Dans le cadre de l’engagement du chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, pour la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest, le Togo a abrité un colloque international de haut niveau sur le thème : « Gestion des transitions politiques et renforcement de la résilience face aux extrémismes violents -cas de l’Afrique de l’Ouest ». Des experts et universitaires venus de plusieurs pays du continent et de France ont pris part à cette rencontre, qui a déroulé ses travaux, les 5 et 6 mars 2022, à l’Hôtel 2 Févier à Lomé, sous l’égide du ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Pr Robert Dussey. Plusieurs axes de recommandations ont été définis à l’issue de cette rencontre, visant à apporter des solutions à cette problématique.
Les discussions au cours de ces deux jours de débats ont permis aux participants d’examiner divers sujets relatifs au thème central : « Gestion des transitions politiques et renforcement de la résilience face aux extrémismes violents -cas de l’Afrique de l’Ouest ». Ces sujets sont axés sur : « l’évolution des dynamiques sécuritaires dans le temps en Afrique de l’Ouest », « les forces et faiblesses des différentes approches adoptées par les pays et les organisations internationales pour faire face aux menaces liées aux extrémismes violents et au terrorisme ». Les participants ont eu également à réfléchir sur « l’imbrication des défis politiques de gouvernance et des défis sécuritaires dans le contexte de la lutte anti-terroriste », et « les propositions d’une meilleure action efficace, efficiente et coordonnée pour protéger l’Etat et les populations civiles des actes de violence et de terrorisme ».
A terme, les participants ont ébauché quelques lignes de recommandations, qui s’articulent autour de plusieurs axes. Ils suggèrent de « renforcer la stratégie de gouvernance économique et de développement des Etats », de « consolider la stratégie de gouvernance constitutionnelle et politique dans la perspective de la prévention du phénomène d’extrémisme violent », de « diversifier la collaboration avec tous les acteurs, au niveau national et international ». D’autres axes préconisent de « restructurer et de mettre en place les stratégies et agendas au niveau des institutions internationales qui calquent avec les exigences politiques et économique de la gouvernance des transitions », puis « d’insister sur la collaboration transfrontalière entre les Etats en proie aux extrémismes violents dans le cadre de la gestion des transitions politiques ».
Des enjeux sécuritaires et politiques inhérents aux processus de transition
Au regard de l’actualité du moment, plusieurs régions d’Afrique font face à un sérieux risque de déstabilisation, mettant le continent à la croisée des chemins. Outre la région de la Corne de l’Afrique, la région ouest africaine et le Sahel sont en passe de devenir le maillon faible du système sécuritaire du continent. Depuis l’année 2020, cet espace géographique connaît une résurgence des coups d’États militaires dans certains pays qui se sont inscrits dans des processus de transition politique aux enjeux et défis hétéroclites. Ces processus de transition politique, logiquement orientées vers les objectifs de retour à l’ordre constitutionnel, de consolidation socio-politique et institutionnelle, sont conçues et mises en œuvre dans un environnement régional et interrégional susceptible de les impacter de diverses façons.
Dans ce contexte, le présent colloque répond au besoin de saisir, par la pensée, les transitions politiques et de rendre intelligibles les enjeux sécuritaires et politiques inhérents aux processus de transition. Il s’inscrit dans la droite ligne de l’engagement du Togo sur les questions de paix, de sécurité et de stabilité régionale, dont l’un des faits marquants récents est l’élaboration, dans le deuxième semestre de l’année 2021, d’une Stratégie de lutte antiterroriste et de préservation de la paix et de la stabilité au Sahel. Dans le cadre de cette stratégie, le Togo entend relever le niveau de sa contribution au service de la paix et de la stabilité régionale.
Innover avec une refonte totale de la gouvernance dans tous les secteurs
A l’ouverture samedi, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Pr Robert Dussey, a indiqué que cette assise répond à un urgent besoin de lucidité, en ce temps de crise et de turbulence dans la sous-région ouest-africaine. « Les transitions politiques sont des périodes d’intenses actions par lesquelles les Etats et les sociétés se tracent de nouvelles perspectives, à travers des solutions les plus adaptées, des stratégies proactives, réalistes et endogènes, ainsi qu’une refonte totale de la gouvernance dans tous les secteurs », a-t-il admis.
Face à cette urgence, le ministre a souligné toute l’importance que revêt le colloque de Lomé, qui a été un rendez-vous d’exercice d’une pensée active, structurante et tournée vers l’avenir. « La pensée, c’est le chemin de l’action, car il nous faut d’abord savoir la bonne méthode à adopter pour parvenir à de meilleurs résultats, tant nos stratégies actuelles sont obsolètes et parfois sans effets », a-t-il précisé.
Concilier les approches sécuritaires et le développement
Son collègue des Enseignements primaire et secondaire, technique et de l’Artisanat, Pr Dodzi Kokoroko, également président de l’Université de Lomé, a estimé que la démocratie de l’espace CEDEAO doit être un ensemble qui regroupe sécurité, dialogue ethnique et inter-religieux, solidarité et justice sociale, voire éradication de la pauvreté. « L’absence de cette unité sert et servira de caisse de résonnance au terrorisme, à l’extrémisme violent et aux coups d’Etat », a-t-il convenu.
En outre, le ministre Kokoroko a fait savoir que c’est dans la perspective de donner des réponses aux Etats de la région que l’Université de Lomé a mis en place un diplôme universitaire de gestion de l’Etat et de management des crises, et créé l’Institut d’Etudes stratégiques sur la paix et la sécurité. « Le Togo, sous l’autorité du président de la République, innove par la conciliation des approches sécuritaires et de développement, avec pour point d’orgue, l’adoption du plan d’urgence pour le développement des Savanes, région aux confins du Burkina Faso et du Bénin », a-t-il insisté.
Martial Kokou KATAKA
Jules LEMOU
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