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IATF 2025 : Pour Olusegun Obasanjo, l’Afrique peut et doit construire son propre avenir

IATF 2025 : Pour Olusegun Obasanjo, l’Afrique peut et doit construire son propre avenir

L’ancien président du Nigeria et président du conseil consultatif de l’IATF, S.E. Olusegun Obasanjo, a tenu une discussion franche au coin du feu lors de la foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), à Alger ; ce 8 septembre 2025, avec Fifi Peters de CNBC Africa. Les échanges ont porté sur l’avenir commercial de l’Afrique, la nécessité de repenser les structures économiques mondiales et le rôle central de la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA).Il a lancé un cri de ralliement pour l’autosuffisance économique, l’intégration régionale et le leadership audacieux sur tout le continent africain.

Dans le cadre de la 4ᵉ édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), organisée à Alger, Olusegun Obasanjo, président du Conseil consultatif de l’IATF,  a salué le rôle moteur de l’Algérie dans la l’intégration africaine soulignant l’importance des efforts déployés par le Président Abdelmadjid Tebboune pour hisser cette édition à un niveau inédit.

 « Nous avons atteint une étape supérieure grâce aux grands efforts du Président de la République. J’avais quelques réserves, mais il m’a affirmé avec assurance que cette édition réussirait au service de l’Algérie et du continent africain », a déclaré M. Obasanjo.

Il a rappelé que la participation de quatre chefs d’État africains, de quatre premiers ministres des Caraïbes constitue une première dans l’histoire de l’IATF, témoignant du rôle central de l’Algérie dans la dynamique d’intégration économique africaine, notamment à travers la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Obasanjo a abordé aussi le rôle trouble  des institutions financières mondiales, exhortant les nations africaines à repenser leur dépendance à des structures qui ne servent pas les intérêts du continent.

« La Banque mondiale n’a pas été créée pour nous. Le FMI n’a pas été créé pour nous. Quand nous réaliserons cela, nous commencerons à comprendre comment aborder ces problèmes économiques mondiaux qui ne nous favorisent manifestement pas », a-t-il laissé entendre.

Citant la dévaluation chronique des monnaies africaines, il a mis les dirigeants au défi de faire face aux faiblesses structurelles de leurs économies. « En 46 ans, qu’avons-nous fait pour que nos monnaies soient toujours aussi dévalorisées ? Quelque chose ne va pas, » a-t-il ajouté.

Il faut réinitialiser l’économie intra-africaine

L’autre sujet important que le président du Conseil consultatif de l’IATF a abordé a été l’urgence d’approfondir le commerce intra-africain et de renforcer les institutions continentales, y compris l’ALEA. Pour lui, « Si nous négocions entre nous, nos banques ne devraient pas nous dire que nous avons besoin de dollars ou d’euros, » « Pourquoi le dollar devrait-il rendre nos monnaies sans valeur ? », s’est-il interrogé soulignant que la véritable indépendance exige la construction de systèmes qui fonctionnent pour l’Afrique plutôt que de copier des cadres de l’extérieur.

« Nous devons faire les choses qui nous rendront plus dépendants des institutions qui n’ont pas été faites pour nous. », a-t-il relevé.

SelonOlusegun Obasanjo, l’Afrique peut et doit construire son propre avenir. Il a clairement fait une distinction entre les systèmes extérieurs qui ont historiquement blessé l’Afrique et la promesse d’initiatives nationales comme l’AfCFTA.

« La traite des esclaves était mauvaise pour nous. La mondialisation était mauvaise pour nous. Mais se réunir pour établir la zone de libre-échange continentale africaine est bon pour nous », a-t-il déclaré. « Parler de la mondialisation africaine, c’est bon pour nous. »

Il a indiqué que si l’Afrique est riche en diversité, elle doit s’intégrer économiquement pour prospérer. « Nous devons comprendre le monde dans lequel nous vivons – prendre ce qui est bon pour nous, et laisser ce qui ne l’est pas. Il y a beaucoup dans le monde qui ne sont pas bons pour nous. »

Passeports diplomatiques pour les hommes d’affaires

S’agissant des obstacles pratiques quotidiennes qui le commerce et les mouvements en Afrique, le président du Conseil consultatif de l’IATF, Olusegun Obasanjo estime que c’est possible de résoudre ces goulots d’étranglement. Pour preuve, « l’Algérie a approuvé plus de 10 000 visas à son arrivée pour l’IATF. Qu’est-ce qui empêche un de nos pays de dire, pour les affaires, que vous obtiendrez un visa de 10 jours à votre arrivée ? Cela changerait beaucoup de choses ».

Partageant une anecdote personnelle, il a rappelé qu’il n’a pas pu suivre un programme dans un autre pays africain en raison de problèmes de visa.

« Ils ont dit que c’était pour la sécurité. Mais l’Algérie n’a pas utilisé la sécurité comme excuse pour l’IATF. Si quelqu’un vient faire des affaires, pourquoi passerait-il plus d’un mois à courir après un visa ? » « Plus nous unissons nos rangs, plus nous progressons », a-t-il insisté, avant de proposer la création de passeports diplomatiques destinés aux hommes d’affaires, afin de faciliter la circulation et stimuler les investissements intra-africains.

Pour ce qui concerne le commerce côtier, les monnaies locales et les systèmes de paiement, Obasanjo a plaidé en faveur du renforcement des itinéraires maritimes côtiers, de la simplification des changes et de la sensibilisation aux systèmes de paiement africains. « Pourquoi devrais-je chercher des dollars pour acheter quelque chose en Algérie alors que le fournisseur accepte la monnaie locale ? » a-t-il demandé. « Nous devons développer le commerce intra-africain. Juste les petites choses comme découvrir que je pourrais exporter des nouilles en Angola peuvent ouvrir de grandes opportunités. »

Il a souligné que l’intégration n’est pas seulement une question de politique, mais aussi une question de mise en œuvre pratique. « Nous devons sensibiliser nos systèmes de paiement. Nous devons comprendre l’importance de bouger ensemble. »

Pour le développement du commerce et la croissance économique africaine, Obasanjo exhorte aux Africains de ne pas sous-traiter leur développement. « Notre développement devrait être notre affaire. »

 « Mais si nous donnons ce qui nous appartient à des étrangers, nous devenons ennemis de nous-mêmes. », a conclu l’ancien président nigérian.

Moussouloumi BOUKARI

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