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Crise politique au Togo : Le président de la Commission de la CEDEAO, M. Alain Marcel de Souza fait le point des consultations avec les acteurs politiques

M. de Souza (au micro) expliquant sa démarche
Crise politique au Togo : Le président de la Commission de la CEDEAO, M. Alain Marcel de Souza fait le point des consultations avec les acteurs politiques

« Nous sommes venus depuis mardi dans le cadre de la crise que traverse le Togo. Nous avons rencontré toutes les parties, en commençant d’abord par la Mouvance présidentielle. Nous avons donc   rencontré le ministre de l’Administration territoriale, le ministre de la Sécurité. Nous avons aussi rencontré les responsables du parti UNIR,  M. Gilchrist Olympio, président de l’UFC, ainsi que  le CAP 2015 qui regroupe l’ensemble des 14 partis de l’opposition. Enfin, nous avons rencontré la société civile y compris les syndicats, les religieux, etc. La CEDEAO, comme dans l’esprit de ses pères fondateurs, recherche, un espace unifié, un destin commun. Donc, partout où il y a crise, nous devons y aller, puisque nous avons un protocole sur la prévention, le règlement et la gestion des crises. Et nous ne pouvons pas rester sans rien faire surtout qu’actuellement, le président de la République Togolaise est en même temps le président de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO. Alors, des consultations que nous avons eues avec toutes les parties, que ce soit du gouvernement ou bien de l’opposition, il ressort qu’il y a une volonté de dialogue, pour faire les réformes. Et les réformes, vous le savez,  portent d’abord sur la limitation du nombre de mandats. La deuxième réforme souhaitée, concerne le mode de scrutin à deux tours. La troisième, c’est le vote de la diaspora. La plateforme a ajouté deux autres réformes dont celles des institutions pour qu’elles servent de contrepoids à la démocratie. Et enfin, il y a le cas des personnes qui ont été arrêtées, et dont certaines auraient été jugées. Nous avons promis que nous allons présenter ces doléances au chef de l’Etat et faire le point. Alors, nous avons apprécié la sagesse du gouvernement d’avoir accepté de prendre le mardi dernier, les décrets qui transmettaient des projets de loi à l’Assemblée. Nous avons été informés que la session extraordinaire avait été ouverte mardi mais était axée sur le budget et d’autres sujets. Et ensuite, hier mercredi que cette session sera clôturée jeudi pour engager les discussions sur les réformes. Et donc, la commission des lois va recevoir ces projets de loi de révision constitutionnelle. Ce que nous avons noté également, c’est qu’il y a un problème de confiance. L’opposition trouve  que ces réformes qui vont être engagées seront du saupoudrage. Nous leur avons dit qu’à partir du moment où, le gouvernement a accepté on peut prendre des dispositions rapides pour que les réformes puissent être adoptées. Mais je rappelle, pour qu’on puisse faire les réformes, en ce qui concerne les mandats, conformément à la Constitution, il faut l’adhésion des 4/5 des députés, c’est à dire 73 députés. Or, vous savez que le parti de la Mouvance présidentielle UNIR, a aujourd’hui 62 députés. Et nous devons voir dans quelle mesure certains députés de l’opposition peuvent s’y ajouter pour que les réformes soient rapidement engagées et adoptées par le Parlement. Au cas où le parlement ne l’adopterait pas, nous avons encore la voie référendaire mais il faut les 2/3 de l’Assemblée pour que la voie référendaire soit engagée. Cette voie référendaire nous paraît longue et cela peut engendrer des manifestations de rue. Ce que nous recherchons, vraiment, c’est de parvenir à ces réformes par la voie de la paix parce que nous avons noté que toutes les crises, tous les affrontements finissent toujours par le dialogue autour d’une table. Pourquoi ne pas faire économie de ces affrontements qui se termineront par un bain de sang ? Nous avons rappelé aux opposants, comme à la mouvance présidentielle  que leur patrimoine commun s’appelle le Togo et ils se garder de le déchirer. On sait d’où part une balle mais on ne sait pas où elle atterrit. Et donc, si on déchire le Togo, qu’est-ce qu’il nous restera ? La communauté régionale ne peut pas rester sans rien faire. Nous allons travailler aux côtés du gouvernement pour que des concessions soient faites afin qu’on puisse parvenir à l’alternance et aux réformes souhaitées, par la voie du dialogue. Donc, nous tenons à ce que la montée des revendications, les enchères, soient ramenées à des dimensions raisonnables pour que nous demeurions républicains. Et que dans la guerre nous recherchons la paix, la paix pour le peuple togolais, pour le bonheur du peuple togolais. Nous avons plus de défis : lutter contre la pauvreté, créer des emplois. Et il y a beaucoup de choses qui ont été faites au Togo. Mais nous souhaitons qu’on garde la cohésion, que la sérénité règne et qu’on laisse le parlement travailler avec rapidité. Et après, si nous ne sommes pas contents de ces réformes et qu’il y a d’autres démarches à faire, nous sommes prêts à engager ces démarches encore une fois. Le Chef de l’Etat nous a écoutés et nous pensons qu’il a exprimé la volonté ferme pour parvenir à ces réformes. Et donc, nous invitons les opposants comme les responsables de la mouvance à continuer le dialogue et à réaliser ces réformes qui sont une aspiration profonde du peuple togolais. Je vous remercie ».

 

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