Panafricanisme

9e congrès panafricain : Nécessité de promouvoir le narratif africain

Les panelistes
9e congrès panafricain : Nécessité de promouvoir le narratif africain

Les délégués au 9e congrès panafricain poursuivent leurs travaux, qui se tiennent, depuis le 08 décembre 2025, au palais des Congrès de Lomé. Mercredi 10 décembre 2025, ils ont pris part à divers panels et sessions thématiques, dont celui sur l’« image de l’Afrique dans le monde actuel, enjeux et défis de la promotion du narratif africain ». Les différents exposés ont relevé la nécessité pour les peuples africains de développer eux-mêmes les stratégies adaptées à la construction d’un narratif qui promeut l’image du continent.

Une vue des participants

Dans la continuité des activités du 9e congrès panafricain, qui se déroule, depuis lundi 8 décembre 2025, en terre togolaise, la journée de mercredi, 10 décembre 2025, a été meublée de plusieurs sessions de réflexion et d’échanges. Les congressistes ont suivi un panel axé sur le thème « Image de l’Afrique dans le monde actuel, enjeux et défis de la promotion du narratif africain », qui a insisté sur la nécessité pour les peuples africains de développer eux-mêmes les stratégies adaptées à la construction d’un narratif qui promeut l’image du continent.

D’entrée, le modérateur M. Ndiaye Mankeur, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, a évoqué le constat que beaucoup de perceptions internationales, portant sur le narratif africain, ne reflètent pas pleinement les informations objectives, car étant très déséquilibrées et donc, en défaveur de l’Afrique. Il explique cela par le fait que le poids des systèmes coloniaux et postcoloniaux est encore vivace dans l’imaginaire international caractérisé par une dominante médiatique extérieure, qui façonne ces perceptions. Il insiste pour dire que ces perceptions sont souvent négatives et disproportionnées par rapport à ce qui marche ou est accompli en Afrique.

A titre d’exemple, il évoque la description que des voix extérieures font de la famine, des crises humanitaires, des défis sécuritaires, qui parviennent à altérer l’image réelle de l’Afrique. M. Mankeur explique aussi cette situation par l’absence d’une plateforme de communication continentale africaine unifiée et à même d’influencer durablement l’opinion mondiale, de même que la fragmentation des médias sur le continent. Autant de problématiques qui, soutient-il, sapent l’image de l’Afrique.

Toutefois, il convient qu’il y a bien la possibilité de faire en sorte que l’Afrique devienne son propre narrateur. Et ceci, en investissant dans la culture, les arts, la mode et les médias, qui sont d’excellents canaux porteurs d’images authentiques, créatives et modernes du continent. Il y a donc lieu d’œuvrer à documenter les faits qui transforment le regard extérieur sur l’Afrique. Et cela demande véritablement la constance et la confiance de ses habitants pour se projeter dans un futur meilleur.

Intégrer narratif et stratégies de communication dans les systèmes éducatifs

Dans ce sens, M. Mankeur plaide pour le développement d’un écosystème médiatique africain, le Soft power, comme disent les Anglais, l’implication de la diaspora, des afro descendants et l’appropriation du narratif africain par son intégration dans les systèmes éducatifs des gouvernements. Il revendique également le renforcement de la formation des cadres en diplomatie et stratégies publiques de communication internationale, etc.

« Dans un contexte international très compliqué, où il y a beaucoup de remises en cause du multilatéralisme, je pense qu’il faut que l’Afrique se raconte elle-même. Les différents exposés des panelistes montrent la nécessité de développer des stratégies de communication sur le continent et de travailler à renforcer le rôle de l’Afrique dans le monde. Mais aussi, de travailler à consolider le pouvoir du continent pour qu’il puisse participer au processus décisionnel mondial », s’est-t-il résumé.

Tour à tour, les autres intervenants ont insisté sur différents aspects de la question. Evoquant l’exemple des nations puissantes, qui ont passé plusieurs siècles à forger leur propre histoire, certains panelistes pensent que l’Afrique doit apprendre et agir avec le monde dans ses propres termes et non pas, à travers des prismes détournés. Elle doit construire des institutions capables de nourrir leur propre narratif, mener des politiques inclusives, afin d’élever l’Afrique au-delà de la communication, qui se révèle encore aujourd’hui très fragmentée. D’autres ont mentionné le rôle prédominant que peuvent jouer la culture, la mode et d’autres opportunités propres à l’Afrique.

Pour ce faire, ils appellent les peuples africains à cultiver et développer l’estime de soi, à pouvoir s’identifier et imposer la personnalité de l’Africain, à donner la parole ou exploiter les influenceurs et, surtout, les célébrités du continent, qui sont tout aussi les mieux placés pour porter haut et loin la voix du continent au niveau mondial.

Martial Kokou KATAKA

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