Unies, et des partenaires multilatéraux et bilatéraux pour la mise en œuvre desdites sanctions.

L’interdiction  aux  membres du CNRD d’être candidats à l’élection présidentielle, de même que l’accompagnement de la CEDEAO dans la résolution rapide de la crise et la préparation des élections ont été également décidés par les chefs d’Etat et de gouvernement.

A cet effet, ils appellent l’Union Africaine, les Nations Unies, ainsi que les partenaires au développement à endosser les décisions prises et à accompagner la  restauration de l’ordre constitutionnel en République de Guinée. Par la même occasion, les membres de la conférence ont demandé au Président en exercice de la Communauté de visiter les Républiques de Guinée et du Mali, dès que possible, afin de notifier en personne les décisions de la Conférence.

La situation au Mali préoccupe aussi les chefs d’Etat de la CEDEAO

Sur autre volet, les chefs d’Etat ont pris note du rapport de suivi de la transition politique au Mali présenté par le Médiateur, l’ancien président nigérian, Goodluck Ebele Jonathan. Ils ont  salué la  qualité  des  rapports  soumis,  ainsi  que  la  pertinence  des recommandations qui y sont contenues. Concernant la transition politique en République du Mali, la Conférence demeure très préoccupée par la lenteur dans la préparation des élections prévues pour fin février 2022.  La Conférence réitère sa demande pour un respect strict du calendrier de la transition. A cet effet, elle demande aux autorités de la transition de soumettre, au plus tard à la fin du mois d’octobre 2021, le chronogramme devant conduire aux étapes essentielles pour ces élections. Comme en Guinée, la Conférence décide des  sanctions ciblées contre tous ceux dont les actions impactent négativement sur le calendrier de la transition tel qu’arrêté par  les  Chefs  d’Etat  et  de  Gouvernement  de  la  CEDEAO. Ces sanctions incluraient  notamment  l’interdiction de voyage pour ces personnes et leur famille et le gel de leurs avoirs financiers. A cet effet, la Conférence demande au Président de la Commission de la CEDEAO de compiler et de soumettre la liste des individus et groupes d’individus concernés.

Par ailleurs, la Conférence condamne fermement les arrestations continues, ainsi que l’incarcération de leaders politiques et anciens dignitaires par les autorités de la transition. Elle demande leur traitement judiciaire, conformément à l’Etat de droit et au respect des droits de l’Homme.

Nécéssité de renforcer la démocratie dans la région

Au plan sécuritaire, la Conférence  dénonce  fermement  la  volonté  des autorités de la transition d’engager des compagnies de sécurité privées au Mali et est très préoccupée par les conséquences certaines sur la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays et dans l’ensemble de la région.

Tenant compte des développements récents dans la région, la Conférence réaffirme que la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance est essentielle pour le développement, la paix et la stabilité de la  CEDEAO. En conséquence, le Président de la Commission a été instruit à initier le processus de réexamen du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance  de  2001, afin  de  renforcer  la  démocratie, la paix, et la stabilité dans la région.

Enfin, les Chefs d’État et de Gouvernement expriment leur profonde gratitude à  Nana  Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président en exercice de la Conférence des Chefs  d’État  et  de Gouvernement de la CEDEAO, pour son leadership dans la direction des affaires de la Communauté.

Bernardin ADJOSSE

 

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