Culture / Tradition

Les natifs de la préfecture d’Agou ont célébré “Gbagba”

Une phase rituelle
Les natifs de la préfecture d’Agou ont célébré “Gbagba”

Les  festivités marquant l’apothéose de « Gbagba », un rendez-vous annuel de retrouvailles des filles et fils de la préfecture d’Agou, ont été célébrées, samedi 4 Août 2018,  à Agou  Apegamé. Pour l’occasion, touristes et invités se sont joints aux natifs de la localité fortement mobilisés, afin d’honorer cette tradition qui survit depuis 295 ans déjà, dans un environnement cosmopolite, influencé par le modernisme. Les festivités, marquées par plusieurs activités, échelonnées sur une semaine, se sont déroulées sur le thème, « célébrons nos identités et valeurs culturelles pour le renforcement du bon voisinage, de la paix et du développement ».

La fête culturelle et traditionnelle,« Gbagba », un cadre de retrouvailles annuelles des natifs originaires de la préfecture d’Agou, a connu son apothéose samedi, en présence du ministre de la Communication, de la Culture, des Sports et de la Formation civique, M. Guy Madjé Lorenzo, et de divers autres cadres de cette localité, qui s’illustre comme un des principaux greniers agricoles du Togo. Les festivités, commencées depuis le 28 juillet, ont été conclues samedi dernier par la sortie solennelle de l’’homme tigre, dans un jeu d’agitation des branches de palmier.  A sa suite, des réjouissances populaires faites de chants et danses au son rythmé de«Gbabga», une paire de tambours, dont la résonance, mêlée au son des cors, est emballante pour toute personne  se reconnaissant dans cette fête aux symboles traduisant une tradition à trois valeurs fondamentales. En effet, « Gbagba », tout en symbolisant la fête des moissons ou de la nouvelle igname, se présente comme une épopée qui rappelle la guerre héroïque des Ewé d’Agou contre les Ashanti du Ghana et les exploits de chasse aux animaux féroces de l’époque. De ce fait, comme chaque année, « Gbagba » se célèbre en diverses facettes, fascinantes les unes comme les autres.

Comprendre Gbagba et ses différentes facettes

Dans la pure tradition, « Gbagba »  a commencé  officiellement vendredi 3 août,  pour tout le monde, par la visite de la forêt sacrée. Une visite qui passe par la cérémonie d’expiation. La  marque de cette expiation se traduit par les tapages dans une eau boueuse en pleine rue, obligeant chaque visiteur à se tacher de boue avant d’arriver au lieu sacrée. Là, il n’est pas rare de  voir certains  adeptes entrer en transe au son des tambours « Gbagba ». Pendant que certains dansent, d’autres qui ont fait des prières spécifiques pour leur vie prennent une sorte de communion pour exaucer leurs prières. Cette cérémonie ouvre la voie à la consommation de la nouvelle igname. De l’avis de HodjameEkoe, un adepte responsable de « Gbagba », la forêt sacrée est un sanctuaire divin. En y entrant, on est en contact direct avec Dieu et  dans cette forêt seuls ceux qui sont propres accèdent. C’est d’ailleurs ce qui justifie les tapages dans la boue, pour empêcher l’accès aux étrangers, même si ces tapages cachent l’idée selon laquelle on ne peut revenir du champ en étant propre.  Ces tapages rappellent que le travail des champs est salissant, mais reste d’une grande valeur pour la communauté car, un trésor y est caché. La fête « Gbagba »,  c’est aussi l’épopée de la chasse, matérialisée par l’homme tigre. Les gestes et la démarche de cet « homme tigre, supposé être possédé par les esprits des grands gibiers tués»,  rappellent les exploits de la chasse, le combat que les ancêtres  d’Agou ont héroïquement  livré aux gros félins d’une époque, que les enfants d’aujourd’hui aimeraient certainement vivre. Par delà cet aspect voilé de la fête, « Gbagba »,  c’est  aussi l’épopée d’une guerre héroïque face à l’ennemi Ashanti en conquête de territoire d’influence à l’époque. La grotte au boa, sise  au flanc d’une montagne difficile d’accès, traduit cette victorieuse guerre, dont l’histoire est intimement attachée à ce gros serpent qui a une force mythique lui permettant, tantôt  d’engloutir les ennemis, en les enrobant de sa morve spécifique ou de les écraser par ses énormes muscles compresseurs, en roulant sur eux.

Du reste, l’ensemble de ces symboles sont célébrés à travers chants et danses chaque année, pas dans un esprit d’enfermement dans la tradition, mais dans une vision d’ouverture sur le monde, avec des valeurs à partager pour poser les bases du développement.

Selon le ministre Guy Madjé Lorenzo, c’est une fête fédératrice des valeurs autour desquelles les natifs d’Agou se regroupentpour promouvoir le vivre ensemble dans la paix, l’entente et la cohésion. Elle rappelle une histoire commune, qu’il est nécessaire de faire connaitre à la présente génération et de conserver pour les enfants de demain.

Pour le président du comité d’organisation, M. Komla Mensah Agbeka, la culture est ce que chaque peuple a de spécifique à partager avec les autres.  Il faut donc faire tout pour préserver les éléments positifs de cette culture, « si non, nous n’aurons rien à donner aux autres demain ».

Bernardin ADJOSE

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