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Le dialogue intertogolais s’est ouvert aujourd’hui sur fond d’appel à un compromis pour sortir de la crise

Photo de famille à l'issue de l'ouverture du dialogue
Le dialogue intertogolais s’est ouvert aujourd’hui sur fond d’appel à un compromis pour sortir de la crise

Les rounds de discussions politiques intertogolais ont commencé, ce lundi, à Lomé, à l’issue d’une cérémonie inaugurale, présidée par le médiateur principal, le chef de l’Etat ghanéen, Nana Akufo-Addo. Les protagonistes de la crise auront 10 jours pour faire valoir la sagesse de l’arbre à palabre africain, en transcendant leurs divergences, et faire dégager le consensus nécessaire autour des réformes constitutionnelles et institutionnelles, mieux, faire sortir le pays de l’impasse politique actuelle. Pour ce faire, le président ghanéen a appelé les parties prenantes au compromis.

Le dialogue politique intertogolais, initié par le gouvernement, a été officiellement ouvert à l’Hôtel 2 Février à Lomé. C’est le médiateur désigné de la CEDEAO, le président de la République sœur du Ghana, Nana Akufo-Addo, qui a officié la cérémonie inaugurale, en présence du Premier ministre, Komi Selom Klassou, du président de l’Assemblée nationale, Dama Dramani, des anciens premiers ministres, des leaders des partis politiques, des membres du corps diplomatique et de diverses autres personnalités. Ce dialogue, longtemps appelé de ses vœux par chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, est destiné à trouver un compromis à la crise politique que traverse le Togo, depuis le 19 août 2017. Il devrait permettre aux parties prenantes, essentiellement le parti du pouvoir en place et l’opposition, regroupée au sein des 14 partis manifestant dans les rues, de s’entendre, pour opérer des réformes constitutionnelles et institutionnelles.

En ouvrant les travaux, le président Ghanéen a rappelé les liens de parenté, d’origines, historiques et géographiques qui unissent le Togo et son pays. De ce fait, « l’intérêt du Ghana à faire prévaloir la paix et la stabilité au Togo n’est pas négociable ». Le président ghanéen a tout de même fait comprendre qu’il n’est pas au Togo pour imposer quoi que ce soit, ni dicter une conduite. En tant que médiateur, il n’avait pas de partie prise. Son rôle est d’assister les Togolais pour trouver eux-mêmes des solutions aux problèmes qui les opposent, afin de parvenir à la paix et à la consolidation de la démocratie. Pour ce faire, le président du Ghana a dit avoir rencontré le chef de l’Etat et les leaders de l’opposition qui manifestent dans les rues. Il a émis le vœu qu’à la sortie de ce dialogue, l’on puisse déterminer l’avenir du pays, avant de rappeler que les pourparlers vont nécessairement de pair avec l’esprit de compromis, qui cible l’intérêt de la nation togolaise. De ce fait, il a appelé les acteurs politiques à se dépasser, pour trouver des solutions durables et faire avancer le pays. Car, pour l’essentiel, il s’agit, dans le respect des principes démocratiques, de voir comment opérer des réformes respectant l’Etat de droit avec l’idée d’aller aux élections crédibles et transparentes pour tous.

Résoudre nos griefs dans la tolérance

Auparavant, le porte flambeau du parti Union Pour la République (UNIR), Pr. Charles Kondi Agba, a fait valoir que son parti est à ce dialogue avec un esprit d’ouverture. Il a exprimé sa gratitude au Président de la République, pour sa clairvoyance et sa persévérance. Car, à son avis, il a toujours souhaité le dialogue, pour permettre aux Togolais de solder les difficultés que le pays traverse ces derniers temps. Pr Agba a aussi exprimé sa gratitude aux pays médiateurs, à travers leurs présidents, Alpha Condé de la Guinée et Nana Akufo-Addo du Ghana pour leurs efforts dans l’aboutissement de ces pourparlers. Selon le Pr Agba, les rencontres primaires ont permis de dissiper les premiers malentendus. « Il convient d’apprécier le travail accompli…Pour ce qui nous concerne à Unir, nous venons dans ce dialogue dans un esprit d’ouverture. Parce nous savons que notre intérêt, à nous tous Togolais, est d’arriver à résoudre, dans la tolérance et le respect mutuel tous les griefs quelle que soit leur nature ».

Pour sa part, le porte-parole des 14 partis de l’opposition, M. Jean Pierre Fabre a, tout d’abord, exprimé ses remerciements à la médiation. Il a, ensuite, rappelé que la crise que le Togo traverse trouve ses racines profondes qui remontent à 1963, à l’assassinat du père de l’indépendance, feu président Sylvanus Olympio. A son avis, la lutte pour s’affranchir de l’oppression est à « une phase décisive irréversible » aujourd’hui, avec des manifestations de rues exigeant « le retour à la constitution originelle de 1992  avec ses conséquences ». Selon lui, leur participation au présent dialogue « demeure liée à l’achèvement des mesures d’apaisement convenues ». M. Fabre a formulé le vœu que les présentes « assises apportent, au Togo et au peuple togolais souverain des réponses qui correspondent à leurs aspirations légitime ».

Depuis le 19 août 2017, le Togo est secoué par une crise politique, marquée par des manifestations de rues de l’opposition, qui réclame les réformes institutionnelles et constitutionnelles, le vote des Togolais de l’étranger, la révision du cadre électoral. Depuis lors, les mains tendues du gouvernement, pour un dialogue, suite aux mesures d’apaisement, ont évolué jusqu’à l’aboutissement de ces pourparlers. Désormais, les Togolais ont les yeux tournés vers l’Hôtel 2 Février, avec l’espoir que les parties prenantes feront preuve de concessions nécessaires, pour faire prévaloir impérativement l’intérêt du pays, en opérant des réformes avec un esprit constructif et pragmatique.

Bernardin ADJOSSE

 

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