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Le courtier en assurance: l’intermédiaire nécessaire entre assureurs et assurés

Le courtier en assurance: l’intermédiaire nécessaire entre assureurs et assurés

Le courtage en assurance est une profession de grande importance tant pour les institutions ou entreprises d’assurance que pour leurs clients, les assurés. Pourtant le courtier, la personne physique ou morale exerçant cette profession, est méconnu du grand public, surtout dans les pays en quête d’émergence économique et sociale comme le Togo. Que fait exactement le courtier d’assurance ? Quelles relations entretient-il avec les assureurs et les assurés ? Pourquoi est-il nécessaire de passer par un courtier d’assurance pour s’assurer ? A ces interrogations, Mme Viviane Dadoh Ekué, directrice technique et commerciale de CAREAS International, apporte des éclairages.

Togo-Presse : Qu’est-ce qu’un courtier d’assurance ?

Mme Viviane Dadoh Ekué : Selon l’AFNOR (Association Française de Normalisation), « Le courtier est une personne physique ou morale possédant la qualité de commerçant et habilité à présenter des opérations d’assurance ».

Elle est également le conseil des assurés pour la mise au point des contrats qu’elle négocie librement avec les entreprises d’assurance de son choix.

Elle assiste ensuite les assurés dont elle est le plus souvent, mandataire, pour l’exécution des contrats et le règlement des sinistres ».

De cette définition du courtier d’assurance, il faut préciser concrètement :

  • Qui peut être un courtier d’assurance ?
  • Que fait un courtier d’assurance ?
  • Quelles relations y a-t-il entre le courtier d’assurance et les assurés ?
  • Quelles relations y a-t-il entre le courtier d’assurance et les assureurs ?
  • Comment le public perçoit-il les courtiers ?
  • Pourquoi faut-il passer par un courtier d’assurance pour s’assurer ?

 

T-P : Qui peut être  un courtier d’assurance ?

Mme V.D.E. : La définition le mentionne clairement : une personne physique, c’est-à-dire vous, moi, Afi, Kpatcha ou également une personne morale, c’est-à-dire l’entreprise « Egnagnoin » ou la société « Adam-dola ».

Cependant, comme il est précisé dans la définition, il faudra en plus que tout ce petit monde ait la qualité de commerçant et ensuite ait également l’habilitation pour présenter des opérations d’assurance.

A la différence des commerçants ordinaires qui le plus souvent achètent ou vendent des articles-produits, le courtier d’assurance a lui comme spécificité de ne vendre que des services et ces services consistent surtout à vendre aux personnes physiques ou morales des conseils en assurance à la seule condition qu’il soit habilité à le faire dans le cadre de la présentation des opérations d’assurance. Cette habilitation découle de l’autorité de tutelle du secteur des assurances qui est le ministère de l’économie et des finances et est matérialisée par un agrément délivré par cette même autorité de tutelle lorsque les conditions de son octroi ont été remplies par le demandeur « article 530 » du code CIMA.

Parmi les conditions d’octroi de l’agrément il y en a une qui est relative aux diplômes à présenter et aux attestations professionnelles « article 533 du code CIMA ».

Comme on le voit, le courtier doit être un professionnel des assurances pour pouvoir assurer pleinement son rôle de conseil auprès des assurés.

Il doit aussi justifier d’une garantie financière auprès d’une banque ou d‘une société d’assurance car, il peut arriver que le courtier encaisse les primes pour le compte des assureurs. « Article 541 du code CIMA ».

T-P : Que fait un courtier d’assurance ?

Mme V.D.E. : Le courtier d’assurance avons-nous dit, est une personne physique ou morale qui doit avoir la qualité de commerçant et être habilité à présenter des opérations d’assurance.

L’article 500 du code des assurances considère la présentation d’une opération d’assurance comme « le fait pour toute personne physique ou morale, de solliciter ou de recueillir la souscription d’un contrat d’assurance, ou l’adhésion à un tel contrat, ou d’exposer oralement ou par écrit à un souscripteur, adhérent éventuel en vue de cette souscription, les conditions de garantie d’un tel contrat ».

Pour faire plus simple, je dirai que la présentation des opérations d’assurance consisterait pour « madame TCHILALO » ou la société « Egnagnoin » de vendre des produits d’assurance donnés à un public cible, le persuader d’acheter ce produit d’assurance, de mettre en place le contrat et lui faire payer la prime.

En réalité, selon cette même définition, le courtier d’assurance ne doit pas se contenter uniquement de présenter les opérations d’assurance à son public cible. « Il a également l’obligation de conseiller les assurés pour la mise en place de ces contrats, qu’il négocie librement avec les entreprises d’assurance de son choix et enfin, il assiste les assurés dont il est le plus souvent mandataire pour l’exécution des contrats et le règlement des sinistres ».

T-P : Quelle est l’obligation de conseil du courtier d’assurance ?

Mme V.D.E. : C’est la raison pour laquelle le législateur a exigé du courtier d’assurance des conditions de capacité professionnelle pour l’obtention de l’agrément car, il doit pouvoir conseiller les assurés quant au choix des garanties à souscrire pour les protéger efficacement et judicieusement contre les risques inhérents à leurs activités, à leur profession et leur mode de vie.

Le courtier d’assurance c’est celui qui vous propose un contrat d’assurance sur mesure. Pourquoi ?

Tout simplement parce qu’avant la mise en place de tout contrat d’assurance, un travail en amont se fait.

Il consiste à identifier vos besoins en assurance, en fonction de la spécificité de votre activité professionnelle d’une part et d’autre part à déterminer les garanties d’assurance disponibles sur le marché pour couvrir adéquatement vos besoins particuliers en assurance.

Car s’assurer, c’est déjà bien mais être bien assuré c’est encore mieux.

Prenons un exemple. Vous venez de vous acheter une belle voiture à 17.000.000 F CFA.

Vous vous rendez au comptoir d’une compagnie d’assurance de la place pour prendre une couverture d’assurance complète car vous tenez à votrevoiture toute neuve.

Au comptoir de la compagnie d’assurance, l’employé de l’assureur au regard impénétrable vous propose la garantie « tous risques »

Vous la prenez, vous payez la prime et partez le contrat sous le bras.

Sauf que, ce dernier a oublié de vous dire que dans cette garantie « tous risques », vous n’êtes pas couvert ni pour le vol simple, ou avec braquage, ni pour l’incendie. C’est normal, ce n’est pas son rôle et il y a d’autres clients qui attendent.

Malheureusement, quelques jours après la souscription de votre contrat, vous vous faites braquer par des voleurs.

Dieu merci, vous venez de vous assurer, vous vous dites ; tout va bien alors, l’assureur va vous indemniser surtout que vous avez acheté la garantie « Tous Risques ».

Vous retournez donc chez l’assureur pour lui déclarer le sinistre et ce dernier vous dit que le vol braquage est exclu de la garantie que vous aviez prise et qu’il est au regret de ne pouvoir vous indemniser.

Le ciel s’écroule sur votre tête, surtout que vous êtes certains d’avoir pris la bonne couverture.

Eh oui, les assureurs sur le marché vendent deux sortes d’assurance tous risques.

La « Tous risques » avec les garanties vol simple, vol braquage et incendie incluses et une seconde assurance tous risques qui elle ne couvre ni le vol simple, ni le vol braquage et l’incendie mais uniquement tous les dommages subis par votre véhicule en cas d’accident de la circulation.

La terminologie des différents produits d’assurance vendus par les assureurs sur le marché recouvrent des réalités complexes le plus souvent difficiles à appréhender pour les profanes que sont les assurés.

Si vous étiez passés par un courtier pour vous assurer, vous n’auriez pas eu ce désagrément. Il aurait pris son temps pour vous expliquer le contenu de la garantie que vous aviez souscrite et ce à quoi vous devriez vous attendre de l’assureur en cas de sinistre.

En définitive, le courtier d’assurance vous explique les clauses du contrat d’assurance que vous aviez souscrit pour vous permettre de vous engager en connaissance de cause avec l’assureur.

« Le courtier d’assurance est libre de négocier avec les entreprises d’assurance de son choix, pour la mise au point des contrats d’assurance ».

T-P: Qu’est-ce que cette liberté de négociation du courtier d’assurance avec les assureurs du marché pour la mise au point du contrat implique-elle ?

Mme V.D.E. : Le courtier d’assurance ne dépend d’aucun assureur du marché, il n’existe aucun lien de subordination entre un courtier d’assurance et une compagnie d’assurance.

Le courtier d’assurance travaille avec toutes les compagnies d’assurance du marché.

La décision du courtier d’assurance de retenir un assureur pour négocier les clauses du contrat et éventuellement placer le risque chez lui obéït à des critères bien définis :

  1. La solvabilité de l’assureur : le courtier d’assurance doit travailler avec les assureurs les plus solvables du marché, c’est–à-dire ceux qui peuvent indemniser en cas de sinistre les victimes et les assurés.
  1. Le contenu des clauses du contrat, l’étendue des garanties et le prix proposé.
  2. Le délai de règlement des sinistres.

C’est cette indépendance du courtier d’assurance qui lui permet lorsqu’il veut assurer un risque déterminé :

  • De consulter tous les assureurs du marché
  • De recueillir les différentes propositions faites par tous ces assureurs
  • De faire une étude comparative de ces différentes propositions en analysant correctement le contenu de chaque proposition ainsi que la prime demandée, par chaque assureur pour couvrir le risque.

Cette étape de l’analyse du contenu des propositions d’assurance est primordiale, car l’assurance ne couvre jamais tout.

Il existe toujours :

  • Des exclusions de garantie
  • Des franchises

En effet dans tout contrat d’assurance, certains événements ou dommages, ne sont jamais couverts (exclusions absolues) d’autres le sont moyennant le paiement d’une surprime (exclusions relatives ou rachetables) et enfin certains ne sont couverts seulement qu’à hauteur d’un certain montant (plafond de l’indemnité), ou bien doivent dépasser un certain montant avant que l’assureur n’intervienne pour l’indemnisation (franchise).

Les assurés ne maîtrisent pas toutes ces clauses d’assurance et c’est au courtier d’assurance à qui incombe la responsabilité de leur en expliciter le contenu.

Le courtier d’assurance assiste les assurés dont il est le mandataire pour l’exécution du contrat et le règlement des sinistres.

T-P : Comment le courtier d’assurance aide – il à l’exécution des contrats ?

Mme V.D.E. : C’est le courtier d’assurance qui doit sans cesse rappeler à l’assuré les différentes obligations dont l’inexécution peut entrainer la nullité du contrat ou un refus du payement des sinistres par l’assureur.

Faits graves qui constituent une menace pour la pérennité de l’activité exercée par l’assuré ou pour la sauvegarde de son patrimoine.

En quoi consiste réellement l’assistance du courtier d’assurance pour le règlement des sinistres

Mme V.D.E. : Cette étape du règlement du sinistre est délicate et la présence du courtier à ce niveau est indispensable.

Le courtier compétent, c’est celui qui est un technicien d’assurance qui connaît très bien son client ainsi que les activités qu’il exerce et enfin maîtrise parfaitement les clauses des différents contrats qu’il lui a fait souscrire.

La première démarche à faire par un courtier d’assurance lorsque son client lui déclare un sinistre, c’est d’aller sur les lieux du sinistre pour constater les faits, surtout si selon les informations fournies par son client, ce sinistre semble avoir une grande ampleur.

Une fois sur les lieux, il pourra conseiller son client quant aux mesures urgentes à prendre pour ne pas aggraver les conséquences du sinistre. La plupart des contrats d’assurance énumèrent les formalités que doit accomplir l’assuré victime d’un sinistre, les délais qui lui sont impartis pour le faire, ainsi que les sanctions qui lui sont applicables s’il ne respecte pas ses obligations contractuelles.

Il appartient donc au courtier de le lui rappeler et de l’aider à constituer le dossier de réclamation correctement en vérifiant si tous les documents exigés par l’assureur y figurent à le transmettre à l’assureur dans le délai stipulé au contrat.

Par ailleurs, même lorsque le sinistre s’avère de moindre importance, une visite de reconnaissance peut être utile.

D’abord elle montre à l’assuré que le courtier s’intéresse à son sort, ce qui ne peut que renforcer la confiance du client placée en lui.

Ensuite, elle permet au courtier de vérifier l’exactitude des déclarations de son client. Elle donne l’impression générale sur le sinistre, ses causes, ses circonstances et l’étendue des dommages.

Enfin, c’est l’occasion pour le courtier d’assurance de vérifier le risque notamment si celui –ci a été déclaré correctement ou non par son client, d’envisager déjà les modifications ou adaptations de garanties à faire pour une protection plus efficace des biens de son client.

Après cette étape de la déclaration et du dépôt de ce dossier sinistre, le courtier d’assurance fait le suivi de ce dossier auprès de l’assureur concerné et doit périodiquement faire le point à son client sur l’état d’avancement du dossier.

L’assurance est une profession où généralement les gens sont « fâchés avec les délais ».

En effet, les délais de réponse sont interminables quant aux demandes :

  • de prise en charge du sinistre
  • de la transmission du rapport d’expertise
  • de la proposition de règlement
  • des différentes interrogations de l’assuré relatives à l’interprétation des clauses du contrat par l’assureur.

Le coutier d’assurance doit par conséquent relancer, relancer et relancer encore l’assureur.

Enfin, une fois le règlement obtenu, le courtier doit encore vérifier si les clauses du contrat ont été bien appliquées et que l’indemnité payée par l’assureur est celle due à l’assuré conformément aux clauses du contrat.

Si la raison d’être de l’assureur est de payer les sinistres, le rôle du courtier est d’assister son client à obtenir une réparation juste après un sinistre et c’est la meilleure publicité qu’il puisse se faire en y arrivant.

T-P : Quelles relations existent-ils entre un courtier d’assurance et son client ?

V.D.E. : Ce n’est pas pour rien que nous courtier d’assurance, nous nous faisons aussi appeler « assureur conseil »

D’abord, c’est pour montrer à nos clients que nous sommes des assureurs de formations et techniciens de l’assurance au même titre que les assureurs traditionnels et que face :

  • à la complexité des techniques d’assurance,
  • des problèmes juridiques découlant de l’application des clauses du contrat,
  • de la multiplicité des produits d’assurance vendus et des réseaux de distribution de ces produits, nous sommes les seuls capables de les conseiller et de défendre leurs intérêts face aux différents acteurs du marché d’assurance.

Ensuite, pour nous démarquer des autres acteurs du marché qui sont plus ou moins des vassaux des assureurs, comme :

  • les agents généraux des compagnies d’assurance
  • les apporteurs libres
  • les membres du personnel des compagnies d’assurance
  • les bancassureurs qui vendent des produits d’assurance de différentes compagnies du marché mais qui en cas de sinistre laissent le plus souvent l’assuré totalement au dépourvu seul face à la toute-puissance de l’assureur.

T-P : Mais qu’est ce qui concrétise cette relation ou ce lien entre le courtier d’assurance et son client ?

Mme V.D.E. : C’est le mandat

L’assuré donne un mandat au courtier d’assurance qui devient ainsi son mandataire, le pouvoir de lui trouver une solution d’assurance adaptée à ses besoins auprès de la compagnie d’assurance solvable la mieux indiquée.

Cette parfaite adaptabilité de la solution d’assurance aux besoins de l’assuré que doit en permanence rechercher le courtier constitue une responsabilité importante à telle enseigne que le législateur a exigé du courtier la souscription d’une assurance de responsabilité professionnelle.

En effet, l’assuré peut poursuivre le courtier d’assurance son mandataire lorsqu’il estime qu’il a failli à son obligation de conseil et que cette défaillance lui a été préjudiciable.

Aucune obligation de ce genre ne pèse sur l’agent général d’une compagnie d’assurance qui ne vend d’ailleurs que les produits d’assurance de cette compagnie d’assurance qui n’engage pas sa propre responsabilité mais celle de la compagnie d’assurance pour le compte de laquelle il est mandataire car l’agent général est toujours mandataire d’une compagnie d’assurance donnée.

A l’instar du médecin qui veille sur votre santé, du banquier qui vous prête de l’argent pour financer vos projets, le courtier est celui qui veille sur votre patrimoine, il en est le gardien, car il est le seul capable de vous dire comment vous assurer et chez qui vous assurer pour qu’en cas de sinistre l’indemnité payée par l’assureur suffise à reconstituer votre patrimoine.

Avec nos amis assureurs, c’est des relations à la « Je t’aime moi non plus ».

T-P : Éclairez-nous donc sur les relations entre courtiers et assureurs 

Mme V.D.E : En 1997, quand j’avais commencé à exercer ma profession de courtier au cabinet d’assurance conseil, CAREAS International, une ambiance exécrable régnait entre assureurs et courtiers.

Quels étaient les principaux griefs des assureurs contre nous les courtiers ?

C’était d’une part de : « casser les prix » et d’autre part de vouloir toujours nous « greffer sur les clients déjà en portefeuille de la compagnie d’assurance ».

« Casser les Prix »

En fait, les assureurs nous reprochaient tout simplement de faire notre travail. C’est – à dire faire, jouer pleinement la concurrence au profit de nos clients par le biais de la consultation de tout le marché dans le cadre de la cotation des risques.

Or, obtenir pour nos clients ou mandants la meilleure garantie au coût juste, constitue l’essence de notre rôle de courtier.

Par conséquent, les assureurs ne peuvent pas nous empêcher nous les courtiers de faire notre travail.

« Se greffer sur les affaires déjà en portefeuille des assureurs ».

Les assureurs ont tendance à considérer les clients qui ont placé directement leurs risques dans leur compagnie sans passer par les courtiers comme leur « propriété privée » et ces clients font l’objet de mille attentions de la part de ces assureurs.

Interdiction pour nous les courtiers de les prospecter, comme si ces clients privilégiés n’avaient pas besoin eux aussi de l’expertise d’un assureur conseil pour la gestion de leurs risques.

D’ailleurs, lorsqu’un sinistre survient, les choses se gâtent très vite entre ces clients en direct et leurs assureurs.

Il arrive cependant que certains de ces clients privilégiés ayant pris conscience du rôle que peut jouer le courtier et de la valeur ajoutée qu’il va nécessairement apporter à la gestion de ses risques, lui donne un mandat de gestion et de placement, c’est la « croix et la bannière » pour ce courtier d’accéder au dossier d’assurance de son client chez l’assureur.

L’argument le plus souvent utilisé par les assureurs, pour dissuader les assurés surtout les chefs d’entreprise de ne pas passer par les courtiers pour s’assurer est que : « quand on passe par un courtier, la prime est plus chère ». Or, il est constant que la rémunération du courtier est déjà incorporée dans la prime d’assurance.

Beaucoup de chef d’entreprise étaient sensibles à cet argument surtout ceux dont le niveau de prime était élevé, soucieux qu’ils étaient de réduire les charges de l’entreprise.

Opter pour la réduction des charges, en se passant des services d’un assureur conseil peut s’avérer à la longue dangereux pour plusieurs raisons :

La principale raison est que l’adéquation entre les garanties d’assurance souscrites et les besoins de l’entreprise risque de ne pas s’opérer en l’absence de tout assureur conseil pour procéder à l’identification des besoins en assurance, au recensement des risques menaçant les activités de l’entreprise et à la recherche sur le marché des garanties adaptées à la couverture de ces risques.

Souvent, ce n’est qu’après la survenance du sinistre et le refus de sa prise en charge par l’assureur que le chef d’entreprise se rend compte des découverts ou trous de garantie que comportent sa couverture.

Certes en raison des relations privilégiées qu’il entretient avec son assureur, ce dernier consentira peut être à lui faire un geste commercial mais ne lui payera jamais l’intégralité des dommages qu’il a subis.

Or, une indemnité insuffisante ne lui permettra pas de remplacer son matériel de production détruit et de redémarrer ainsi ses activités.

Je ne dis pas qu’avec un courtier d’assurance, tous les sinistres qui surviennent sont toujours pris en charge par l’assureur, puisqu’en assurance, il y a toujours des exclusions de risques et le plus souvent, l’assureur ne couvre que les risques dont il peut mesurer la fréquence et l’amplitude.

Mais si le chef d’entreprise avait pris un courtier, il lui aurait fait connaitre le contenu de ces clauses et ensemble ils auraient pris des mesures pour les gérer ; soit opter pour les racheter à l’assureur ou bien prévoir une rétention et trouver les moyens de la financer.

En plus, le courtier allait se charger de toutes les démarches et formalités auprès de l’assureur pour la constitution et le suivi du dossier sinistre jusqu’au paiement de l’indemnité.

Passer par un courtier d’assurance pour vous assurer, ne revient pas plus cher mais au contraire vous permet d’économiser du temps et de l’argent.

T-P : Et qui paie donc le courtier d’assurance pour le rôle de conseil qu’il joue auprès de ses clients ?

Mme VDE: La commission a toujours été le mode de rémunération historique du courtier et reste encore aujourd’hui la rémunération dominante dans la profession.

Qui paie au courtier sa commission ?

C’est l’assureur, car c’est à l’assureur chez qui il place le risque de son client qu’il apporte des affaires.

Le taux de commission varie en fonction des branches d’assurance.

Mais parfois il arrive que le courtier se fasse payer par son client lorsque ce dernier lui demande un travail ponctuel.

Par exemple dans le cadre d’un audit du portefeuille d’assurance ou de la rédaction des cahiers de charge pour un appel d’offre.

En ce moment, le courtier ne perçoit plus des commissions mais des honoraires.

La commission versée par l’assureur au courtier est prélevée sur la prime d’assurance payée par son client ; ce qui suppose que passer par un courtier revient à payer une prime plus élevée puisque l’assureur va répercuter sur cette prime le coût de la commission à payer au courtier ?

Mais c’est totalement Faux.

En effet, dans les 100 F de prime que vous payez à l’assureur lorsque vous souscrivez un contrat, il y a d’abord :

  • une partie qui est affectée aux frais d’acquisition des contrats,
  • une deuxième partie aux frais de gestion du contrat,
  • et une troisième partie au coût du risque pur (prime pure)

C’est dans ces frais d’acquisition que l’assureur puise pour rémunérer le réseau de distribution de ses contrats : apporteurs libres, agents généraux, courtiers d’assurance, bancassureurs.

 Que vous passiez par un courtier d’assurance ou que vous alliez directement chez l’assureur pour souscrire une assurance, vous payerez toujours le même montant de prime.

Mais en direct avec les assureurs, vous ne profitez ni des conseils, ni de l’assistance du courtier et c’est l’assureur qui va réaliser une économie au niveau de ses frais d’acquisition.

Actuellement chez nos amis assureurs, fort heureusement, les mentalités ont beaucoup évolué.

Les assureurs ne considèrent plus systématiquement le courtier comme un rival, au cœur de sa relation commerciale avec le client, mais plutôt comme un partenaire.

L’assureur tout comme le courtier d’assurance considère l’assuré comme étant son client dans le cadre du placement du risque. Ce qui est vrai.

Cependant, le courtier de par son statut a une vision et une connaissance plus globale des risques de l’assuré que l’assureur.

Ce dernier n’a en effet, qu’une vision partielle du risque et c’est la partie qu’il assure.

C’est donc normal que le client accorde beaucoup plus sa confiance au courtier d’assurance qu’à l’assureur.

Le monde change et avec ce changement, les besoins en assurance de la population ne cessent d’évoluer.

C’est la raison pour laquelle les contrats d’assurance doivent également être repensés.

Le courtier d’assurance qui est proche de la population, qui connait les besoins spécifiques de certaines catégories de la population doit être pour l’assureur un interlocuteur indispensable pour innover et créer d’autre produits d’assurance.

C’est vrai, maintenant les assureurs nous invitent de plus en plus régulièrement, nous les courtiers à leurs séances de lancement de nouveaux produits d’assurance.

Mais ces nouveaux produits, correspondent ils vraiment aux besoins des assurés ?

Dans sa nouvelle relation de partenariat avec les assureurs, il appartient au courtier de faire remonter à ces derniers les questionnements de ses clients quant aux produits d’assurance vendus et leurs nouveaux besoins en assurance face aux risques qui les menacent dans leur vie et dans l’exercice de leurs activités professionnelles pour qu’ils en tiennent compte dans la conception de nouveaux produits.

Par ailleurs, actuellement on constate également sur le marché la tendance de certains assureurs à déléguer la gestion des sinistres à certains grands courtiers de la place, surtout dans la branche d’assurance maladie.

Soucieux de réduire le coût de gestion de ces sinistres, d’une part et d’autre part raccourcir les délais de règlement de ces sinistres et améliorer ainsi leur image auprès des assurés et bénéficiaires des contrats d’assurance.

Mais le courtier plus que tout autre acteur du marché d’assurance, doit se démarquer par son professionnalisme, son indépendance et une nouvelle stratégie de proximité. (Visite périodique à la clientèle, compte rendu périodiquement de suivi et de gestion des contrats aux décideurs, audit du portefeuille).

Pour faire comprendre à ses clients l’importance de l’assurance car, le taux de pénétration de l’assurance dans la population est encore faible.

En 2007, je suis allée prospecter une brave commerçante du marché de Lomé pour qu’elle assure ses marchandises et elle m’a fait une réponse surprenante « Ecoutez Madame, c’est Dieu qui est mon assureur ».

C’est vrai puisque nous sommes nombreux à le prier chaque jour pour qu’il ne nous arrive aucun malheur.

Sauf que  nous sommes plus de 7 milliards d’individus sur la terre et Dieu a ses propres priorités. Il choisit qui il veut sauver et protège qui il veut.

En fonction de quoi nous ne le savons pas. Si on le savait, on serait Dieu. Mais en attendant, que faire ? S’assurer.

Lorsque vous achetez un nouveau véhicule, vous finissez de construire votre maison, vous créez une entreprise, ayez le réflexe de passer chez un courtier d’assurance pour assurer vos biens et vous assurez vous-même contre la maladie, les accidents et le décès.

L’assurance, par la protection et la sécurité qu’elle offre aux assurés, joue un rôle socio-économique indéniable et nous les courtiers d’assurance devrons être à l’avant-garde pour cette sensibilisation de la population, afin que les mentalités changent et que nous devenions plus visibles.

Interview accordée par

Mme EKUE Dadoh Viviane

Directrice Technique & Commerciale de CAREAS International,

Cadre d’Assurance

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