La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a organisé un symposium de haut niveau, jeudi 23 Novembre 2022 , au Centre International des Conférences Abdou Diouf (CICAD) de Dakar, à l’occasion des 60 ans de cet institut d’émission commun à huit pays ouest africains. « Les banques centrales dans un monde en mutation », est le thème général retenu pour cette rencontre d’expertise et d’analyse de la situation, qui a réuni un parterre de personnalités de la finance venues d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs, aux rangs desquelles le gouverneur de la BCEAO, M. Jean-Claude Kassi Brou et la quasi-totalité des responsables nationaux et du siège, les dignitaires de la banque, mais aussi et surtout, le président du conseil des ministres des Finances de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), le togolais Sani Yaya et ses collègues des sept autres pays membres. C’est M. Amadou Ba, Premier ministre sénégalais, représentant son chef d’Etat Macky Sall, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du symposium, en présence du vice-président de la Côte d’Ivoire, Tiemoko Meyliet Koné.
1962-2022, cela fait 60 ans que la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) existe en tant qu’institut d’émission monétaire. Ce jubilé de diamant a été célébré en grandes pompes, jeudi dernier à Dakar au Sénégal, par un symposium de haut niveau sur le thème « les banques centrales dans un monde en mutation ». Objectif, voir un peu ce qui se fait ailleurs, analyser scrupuleusement la situation macroéconomique, ainsi que les autres indicateurs, afin de proposer des réponses et jeter un regard sur les perspectives. Pour ce faire, trois sessions ont été tenues, notamment sur la « politique monétaire et gestion des chocs » présidée par le gouverneur de Bank Al-MAGHRIB, M. Abdellatif Jouarhi, la « stabilité financière, vulnérabilités et risques émergents » dirigée par le gouverneur de la Banque du Cap-Vert, M. Oscar Humberto Evora Santos et sur la « digitalisation et inclusion financière : quels leviers pour une utilisation accrue des services financiers ? » conduite par M. Godwin Emefiele, gouverneur de la banque centrale du Nigeria. Pour décortiquer ces différentes thématiques, d’éminentes personnalités de la finance, chercheurs et professeurs d’universités, responsables d’institutions bancaires venus de toutes les régions d’Afrique, ainsi que d’Europe et du Fonds Monétaire International, se sont succédé en qualité soit de présentateurs ou de commentateurs.
Des échanges pour le meilleur de la BCEAO
Un panel de clôture dirigé par le gouverneur de la BCEAO, M. Jean-Claude Kassi Brou, a permis de faire le point global de la situation et de tirer les conclusions qui s’imposent.
Ainsi, après de longs et riches débats, les participants ont retenu, essentiellement, l’importance d’assurer la stabilité monétaire et celle du rôle de la politique budgétaire, mais aussi que la conjonction des deux produisait la croissance économique. Panélistes et commentateurs ont retenu, également, entre autres comme fondements la fiabilité et la qualité des statistiques, un capital humain de qualité, l’importance de la communication, avec des messages accessibles aux destinataires. La solidité et la résilience du système bancaire résultante de la stabilité financière et inversement, les bonnes normes bancaires, les finances publiques avec une dette soutenable, ainsi que les crypto-actifs et la numérisation ou digitalisation à surveiller et règlementer, bien sûr avec souplesse, constituent d’autres facteurs de la bonne santé d’une banque centrale. Il en est de même pour l’inclusion financière et la sécurité qui sont très importantes pour la stabilité monétaire et la croissance économique.
Clôturant le symposium, le gouverneur Jean-Claude Kassi Brou a indiqué qu’il était important d’assurer la stabilité monétaire, de donner confiance aux épargnants et aux investisseurs, d’assurer la croissance des investissements et, de façon générale, de l’économie.
Relever les défis d’une banque centrale au service du développement
Au total, ce sont environ 150 participants venus d’un peu partout, à travers le monde, qui ont pris part à ce cadre d’échanges, afin de lancer les bases du futur. « Aujourd’hui, il s’agit de tourner le regard vers l’avenir au vu des nombreux défis actuels. C’est l’objectif de ce symposium », a déclaré Jean-Claude Kassi Brou, dans son allocution de bienvenue.
Délivrant le message du chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, à l’ouverture des travaux, le Premier ministre, Amadou Bâ, a indiqué qu’il s’agit d’« une opportunité d’échanger sur les défis que doit relever notre Banque Centrale commune pour demeurer un acteur clé au service du développement économique et social de nos pays ».
Le vice-président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné s’est réjoui, pour sa part, de la tenue de ce symposium qui est de nature à apporter des réponses pertinentes aux défis auxquels font face les banques centrales. « Ce symposium, en créant une opportunité de réflexion féconde sur les défis de la politique monétaire, vient donc à son heure, pour contribuer à l’éclairage des décisions face aux nombreuses préoccupations de premier plan qui se posent », a-t-il indiqué.
Quant au ministre togolais de l’Economie et des Finances, Sani Yaya, président du conseil des ministres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), il a insisté sur le contexte actuel et la nécessité de relever les défis qui s’imposent. Pour lui, le symposium se tient dans un contexte de bouleversement à l’échelle mondiale, avec différentes crises, notamment les tensions géopolitiques, la crise sanitaire et les menaces sécuritaires. « Cela constitue des défis auxquels il faut ajouter les tensions inflationnistes et le resserrement des conditions financières sur les marchés des capitaux », précise-t-il. Pour le président de l’UMOA, « les banques centrales sont appelées à jouer un rôle dans ce contexte, pour soutenir le développement et la croissance durable de nos Etats, tout en continuant à veiller à la stabilité monétaire et financière et à la stabilité des prix dans un contexte inflationniste ». M. Sani Yaya a tenu à préciser qu’il existe, également, des défis liés aux avancées technologiques qui constituent des opportunités pour le financement de l’économie.
A l’ouverture des travaux, il a été projeté un film documentaire retraçant la vie de l’institution intitulé « la BCEAO l’empreinte d’une réussite africaine » et qui a retenu, particulièrement, l’attention des participants.
BCEAO : Missions et Etats membres
La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est l’Institut d’émission commun aux huit (8) Etats membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Elle est un établissement public international, dont le siège est fixé à Dakar au Sénégal.
A sa création, le 12 mai 1962, elle réunissait les Républiques de la Côte d’Ivoire, du Dahomey (actuelle Bénin), de la Haute-Volta (aujourd’hui Burkina Faso), du Mali, du Niger, de la Mauritanie et du Sénégal. La République Togolaise rejoint l’Union, le 20 décembre 1962. Actuellement, suite au retrait de la Mauritanie, au retour du Mali et à l’adhésion de la Guinée Biseau, les Etats membres de cette Union monétaire sont au nombre de huit (08) : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Outre la centralisation des réserves de devises de l’Union, elle a pour missions principales : l’émission monétaire, la gestion de la politique monétaire, l’organisation et la surveillance de l’activité bancaire, ainsi que l’assistance aux Etats membres de l’Union.
Rigobert BASSADOU
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