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Le projet de la Charte de Lomé sur la sécurité et la sûreté maritimes soumis à l’appréciation du Conseil exécutif de l’UA pour son adoption samedi par les chefs d’État

Le projet de la Charte de Lomé sur la sécurité et la sûreté maritimes soumis à l’appréciation du Conseil exécutif de l’UA pour son adoption samedi par les chefs d’État

Le Conseil exécutif de l’Union Africaine (UA) a examiné hier le projet de la Charte de Lomé sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. C’était au cours d’une session extraordinaire, tenue à Radisson Blu Hôtel du 2 Février à Lomé jeudi. Cette analyse met fin à la série de retouches et des recommandations à prendre en compte dans la finalisation de la Charte de Lomé qui sera soumise à l’adoption de la conférence des chefs d’État et de gouvernement samedi.

 

Après le Comité des Représentants Permanents de l’Union Africaine (COREP) le mardi dernier, c’était  le tour du Conseil Exécutif de l’Union Africaine (UA) d’examiner et de finaliser, jeudi, le projet de la Charte de Lomé sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. Ce chef d’œuvre sera soumis demain à l’adoption de la conférence des chefs D’État et de gouvernement de l’UA.

En effet, le sommet extraordinaire de l’UA sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, dont les travaux ont été lancés le lundi dernier à Lomé par le Premier ministre du Togo, M. Selom Komi Klassou, a pour finalité d’aboutir à l’adoption d’une charte. Ceci, en vue d’amener les  pays africains à parler désormais le même langage en ce qui concerne la répression des actes de criminalité dans les mers et les océans, à savoir : la piraterie et la violence armée, les trafics d’armes, de drogues et d’êtres humains, la pêche illicite, la pollution et les catastrophes naturelles. Il s’agit, plus concrètement, de disposer une cartographie des actes de criminalité commis en mer, de définir des dispositions légales pour juger et punir les auteurs de ces actes, de ratifier les traités et conventions internationaux qui répriment ces actes et interdisent les actes de pollution dans les mers et océans. L’adoption de la Charte de Lomé permet aussi de disposer d’un cadre unifié de lutte contre les menaces pesant sur l’espace maritime. Ceci, en vue de parvenir à promouvoir le commerce, l’exploitation des immenses potentialités du domaine maritime et à créer de la richesse et des emplois dans plusieurs secteurs. Bref, à développer l’économie bleue dans toutes ses dimensions. Le président en exercice du Conseil Exécutif de l’UA, le ministre tchadien des Affaires étrangères, M. Moussa Faki Mahamat, a indiqué que le continent africain fait face à plusieurs défis et menaces de différents ordres au nombre desquels figurent, entre autres, les périls pesant sur les espaces maritimes africains. « C’est dans cette optique que s’inscrivent les différentes initiatives sous régionales et continentales, notamment les sommets de Yaoundé au Cameroun et de Mahé aux Seychelles, tenus respectivement en juin 2013 et février 2015, ainsi que la stratégie africaine intégrée maritime à l’horizon 2050 (AIM-2050), en tant qu’un levier essentiel d’un développement économique soutenu », a-t-il indiqué.

  1. Mahamat a également ajouté que les conséquences économiques et sécuritaires des actes de piraterie, ces dernières années dans les golfes d’Aden et de Guinée, sont immenses et incalculables aussi bien pour l’Afrique que pour le reste du monde. « L’adoption de cette charte par la conférence des chefs D’État mettra à notre disposition un instrument devant faciliter la mise en commun de nos moyens, la mise en place des mécanismes de coordination et de surveillance», a-t-il précisé.

Dans son intervention de circonstance, Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union Africaine, a rappelé l’importance des voies maritimes en matière des transports de marchandises et d’échanges. Elle a souligné les potentialités économiques que recèlent les espaces marins, en faisant cas de la promotion de l’économie bleue. Selon elle, la thématique sur la sécurité et la sûreté maritimes rentre dans le cadre des efforts pour garantir une Afrique prospère et pacifique. Selon Mme Zuma, la vision du sommet de Lomé cadre avec la pensée d’un penseur qui disait que « l’éternité commence et s’achève avec les vagues marines », Mme Zuma. De ce fait elle a fait savoir que l’espace océanique d’Afrique est trois fois plus grand que la partie continentale. Au plan alimentaire, les ressources halieutiques contribuent à la sécurité alimentaire de plus 200 millions d’Africains, tout en étant de moyens d’existence pour des millions de personnes. En matière d’occupation d’espace, elle a relevé que 38 des États de l’UA sont des pays côtiers ou insulaires. A cet égard, l’économie bleue est importante pour l’Afrique, parce que même les pays non côtiers utilisent les mers pour importer et exporter les marchandises. Aussi, est-il important pour l’Afrique de s’entendre  pour protéger son espace maritimes. Mme Zuma n’a pas passé sous silence les énormes richesses que regorgent ces espaces qui sont peu exploitées ou peu profitables aux pays africains. C’est dire que le développement en Afrique, et mène sa sécurité est tributaire de ces océans, mers et des masses d’eau intérieures. « Nous pensons que l’Afrique a beaucoup d’opportunités pour utiliser et gérer ces ressources marines. Ces opportunités comprennent les pratiques durables dans les domaines des énergies, des ressources halieutiques, du tourisme, de l’industrialisation, de la logistique, d’assurance… », a-t-elle précisé.

Par conséquent, l’espace maritime peut contribuer au développement de l’Afrique et à l’éradication de la pauvreté, grâce à la transformation socioéconomique. Pour elle, l’Afrique est à la croisée des chemins, s’agissant des avantages économiques tirés des espaces marins. En effet, le continent noir représente moins d’un pour cent des marins et juste 1,8% des navires sont détenus par les Africains, alors que 90% de ses importations et exportations se font par voie marine et le continent ne tire aucune partie en termes d’emplois. La valeur financière de l’économie bleue en Afrique est estimée à environ 1000 milliards de dollars avec des milliers d’opportunité d’emplois pour les jeunes africains. A la lumière de tout ceci, Mme Zuma a souhaité de voir les armateurs occidentaux de contribuer à la formation des jeunes en Afrique, afin qu’ils puissent travailler dans le secteur de l’industrie marine. Une telle formation devrait mettre l’accent sur une croissance inclusive, qui tient compte des femmes africaines. Par ailleurs, dans le cadre de l’harmonisation des dispositions juridiques en matière de sécurité et la sûreté maritimes, elle a émis le vœu que l’Afrique mette en place un groupe d’experts juridiques, pour accompagner les pays.

Abondant dans le même sens, le ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, Pr Robert Dussey a précisé qu’il est question de combler le fossé entre nos moyens et nos performances. « Nous sommes parvenus à une étape de notre existence où les déclarations de bonnes intentions et les discours ne suffiront plus. Il nous faut surpasser notre volonté, dépasser le cadre de la simple intention et poser des actes forts qui soient le ciment de toutes les actions que nous mènerons en faveur de la sécurité et de la sûreté des espaces maritimes », a-t-il indiqué.

Bernadin ADJOSSE

Françoise AOUI

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