
La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a officiellement présenté, à l’ouverture solennelle des 32e Assemblées annuelles de l’Afreximbank, ce mercredi 25 juin 2025 dans la capitale nigériane, son Rapport sur le commerce africain 2025, intitulé « Le commerce africain dans une architecture financière mondiale en mutation ». Ces rapports offrent une lecture stratégique des dynamiques commerciales actuelles du continent et proposent des pistes concrètes pour renforcer l’intégration économique et la croissance durable en Afrique.

Ce document phare, présenté devant l’assemblée par le Dr Yemi Kale, économiste en chef, dresse un état des lieux rigoureux du commerce africain. Et ce, dans un contexte mondial marqué par la fragmentation géopolitique, la montée du protectionnisme et la redéfinition des règles économiques internationales.
Dans une conjoncture mondiale incertaine, où la croissance ralentit (2,8 % attendus en 2025) et où les tensions commerciales s’accentuent, l’Afrique affiche une performance résiliente, avec une croissance économique de 3,2 % en 2024. Le rapport souligne un rebond significatif du commerce du continent, qui a atteint 1 527 milliards de dollars, en hausse de 13,9 % par rapport à 2023. Le commerce intra-africain, moteur d’intégration régionale, a progressé de 12,4 %, totalisant 220,3 milliards de dollars.
Pour autant, des défis structurels demeurent. Il s’agit d’un déficit annuel de financement du commerce estimé à 100 milliards USD, d’une dépendance persistante aux matières premières, d’une faible diversification des exportations. Et un commerce intra-africain qui ne représente encore que 14,4 % du commerce total du continent.
Face à ces contraintes, le rapport met en lumière des instruments de transformation majeurs, notamment, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui se positionne comme un levier d’industrialisation, de souveraineté économique et de création de chaînes de valeur régionales ; le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui permet des transactions en monnaies locales entre pays africains et réduit la dépendance aux devises étrangères ; l’Alliance des institutions financières multilatérales africaines (AAMFI), qui intensifie ses efforts pour renforcer le financement contre-cyclique et appuyer les secteurs clés du développement.
Le rapport plaide aussi pour une réforme urgente du système financier mondial, dénonçant les biais des notations de crédit et les règles du dispositif de Bâle IV, jugées pénalisantes pour les banques africaines. L’entrée de l’Union africaine au G20 est présentée comme une opportunité stratégique pour revendiquer une place équitable dans la gouvernance économique mondiale.
Le rapport appelle à transformer les ressources du continent localement, activer pleinement la ZLECAf, et s’appuyer sur des outils comme le PAPSS pour réduire la dépendance au dollar et renforcer l’intégration régionale.
Le président d’Afreximbank, le Pr. Benedict Oramah, a appelé à transformer les crises actuelles en catalyseur d’une nouvelle ère : « L’Afrique ne doit pas être marginalisée par la fragmentation du monde, mais en faire un tremplin vers une économie plus intégrée, résiliente et autonome. »
L’Afreximbank affirme, avec ce rapport ambitieux et lucide, sa volonté de réorienter les trajectoires du commerce africain vers une croissance inclusive, durable et portée par des solutions africaines.
(Fratmat.info)
Moussouloumi BOUKARI
Rédacteur en chef Adjoint du quotidien national Togo-Presse
Tel +228 90 98 57 41
Mail. mouss1976fadil@gmail.com
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