La Banque Mondiale (BM) au Togo, en partenariat avec le gouvernement, a organisé à Lomé, une table ronde sur le financement des Micro, Petites et Moyennes Entreprises (MPME). Cette rencontre de haut niveau a vu la participation des membres du gouvernement, des représentants de groupes bancaires et institutions financières nationales et régionales. Elle a permis aux participants de réfléchir sur, entre autres, les défis du secteur financier au Togo et les initiatives de l’inclusion financière. La cérémonie d’ouverture a été présidée, au nom du chef de l’Etat, par le gouverneur de la BM pour le Togo, la ministre secrétaire générale de la Présidence de la République, Mme Sandra Ablamba Johnson.
Le secteur bancaire et financier au Togo est l’un des plus dynamiques et compétitifs en Afrique de l’Ouest, avec la présence de plus d’une douzaine de banques et de plusieurs autres institutions financières, y compris de grands groupes bancaires et institutions financières régionales. Ce potentiel est énorme pour accélérer l’accès au financement des entreprises. En dépit de ce potentiel, force est de constater que les Micro, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) éprouvent d’énormes difficultés pour accéder aux crédits nécessaires au financement de leurs activités. Qu’ils s’agissent des startups, d’entreprises en pleine croissance ou de grandes sociétés, ces entreprises continuent d’identifier l’accès au financement comme l’une de leurs principales contraintes. Face à ces difficultés, le Groupe de la Banque Mondiale au Togo, en collaboration avec le gouvernement, a initié, hier à Lomé, une table ronde sur le financement de ces MPME. La rencontre a offert une opportunité aux acteurs du marché financier de réfléchir à des canaux alternatifs d’accès aux crédits pour ces institutions. Elle a aussi permis de débattre sur des thèmes relatifs aux défis du secteur financier et aux initiatives de l’inclusion financière, à la finance digitale au Togo, au mobile money et à la finance agricole, aux mécanismes de partage des risques, à la finance verte, de même qu’aux réformes en cours et celles qu’il reste à prendre pour renforcer leur accès aux financements. Aussi, des exemples réussis de certains pays ont-ils été partagés.
Soutien au secteur privé, une priorité du gouvernement
Le gouverneur de la Banque Mondiale pour le Togo, la ministre secrétaire générale de la Présidence de la République, Mme Sandra Ablamba Johnson, à l’ouverture, a relevé que le financement joue un rôle essentiel dans le développement et la croissance des entreprises. C’est pourquoi, le gouvernement, sous la houlette du chef de l’Etat, s’est engagé résolument à promouvoir le secteur privé. A cet effet, l’Etat a mis en œuvre une batterie de réformes institutionnelles, juridiques et techniques, pour améliorer le climat des affaires et attirer les investissements, aussi bien nationaux qu’étrangers. Mme Johnson a indiqué que les MPME représentent 80% des entreprises togolaises et jouent un rôle clé dans le financement de l’économie nationale. Ces entreprises constituent un partenaire stratégique du gouvernement dans la mise en œuvre de sa feuille de route 2020-2025, dont la moitié du financement est attendue du secteur privé. Elle a exprimé la gratitude du gouvernement à l’endroit de la BM, pour l’excellente qualité de ses liens de coopération qui se renforcent davantage avec le Togo. Elle a aussi rendu un hommage appuyé au chef de l’Etat pour sa vision de transformation structurelle de l’économie togolaise, sa politique de promotion du secteur privé et sa volonté d’accompagner les entreprises togolaises. Selon Mme Johnson, cette assise va contribuer à formuler des recommandations et des plans d’actions, dont la mise en œuvre aidera à améliorer les différents mécanismes de financement des MPME au Togo.
Les MPME confrontées à plusieurs défis
Le représentant résidant de la BM au Togo, M. Fily Sissoko, s’est appuyé sur un diagnostic du secteur privé, conduit par son institution au Togo en 2022. Ce diagnostic indique que sur 184 déposants, seuls 30 ont accès à un crédit bancaire et 55% des MPME enquêtées n’ont pas accès au financement. Le rapport note plus particulièrement que les femmes sont les personnes les plus exclues des services financiers formels. Il relève que le secteur de la microfinance vers lequel se tournent plusieurs acteurs du secteur informel, y compris les femmes micro-entrepreneures, est confronté à de nombreux défis, notamment des ressources limitées, des taux d’intérêt encore élevés et l’absence d’instruments de financement à long terme. A cela, s’ajoute le manque d’éducation financière dans la population, de manière générale, surtout l’absence d’antécédents de crédits formels, ainsi que la difficulté d’évaluer la capacité de remboursement. Le tout se traduisant par des exigences élevées, en matière de garanties de la part des banques et un coût élevé du crédit. La même étude a également fait ressortir la faible capacité de préparation de pro-bancables, les lourdes exigences de collatéraux et l’absence de diversification de produits financiers.
- Sissoko a réitéré l’engagement de son institution à soutenir le Togo, dans ses efforts pour accélérer la transformation socio-économique du pays. « Dans le cadre de nos opérations en cours, un accent particulier est porté sur l’appui au développement du secteur privé, pour favoriser la création d’emplois décents, notamment pour les jeunes vulnérables. De 2017 à 2022, notre appui au projet de création pour les jeunes vulnérables (que nous avons financés pour un montant total de 15 millions de Dollars, soit 9 milliards de francs CFA), a permis la création ou le développement de 11.415 micro-entreprises. Actuellement, nous sommes en train de préparer d’autres opérations (agriculture, transport et logistique) qui vont inclure des composantes sur l’accès aux financements des micro, petites et moyennes entreprises dans des secteurs clés pour le développement économique et social du Togo.Les recommandations de cette table ronde permettront de nous guider dans la finalisation des projets en préparation et dans la définition de plans d’actions concrets qui pourront guider les futurs appuis de la Banque Mondiale en faveur des secteurs privé et financier au Togo», a-t-il indiqué. Selon lui, ces recommandations vont permettre à tous les acteurs de profiter du potentiel d’innovation en matière de technologie financière, pour promouvoir un environnement favorable au crédit.
Alex TEYI
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