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Examen de l’évolution de la situation économique et du système financier à fin mars 2023

Le ministre Sani Yaya (milieu) a présidé les travaux du CNC.
Examen de l’évolution de la situation économique et du système financier à fin mars 2023

La deuxième réunion du Conseil National du crédit (CNC) s’est tenue, le 6 juillet 2023, au siège national de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Lomé. Au menu de la rencontre dirigée par le ministre de l’Economie et des Finances, Sani Yaya, en présence du directeur national, Kossi Tenou, l’examen de l’évolution de la situation économique et du système financier à fin mars 2023. Les échanges ont porté aussi sur les facteurs de blocage du financement du secteur de l’habitat. Globalement, la tendance au niveau de la croissance économique est à la hausse, avec une prévision du Produit Intérieur Brut (PIB) à 6,6% en 2023, un taux d’inflation à la baisse à 5,8% à fin mai 2023 et un endettement soutenable de 60%, soit en dessous de la norme de l’UEMOA. Ce qui dénote d’une résilience de l’économie nationale.

Les membres du Conseil National du Crédit (CNC) se sont retrouvés, le 6 juillet 2023, à Lomé, pour le compte de leur deuxième réunion de l’année 2023. A l’ordre du jour, le décryptage de l’environnement économique et financier du Togo à fin mars 2023.

Ainsi, selon le président du CNC, le ministre Sani Yaya de l’Economie et des Finances, sur les quatre premiers mois de l’année, il est observé une évolution favorable de la conjoncture économique. En effet, une tendance haussière est notée au niveau des indices de la production industrielle, des chiffres d’affaires dans le commerce et les services marchands. En outre, la campagne agricole en cours a globalement bien démarré, avec une bonne répartition spatio-temporelle des précipitations sur toute l’étendue du territoire national.

Par ailleurs, l’indice du climat des affaires poursuit sa tendance haussière, ce qui traduit le maintien de la confiance des chefs d’entreprise et des opérateurs économiques sur l’orientation favorable des activités. Ces évolutions confirment la prévision du taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) à 6,6% en 2023, contre 5,8% en 2022 et 6% en 2021. Une autre bonne nouvelle se dessine au niveau du rythme de progression du niveau général des prix, avec un taux d’inflation établi à 5,8% à fin mai 2023, contre 8% un an plus tôt, ainsi qu’un endettement public soutenable ressorti à 60% à fin mars 2023, contre 66% à fin décembre 2022, en dessous de la norme communautaire plafond de 70%.

Une vue des membres du CNC lors des travaux.

Un accroissement du volume de crédits octroyés aux opérateurs économiques

Sur le financement de l’économie et la situation du secteur financier, le ministre de l’Economie et des Finances a noté quelques évolutions encourageantes. Il s’agit, en premier lieu, de la forte mobilisation par le Trésor public des ressources sur le marché régional des titres publics. En effet, le taux de couverture des émissions réalisées par le Trésor public au titre du deuxième trimestre 2023 est ressorti à 155%, contre 30% au premier trimestre. Ensuite, il est constaté un accroissement du volume de crédits octroyés aux opérateurs économiques. Au total, le taux de financement de l’économie est ressorti à 31% à fin mars 2023, après 29% un an auparavant.

De l’avis du ministre Sani Yaya, la progression des concours bancaires s’est accompagnée d’une baisse des taux d’intérêt appliqués sur les crédits accordés aux entreprises. En effet, les taux d’intérêt servis sur les crédits aux micros, petites et moyennes entreprises ont connu des baisses de 50, 120 et 120 points de base, en un an, à 7,8%, 8,5% et 9,2%, respectivement. M. Yaya s’est, en outre, réjoui de la poursuite de l’assainissement du portefeuille de crédit des banques et des systèmes financiers décentralisés. En effet, le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des banques est passé de 11% au 31 mars 2022 à 9% à fin mars 2023. Quant aux institutions de microfinance, leur taux brut de dégradation du portefeuille de crédit s’est établi à 5% à fin mars 2023, contre 6% au 31 mars 2022, pour une norme de 3%.

« Au regard de ces évolutions positives, je voudrais, encore une fois, féliciter tous les acteurs, en particulier les premiers responsables des banques et des systèmes financiers décentralisés et les inviter à poursuivre dans cet élan », a recommandé le ministre Yaya, en les encourageant à accélérer leurs initiatives dans certains domaines clés. Il s’agit notamment de la poursuite de la digitalisation des services financiers, tout en renforçant la sécurité des systèmes d’information, particulièrement les dispositifs de cybersécurité. Il est aussi question de l’amélioration continue de la qualité des services financiers, surtout le fonctionnement normal des guichets et distributeurs automatiques de banque, ainsi que la prise en charge diligente des réclamations des clients. Aussi, les a-t-il invités à la transparence et à la célérité dans le traitement des opérations de transfert des opérateurs économiques et à l’accroissement continu des financements aux micros, petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux secteurs de l’habitat et de l’agriculture.

Créer une banque dédiée à l’agriculture, pour résoudre durablement le problème de financement

Ainsi, pour le directeur national de la BCEAO, Kossi Tenou, le Conseil s’est également appesanti sur les conditions d’un meilleur financement de l’agriculture qui est un maillon essentiel de l’économie nationale, mais aussi de l’habitat, les deux secteurs étant insuffisamment financés. « Donc, nous avons réfléchi ensemble sur la manière de financer beaucoup plus le secteur de l’habitat, les difficultés que les banques et les structures de microfinance rencontrent et nous pensons que les conclusions auxquelles nous sommes parvenus permettrons, dans les mois et les années à venir, d’accroître les financements en faveur de ces deux secteurs », a-t-il ajouté.

Au niveau des banques commerciales et des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), les blocages au financement de l’habitat sont multiples, liés aux facteurs internes aux institutions (tout ce qui est appréciation des risques, montage de dossiers, identification des risques inhérents au financement de ce type de crédit, inadéquation entre les ressources des SFD par rapport aux emplois, etc). Selon la présidente de l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers, Mme Odile Medegan Affoyon, et le président de l’Association professionnelle des Systèmes financiers décentralisés du Togo, M. Kokou Gabiam, « toutes ces difficultés ont été analysées et des pistes de solutions dégagées, en vue de permettre aux institutions de microfinance de financer davantage l’habitat pour permettre à nos clients à faibles revenus de disposer des habitats décents pour leur épanouissement ».

Même souci au niveau de l’agriculture, où le président du Conseil permanent des Chambres d’Agriculture du Togo, M. Ewovi Kébi, propose de créer une banque dédiée à ce secteur, qui accorderait des crédits à moyen et long termes, en vue de résoudre significativement et durablement le problème de financement. « Les réflexions et initiatives sont en cours. Ce qui nous réjouit, c’est que les plus hauts responsables de l’Etat reconnaissent la nécessité d’avoir une banque agricole », a-t-il conclu.

Le Conseil National de Crédit (CNC) est un observatoire des évolutions économiques du Togo qui se réunit quatre fois par an. Il rassemble les représentants du secteur bancaire et de la microfinance, ceux du ministère de l’Economie, de la Chambre du commerce et des associations des consommateurs.

Blandine TAGBA-ABAKI

 

 

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