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Les luttes traditionnelles « Evala 2018 » ont démarré samedi dans le canton de Pya en présence du chef de l’Etat

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Les luttes traditionnelles « Evala 2018 » ont démarré samedi dans le canton de Pya en présence du chef de l’Etat

L’édition 2018 des luttes traditionnelles marquant, en pays Kabyè, les cérémonies d’initiations  des jeunes garçons dont la tranche d’âge varie entre 18  et 20 ans, ont démarré, samedi 7 juillet, dans la préfecture de la Kozah. C’est dans le canton de Pya que le signal de  ces luttes traditionnelles « Evala » a été donné. Le duel a mis aux prises les Evala de Pya-Law bas  à ceux de Pya-Law haut. C’était en présence du chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé. Ce 8 juillet,  c’était les demi-finales dans le canton de Tchitchao, où le président de la République s’est fait représenter par le ministre de la l’Administration territoriale et de la  Décentralisation, en charge des Collectivités locales, M. Bayadowa Boukpessi.

Le pays Kabyè est fête depuis samedi avec les traditionnelles luttes « Evala ». C’est le canton de Pya, comme à l’accoutumé, donné le ton pour le démarrage de ces luttes sur le terrain de EPP Law. Dans l’arène, les lutteurs de Law-Bas se sont mesurés à leurs adversaires de Law-Haut, en présence du chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé.

Les hostilités se sont déroulées dans une ambiance danses et de chants bien rythmés.Au décompte final des empoignades, Law-Bas prend un léger dessus sur Law-Haut par 18 points contre 16.

A Tchitchao, on a lutté pour le compte  des demi-finales. La première a opposé les Evala des villages de Bou à ceux de Fatou et s’est soldé par un score de 40  pour Bou contre 25 pour Fatou. La deuxième demi-finale a mis aux prises les lutteurs de la coalition Aziè-Lohou, plus réalistes,  se sont imposées par un score de  28 points contre 20  pour  Kigblèleng.

La finale dans ce canton se dispute aujourd’hui. Les lutteurs de Kigbélèng-Aziè-Lohou vont coaliser pour affronter leurs adversaires de Bou et Fatou.  Le canton de Bohou sera  à l’étape des demi-finales. Par contre les préliminaires se poursuivent dans les autres cantons, notamment à Yadè et à Pya. Cette journée de lundi est  particulière marquée par la danse des « Evala » dans   plusieurs autres cantons,  sur les sites de marché.  Pya-Hodo, Tcharè-Hodo, Lama-Haut, Soumdina-Haut, Lassa-Atifèouda et autres points d’attraction de danses.

Les luttes « Evala préparent les jeunes à l’endurance, au courage, à la ténacité et une vie responsable.

Ambiance autour des Evala

Pendant que les lutteurs usent de tacts, de ruse et de savoir-faire pour neutraliser l’adversaire, les encadreurs et supporters, en général torse nu, saupoudrés de talc, ventent les mérites de leur camp, à travers chants et danses, autour des arènes, au son  des castagnettes, flûtes et cors. A ce rythme traditionnel est entremêlé la musique moderne distillée par certaines sociétés de la place, venues faire la promotion de leurs produits et services, en ce moment de grandes affluences et surtout de retour massif des filles et fils de la diaspora pour se ressourcer ou renouer avec les pratiques ancestrales. Ces retrouvailles sur la terre des aïeux permettent aux jeunes générations, souvent qui grandissent  loin de leur village d’origine, de ne pas se déconnecter des us et coutumes  de leur milieu.

Le rituel initiatique « Evala »

La  lutte  des Evala constitue l’apothéose d’un processus plus ou moins long de la première initiation du jeune Kabyè. Elle est généralement une manifestation populaire, empreinte de joie et d’une ambiance exceptionnelle. Cependant, en amont, les jeunes gens ont dû subir tout un rituel traditionnel, fait d’épreuves physiques, psychiques et morales. Il  se déroule très souvent dans un cadre  plus ou moins secret.

L’initiation proprement dite se déroule au cours de la saison sèche, courant les mois de mars et avril,  à l’issue de la grande chasse. C’est après concertation des parents du  futur « Evalu » (jeune lutteur), que la décision est portée à la connaissance de l’oncle maternel (celui-ci est incontournable et doit systématiquement être informé pour toute  cérémonie concernant son neveu), qui donne son accord ou non. Si l’oncle est favorable, le future jeune lutteur est saisi par surprise et conduit au lieu, nommé  « Ahoyé »,  (sorte de camp souvent à la périphérie du village où sont internés les « Evala » dont l’accès est réservé uniquement aux initiés et surtout interdit aux femmes).  Là, les aînés lui font faire le tour du « rocher aux chiens » et ensuite, il fait l’objet de plusieurs types de brimades. Il est ensuite conduit chez l’oncle, afin d’y être interné. Durant cette retraite chez l’oncle, il reçoit le baptême par l’onction de la graisse tirée de la viande du chien. Il devient, à partir de cet instant « Evalu ».

Cet isolement dure généralement une semaine pendant laquelle il fait  l’objet  de plusieurs épreuves, notamment d’endurance, de courage et de maîtrise de soi. Il est également soumis à un régime alimentaire strict, dont le menu principal est la bouillie de mil. Reclu dans un enclos, à l’abri de tout regard, le jeune « Evalu » ne sort que pour faire des besoins naturels. Pour cela,  il doit escalader un mur.

Ce traitement permet à ce jeune de changer de comportement. Il quitte l’étape de l’adolescence et entre dans la catégorie adulte où il vit en responsable, mange peu, résistant à toute épreuve et capable désormais de défendre la cité.

Pour tester ses capacités, l’interné est soumis à une épreuve de  scarification avant d’être autorisé à sortir au bout du sixième jour. Avant de rentrer chez ces parents, l’initié est soumis également au rituel appelé « Azola ». Il consiste à verser le sang d’un poulet tué sur les mains et les pieds du jeune « Evalu », avant de consommer la sauce de cette viande. C’est le moyen trouver pour présenter l’initié aux divinités de la ligné maternelle et paternelle.

L’initiation est marquée par le sacrifice d’un chien en l’honneur de l’initié qui, devenu désormais « Evalu », consomme cette viande.

La survenance du mois de juillet « Hasiyadè » (le mois d’achat des chiens), est une période qui marque le début de l’année chez le Kabyè. Cette période est annoncée par la sortie du « Jojo » (prêtre traditionnel) au marché de Lama-Tessi, dans la préfecture de la Binah.  Le Jojo de Kouméa localité frontalière de Lama-Tessi) se rend à Pya-Law, une semaine plus tard, après avoir reçu le message de son collègue. Ceci, afin d’apporter l’information aux autres prêtres des autres cantons environnants. Les luttes commencent, une semaine après, le tant de germer le mil et préparer la boisson «Tchoukoutou», indispensable pour les manifestations.

Tradition séculaire, à l’épreuve de l’invasion de la culture occidentale dite «civilisée », les rites initiatiques des Evala, connaissent et continuent de connaître une audience toujours plus grandissante, notamment les phases de luttes.

Jules LEMOU

Yves T. AWI

 

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