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HCRRUN poursuit l’indemnisation des victimes

une séance de consultation
HCRRUN poursuit l’indemnisation des victimes

« Ouvrons nos cœurs au pardon, à la réconciliation et à la paix ». C’est l’un des appels clés du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), à l’endroit, particulièrement, des victimes de violences à caractère politique au Togo, de 1958 à 2005. Cet appel vient en soutien à la mise en œuvre de son programme de réparation, commencé depuis le 12 décembre dernier, à Lomé, avec la prise charge des victimes vulnérables des violences de 2005, essentiellement. Après les victimes des régions du Nord, ces réparations se poursuivent depuis le 18 décembre, pour le compte de la seconde phase, concernant les victimes des Plateaux Est.

L’indemnisation des victimes vulnérables des violences à caractère politique au Togo se poursuit, dans la grande tente des réunions de l’hôtel 2 février à Lomé. Ce 20 décembre 2017, les réparations, qui consistent à la prise en charge médico-psychologique et à la remise de chèques, concernait les victimes vulnérables des Plateaux Est. Il s’agit de réparations symboliques, marquant « un pas de plus vers un Togo réconcilié » et devant engager chaque Togolais sur la voie du pardon, de la promotion du « vivre ensemble », une nécessité par-delà tout.

La quasi-totalité des victimes prises en compte par ces réparations s’est montrée compréhensible par le symbolisme de ce geste de réconfort, de compassion et de reconnaissance, par l’Etat, de leur statut. « Moi, je veux que le Togo ne connaisse plus de victimes liées aux violences politiques. La violence au Togo, ça ne sert absolument à rien. C’est à cause des violences que nous sommes devenus handicapés, sans pieds, pour certains, et sans bras, pour d’autres. Je veux dire à mes frères togolais de nous pardonner mutuellement. Personne ne viendra d’ailleurs pour construire le Togo. C’est nous-mêmes qui devons le construire. Donc, aimons-nous les uns les autres et donnons-nous la main… Si on ne se pardonne pas, on ne pourra pas construire ce pays ; il sera déchiré en petits morceaux. Qui alors pourra recoller ces morceaux déchirés ? », a relevé M. Oléko Byao, une victime au bras coupé, manifestement décomplexé et résolument engagé sur la voie du pardon, dans l’intérêt bien compris de son pays.

Pour une autre, la sœur Ana Françoise, handicapée par des balles perdues, seuls « l’amour du prochain, quelles que soient les circonstances » et « le grand pardon sont des valeurs hautement humaines » devant Dieu. Car, rappelle-t-elle, sans rancune, ni haine, « Dieu a dit si vous ne pardonnez pas à votre prochain, il ne vous pardonnera pas non plus. Il faut oublier, laisser tout à Dieu et accepter tout ce que Dieu vous donne. Je remercie mon Dieu pour mon état actuel et je remets tout entre ses mains ».

Au fait, les réparations consistent essentiellement à une prise en charge médico-psychologique par des médecins de l’ONG Aimes Afrique. Selon son président, Dr Michel Kodom, les victimes sont des handicapés qui nécessitent l’équipement en appareillage. Certains ont encore des balles dans leur corps et devront suivre une chirurgie. Dans tous les cas, Aimes-Afrique a mobilisé toute son expertise pour satisfaire les victimes au mieux, a-t-il expliqué.

Après la prise en charge médico-psychologique, chaque victime repart avec un chèque, dont la valeur est déterminée d’avance, en fonction du préjudice subi, par la commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Toutes les opérations de réparation se font sous la supervision de deux huissiers, Mes André Sama Botcho et Dornyol Yawavi Mireille, qui constatent et certifient les actes et la réception des chèques.

De l’avis du 2e rapporteur du HCRRUN, Mme Claudine Kpondzo Ahianyo, les victimes vulnérables de la Région des Plateaux-Est sont au total 22 présentes, sur les 29 enregistrées. Il y aurait des cas de décès et une victime atteinte de folie. Cette dernière sera prise en charge par des soins spécifiques. En cas de décès d’une victime, l’indemnisation revient aux héritiers ou aux ayants droit, sur présentation d’un acte de filiation établi par un notaire. Les réparations de victimes vulnérables prendront fin le 29 du mois, pour laisser place à l’indemnisation des autres victimes.

Bernardin ADJOSSE

 

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